Malheureux de le constater, triste de voir le citoyen béninois subit la corruption psychologique à l’ère de la réforme du système partisan. La suspension de la collaboration entre le parti Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) considéré dans les faits et non en droit dissout et le Bloc républicain (Br) vient confirmer que la mise ensemble n’était qu’une manière déguisée d’application de la Charte des partis politiques qui interdit les alliances de partis.
La mise ensemble du parti Bloc républicain (Br) avec l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) en octobre 2021 est sans ambages un contournement juridique de la Charte des partis politiques. En effet, le contournement indique que l’on opte pour une voie qui n’est ni la transgression pure et simple ni le respect sincère de la loi, mais une ruse pour éviter de tomber dans le champ d’application de la loi. Dans le cas de l’Udbn, un pseudo-congrès a été tenu pour marquer une sorte de dissolution du parti. Mais aucun acte juridique ne l’a prouvé. Ce qui va sans dire que le parti malgré sa mise ensemble avec le Br a existé. D’ailleurs, ce n’était pas anodin quand la présidente Claudine Prudencio déclarait sur l’émission « L’Entretien » d’Eden Tv du dimanche 13 mars 2022 : « L’Udbn n’a pas disparu dans le Br. Les membres Udbn sont là, et le courant Udbn doit toujours exister dans le Br ». Des propos qui ont fait valser l’opinion publique, mais compris aujourd’hui avec la suspension de la collaboration. En principe, selon les explications du député Assan Séidou sur Canal 3 en novembre 2021, ce sont les membres du parti qui doivent adhérer au Br et non le parti. Avec la pause demandée dans la collaboration, on se rend paradoxalement compte qu’aucune démarche n’a été faite par les membres de l’Udbn. N’eut été les guerres de positionnement, le Béninois allait rester dans ce flou ineffable et subir le dupe.
Le mot juste a joué des tours
L’expression « mise ensemble » a été l’alibi parfait pour sceller l’alliance interdite par la loi. Les deux partis politiques avaient eu même un problème de mot juste pour se trouver en face d’un autre problème. Le mot juste emporte-t-il la justesse du comportement et de la pensée ? « Ce qui s’est passé dans les négociations, ce n’était pas simple, mais c’était long et c’était vraiment intéressant. Il faut qu’on puisse se mettre sur des points d’accord. D’ailleurs, au nombre des points d’accord, les expressions. Entre partis politiques, on cherche souvent les expressions pour ne pas mettre mal à l’aise les militants d’un côté. Donc, la question de est-ce que c’est une fusion ? Est-ce que c c’est une adhésion ? Nous-mêmes on a analysé la chose. Vous savez que la plupart des actes que nous posons, nous nous inspirons d’un autre droit pour vouloir l’adapter en politique. La fusion, c’est dans le droit des sociétés que cela s’explique au mieux. On dit vous devez fusionner. Cela veut dire que vous vous mettez ensemble pour créer quelque chose de nouveau », a-t-il expliqué avant de continuer : « Ce que nous voulions faire n’était pas ça. Quelle que soit la forme de fusion qu’on utilise, puisqu’il y a des fusions-absorptions, on ne va pas se mettre à écrire toute une littérature pour trouver le mot qui doit caractériser ce que nous voulons faire. Donc, on a évité le mot fusion comme mode opératoire ici, parce que la fusion a aussi des contraintes d’aller au congrès. Vous avez vu l’Udbn a été obligé d’aller au congrès. Mais pour réunir le congrès du Bloc républicain, ce n’est pas un jeu facile. Et cela va nous prendre beaucoup de temps. Ce que nous n’avions pas à faire dans la mesure où nous sommes dans une phase de mise en place de nos structures et si les gens entrent, il faut qu’ils puissent intégrer en ce moment précis pour pouvoir être plus efficaces. Le mot fusion a été intelligemment écarté. Aussi, on pourrait parler d’adhésion, mais dans nos textes et dans les textes des partis, l’adhésion est un acte individuel. On ne peut pas dire qu’un groupe a adhéré. Nous avons décrit le processus d’adhésion dans nos textes. » A analyser ces propos, les deux partis ont voulu jouer sur les mots pour éviter la loi. Or, le mot énoncé peut ne pas convenir à une situation. Il est parfois dangereux et peut entraîner des maux douloureux. Par un mot, tout peut être sauvé et par un mot, tout peut être perdu. Fusion, absorption, adhésion, ce sont des mots n’est-ce pas ? En réalité, un seul mot importe c’est : décision. Si un mot peut suffire, un mot peut faire souffrir. De toute évidence, le mot « chien » prononcé ne mord personne mais est susceptible d’engendrer mécontentement, bagarre et violence. L’Udbn et le Br sont aujourd’hui à cette phase que les autres qui se préparent s’en inspirent.
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