Le président Patrice Talon a réussi la prouesse de rassembler toute la classe politique autour de la célébration de la fête nationale. Cela augure de lendemains meilleurs pour le pays, si du moins, la cause reste ainsi entendue jusqu’en janvier 2023, mois des élections législatives.
Les présidents Yayi Boni et Nicéphore Soglo n’ont pas boudé le plaisir de contempler un merveilleux défilé organisé à l’intention du peuple béninois sur l’Avenue de La Marina lundi 1er août 2022. Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji, Valentin Aditi Houdé et tout le gratin de la classe politique béninoise étaient rassemblés autour de la célébration du 62ème anniversaire de l’accession du pays à la souveraineté internationale. Même la classe politique de l’opposition a répondu à l’appel du chef de l’Etat. Au sortir de la célébration, les avis, quoique unanimes pour saluer l’événement, restent partagés, que l’on soit de l’opposition ou de la mouvance. Constat normal après tout, il ne peut en être autrement dans toute bonne démocratie. L’un des enseignements à tirer, c’est la présence du parrain du parti « Les démocrates ». C’est un signe que les fruits ont tenu la promesse des fleurs issues des rencontres entre le président Talon et les anciens présidents. Sur ce plan, même si les présidents Soglo et Yayi Boni, n’ont daigné se confier à la presse à la fin des célébrations lundi dernier, les deux semblent plus enclins désormais à une attitude davantage favorable à l’égard de leur successeur. Ils semblent disposés à fumer le calumet de la paix. Certes, il reste des insatisfactions, quelques points d’ombre et d’autres petits détails politiques pour y arriver. Le président Nicéphore Soglo l’a souvent réitéré et fait plusieurs propositions dans le sens d’un dégel complet ces jours-ci. Il ne reste donc à espérer, toute forme de pessimisme mise à part, que le temps fasse son œuvre pour gommer définitivement ces goulots d’étranglement et divergences qui persistent. Le parti du président Yayi Boni semble quant à lui, plus partagé sur la suite à donner aux ouvertures qui se profilent.
Dialogue et hautement social
« Je lui ai dit, lorsqu’il m’a fait l’honneur de me saluer, que nous avons besoin de parler, de dialoguer pour que le pays avance », a déclaré Eric Houndété au micro des journalistes à la fin de la célébration lundi dernier. « J’espère qu’il répondra à notre appel. Nous espérons qu’il discutera avec nous », ajoute, un brin circonspect, le président du parti « Les démocrates ». Quant au président d’honneur de la Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), candidat à la dernière présidentielle, l’ancien ministre Alassane Soumanou Djimba, il a pour sa part, posé un diagnostic plus profond et critique. « Très souvent en Afrique, au lieu que les élections soient des occasions de fête, de réjouissances, elles entraînent des conflits, des querelles et même des divisions. L’opposition en Afrique rencontre beaucoup de difficultés. Il faudrait que nous nous comprenions. Nous sommes dans des démocraties de mandat. Quelqu’un vient, il a un temps pour travailler et après, il va partir. Je pense que les anciens chefs d’Etat acceptent de jouer leur rôle, d’après ce que j’ai vu, c’est une bonne chose », a-t-il déclaré. Après avoir salué l’œuvre du président Patrice Talon, Alassane Soumanou, interrogé par la presse après le défilé militaire, déplore le peu de social mis en œuvre par l’actuel régime. « Je suis conscient qu’à l’heure actuelle, le président que le Bénin mérite, c’est Patrice Talon. C’est un boss, c’est un manager. Si vous lui laissez le temps et si vous lui donnez les moyens, il va construire tout le Bénin. C’est un patron d’entreprise. Mais, il faut lui dire, et il faut qu’il comprenne que les yeux voient de belles choses, mais il y a le ventre qui dit mais qu’est-ce que vous m’envoyez ? », confie-t-il. Avant d’ajouter: « Nous attendons son résultat hautement social et en tant qu’opposants, nous souhaitons une opposition constructive. Moi, je suis opposant, c’est moi qu’ils ont battu aux élections. On vient au pouvoir par les élections et on échoue par les élections….Quand on m’a gagné, moi je suis demeuré opposant. Je dois gérer l’opposition. C’est une exigence. Il n’y a pas de démocratie entre mouvance et opposition. J’ai confiance en l’alternance. Ceux qui ont dit le contraire, ce sont eux qui vont faire les salamalecs ».
Wilfrid Noubadan