La récente mission du Fonds monétaire international (Fmi) au Bénin a été pour Constant Lonkeng et sa délégation, l’occasion d’évaluer l’évolution récente de l’économie béninoise. A l’issue de son séjour, la délégation a reconnu et salué les efforts du Bénin en vue de la maîtrise de l’inflation.
La quasi-totalité des pays du monde sont frappés par les effets de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Cette crise a sensiblement déséquilibré l’économie mondiale avec à la clef, une augmentation exponentielle du prix du fret maritime. Du coup de nombreux produits, y compris ceux de grande consommation ont connu une hausse vertigineuse de prix. Le gouvernement du Bénin a pris la mesure de la situation en aménageant une batterie de mesures pour juguler cette flambée qui a sensiblement affecté le pouvoir d’achat des populations. Les différentes mesures prises pour faire face à cette situation exogène, sont évaluées à plus de 100 milliards de Fcfa. Lors de la mission qu’elle a effectuée à Cotonou du 19 au 23 septembre 2022, une équipe du Fmi s’est employée à apprécier la portée des mesures prises par le gouvernement du Bénin et leur impact sur l’économie nationale. Elle en a conclu que les signaux sont au vert et que « les acquis du Bénin en matière de gestion des finances publiques offrent une marge de manœuvre indispensable pour faire face à un environnement économique mondial très incertain. ». De la déclaration de Constant Lonkeng, chef de la délégation, au terme de la mission, on retient ce qui suit : « Bien que l’incertitude reste élevée, la reprise économique est en cours, soutenue par un rebond de l’agriculture et une expansion continue de l’activité portuaire, bien qu’à un rythme moins élevé qu’avant la guerre en Ukraine. L’inflation est plus basse qu’anticipée du fait qu’une bonne saison agricole et la mise en place des mesures de soutien aux populations par le gouvernement à la suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont partiellement compensé les pressions exercées par les prix des denrées alimentaires importées. Néanmoins, la hausse soutenue des prix de certains produits de consommation essentiels pour les ménages vulnérables exacerbe les risques d’insécurité alimentaire. Dans ce contexte, la mission a réitéré la nécessité de s’orienter vers des mesures plus ciblées et efficientes dans la riposte nationale aux effets de la guerre en Ukraine. ». Cette déclaration sonne comme une reconnaissance des efforts du Bénin par l’institution de Breton Woods.
Le risque d’insécurité alimentaire écarté
Pour ce qui est des recommandations de la mission du Fmi relativement aux produits de consommation essentiels et face à la menace d’insécurité alimentaire, le Bénin a déjà pris ses dispositions. Sur ce registre, on peut citer la loi n°2022-14 portant orientation agricole, sécurité alimentaire et nutritionnelle en république du Bénin votée par l’Assemblée nationale le 21 juin 2022. Cette loi vise à renforcer la production agricole à travers l’intensification des produits agricoles. Elle constitue une réponse à l’insécurité alimentaire, et se veut une barrière à la faim. Avec l’adoption de cette loi, le Bénin prend en main son destin au regard de la conjoncture économique mondiale avec son lot de bouleversement sur la stabilité des économies nationales et des moyens de production. En prenant l’initiative d’une telle loi, le gouvernement entend assurer la sécurité alimentaire aux populations. Le débat sur cette thématique a plus que jamais été d’actualité ces derniers avec la cherté de la vie. En dépit de la batterie de mesures prises et des efforts du gouvernement, une frange de la population peine à s’assurer trois repas par jour. A cette situation, s’est greffée la cherté des intrants, ce qui a conduit le gouvernement à subventionner le produit pour éviter l’échec de la campagne agricole en cours. Ce qui inéluctablement allait provoquer une insécurité alimentaire dans le pays. Face à toutes ces menaces, le gouvernement a dû prendre le taureau par les cornes. Au grand bonheur des producteurs et des populations, le Bénin dispose désormais d’un arsenal juridique qui vient assurer la sécurité alimentaire tout en renforçant la consommation locale. En somme, on peut dire que le Bénin est en phase avec le Fmi quant à l’approche à avoir vis-à-vis de cette question essentielle.
Gabin Goubiyi