Seulement dix mois après leur mise ensemble, l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) et le Bloc républicain (Br) ne filent plus le parfait amour. Hier, mercredi 17 août 2022, le parti présidé par Claudine Prudencio a rompu les amarres avec la 2ème plus grande formation politique du Bénin. Dans une interview qu’il a accordée au journal « Le Matinal », Jules Léandre Kiti, responsable à la communication et porte-parole de l’Udbn, lève un coin de voile sur les raisons de cette suspension de collaboration qui défraie la chronique. Lire ses propos.
Le Matinal : Depuis quelques heures, il est fait état d’un clash entre votre parti l’Udbn et le Bloc républicain après seulement 10 mois de collaboration. Qu’en est-il réellement ?
Jules Léandre Kiti : Je peux vous confirmer que les instances dirigeantes de l’Udbn, sur la base des rapports que des coordonnateurs départementaux ont envoyés dans beaucoup de régions, ensuite avec l’avis favorable des premières instances dirigeantes du bureau politique, ont dû prendre leurs responsabilités. Le Comité de suivi a adressé une lettre au Secrétariat général national du Bloc républicain pour lui notifier la suspension jusqu’à nouvel ordre de la collaboration de l’Udbn avec les structures et leaders du Bloc républicain dans le cadre de l’accord parce que les militants ne se sentent pas considérés et ne sentent pas associés. Les clauses de l’accord dans la grande partie, ne sont pas en train d’être respectées. C’est ce qui a déterminé la suspension de la collaboration.
Quelles sont les implications de cette suspension de collaboration ? Doit-on y comprendre que l’Udbn ne fait plus partie dès cet instant du Bloc républicain ?
Vous savez, l’accord de mise ensemble prévoyait que les militants des deux formations politiques soient ensemble. Donc, la mesure notifiée au Secrétaire général du Bloc républicain dit clairement ceci : « Nous suspendons toute participation, toute collaboration dans le cadre de cet accord ». C’est si simple que ça. Mais après, qu’est-ce qui va se passer ; je ne sais pas encore. Vous comprenez que c’est logique que si vous êtes dans un accord avec un autre parti et que vous avez le sentiment que les choses ne sont pas appliquées, est-ce que vous continuez à donner l’impression de participer, d’être du groupe et tout ça ? Vous suspendez la collaboration. Les conséquences de la collaboration au plan politique, juridique le reste, c’est un autre débat, et puis les instances dirigeantes vont pouvoir se pencher sur ça aussi. Mais ce qui est vrai, c’est que cette notification a été faite aujourd’hui (mercredi 17 août 2022 Ndlr), au Secrétariat général national par le biais du secrétariat administratif permanent et par voie d’huissier.
Il se murmure dans l’opinion que vous sortez du Br pour aller à l’Up. Est-ce vrai ?
Non, je ne vous confirme rien de tout ça. C’est des rumeurs. A l’heure où je vous parle, en ma qualité, responsable à la communication et porte-parole du parti, je pus vous affirmer qu’on est responsable. On ne peut pas vous dire qu’on est en négociation avec telle ou telle personne alors que ce n’est pas le cas. Maintenant, ce qui va se passer après, on ne peut pas le savoir.
On apprend que le parti n’aurait pas été associé aux tractations pour les positionnements dans le cadre des prochaines élections législatives. N’est-ce pas là ce qui justifie votre posture actuelle ?
Je vous ai dit les raisons, l’essentiel, les clauses de l’accord, notamment en terme d’intégration des militants et leaders de l’Udbn dans les instances spécifiques du Br. L’implication des membres des militants Udbn dans les activités du Br n’est pas effective. Et donc, que les membres du Br et ceux de l’Udbn se retrouvent membres du Br à part entière avec tout ce que cela implique, on a fait le point. Il y a eu des relances d’abord par rapport à ça, et il y a eu des rapports qui sont venus du terrain. C’est ça la grande masse, c’est surtout la base. Après, on a le positionnement pour les élections, les listes ne sont pas encore sorties.
Est-ce qu’on peut avoir une idée de ces clauses ou accords qui n’auraient pas été respectés par le Bloc républicain ?
Non, je pense que je vous ai cité les raisons évoquées par les militants à la base. Ces raisons-là, leurs satisfactions étaient dans les clauses. Je ne reviens pas ici sur tout ce qu’il y a comme clauses dans l’accord. Pour moi, les raisons évoquées sont remontées au comité de suivi et au bureau politique par les militants à travers leurs collaborateurs dans l’Udbn qui se sentent rejetés du fait de ne pas être associés réellement. Ils ne sont pas intégrés aux structures. Mais je vous dis que c’était dans les clauses. Or, notre collaboration fera bientôt un an. Le comité de suivi a passé tout le temps à calmer la colère des militants à un moment donné, quand vous êtes membres d’une famille politique si vous refusez d’écouter la grande masse que constituent les militants à la base, vous n’êtes plus leader. Je vous dis qu’il y a une décision de suspension de toute collaboration avec le Br dans le cadre de cet accord. L’essentiel à retenir, c’est une décision de suspension de toute collaboration parce que les militants dans leur grande majorité sont déçus de la mise en œuvre de l’accord. Ils ne se sentent pas acceptés, intégrés, ne sont pas associés aux activités importantes dans les coordinations du Br et on fait déposer des rapports que le comité de suivi a analysés pour relancer plusieurs fois le Br. Maintenant, avec l’avis favorable du bureau politique, nous avons pris la décision dans l’intérêt de la grande masse de suspendre la collaboration. Ça veut dire qu’au moins la suspension de la collaboration fait que les militants Udbn ne se sentiront plus frustrés puisqu’ils savent que les autres ne sont plus obligés de les appeler.
Propos recueillis par G. G.