La célébration du 62ème anniversaire de l’indépendance du Bénin a été une occasion exceptionnelle qui a réuni les hommes politiques de toutes les obédiences sur le Boulevard de La Marina qui a abrité l’événement. Un moment tant rêvé qui traduit la grande ouverture du chef de l’Etat et qui sonne comme une preuve patente de ce que Patrice Talon déroule sereinement son agenda pour la décrispation de la tension politique. Le pari n’était pas gagné d’avance mais il a été tenu.
La célébration lundi 1er août 2022 du 62ème anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale, a projeté une image mémorable dont les Béninois se souviendront encore longtemps. Cette fête a en effet été une circonstance exceptionnelle qui a réuni sur un seul et même lieu, l’Avenue de La Marina, des hommes politiques de tout acabit. Patrice Talon a donné là une preuve de son ouverture relativement aux causes nationales. En invitant les partis de l’opposition dite radicale à l’instar de « Les démocrates », Patrice Talon a quelque peu brisé le mur de glace qui s’est installé entre ce parti et lui depuis quelques temps. Le temps de cette célébration, les hommes politiques qui ne n’entretenaient pas forcément des relations très courtoises, ont tu leurs querelles intestines pour communier ensemble autour de ce qui reste et demeure essentiel : l’honneur à la patrie. Ceci n’était pas évident au regard du caractère très tranché et incisif des discours. Des expressions parfois très triviales sont couramment utilisées pour peindre au vitriol la gouvernance du Chef de l’Etat. Les débats sur la gouvernance politique sont particulièrement violents et caractérisés par des diatribes qui projettent une mauvaise image du Bénin à l’étranger. Patrice Talon est pris à défaut et taxé par ses opposants d’avoir « caporalisé » l’espace politique et « prononcé le deuil de la démocratie ». Le péché mignon commis par le chantre du Nouveau départ est sa politique d’austérité qui tranche avec les anciennes méthodes de gouvernance caractérisées par la gabegie au sommet de l’Etat et l’impunité érigée en mode de conduite. Opérer des réformes qui marquent une rupture brutale avec ces pratiques très peu orthodoxes mais foncièrement ancrées dans les habitudes, ne peut qu’attirer des inimitiés et l’ire des résistants qui se la coulaient douce dans un environnement douillet. Du coup, tout ce qui est fait par le gouvernement, quoique guidé par la sauvegarde de l’intérêt est peint en noir. La classe politique dite de l’opposition fait endosser à Patrice Talon, l’emprisonnement des hommes et femmes qui ont maille à partir avec la justice pour avoir commis des actes répréhensibles et attentatoires à la République. Le chef de l’Etat est également pointé du doigt concernant certaines personnalités politiques qui se sont délibérément soustraites de la justice nationale pour répondre de certains griefs portés à leur encontre.
Une diversités d’approches qui pourrit le débat
Le débat sur la décrispation de la tension sociopolitique nationale polarise les débats. Entre Patrice Talon et ses détracteurs sur la question, la grille de lecture n’est pas la même. Et c’est justement cette diversité d’approche qui semble retarder les choses pour qui sait lire entre les signes et les lignes. A la faveur de la visite mercredi 27 juillet 2022 de son homologue français Emmanuel Macron au Bénin, le président Patrice Talon a partagé à la face du monde, sa gêne relativement à la mauvaise lecture que font ses détracteurs de la question des prétendus exilés et prisonniers politiques. « Vous avez l’impression que votre cause est juste, mais vous n’avez pas le droit d’utiliser des moyens délictuels, criminels pour la défendre. Or, c’est ce qui s’est passé au Bénin. Je conviens avec vous que ce sont des gens qui ont agi dans le champ politique. Mais les actes qui ont accompagné leurs revendications, si c’est toujours des actes délictuels, criminels, ces actes doivent être punis. C’est ce qui s’est passé. Mais, malheureusement chaque fois que la presse et la classe politique internationale ont l’occasion, elles posent la question de savoir « mais quand est-ce que vous allez les libérer ? », comme si les actes n’ont jamais été commis parce que malheureusement et bien souvent, on peut confondre un acte réellement commis par un acteur politique et une accusation politique. Ce qui s’est passé au Bénin, ce ne sont pas des accusations politiques. C’est réel. Donc je concède à chacun de croire ce qu’il veut. Donc libérer des gens qui ont commis des crimes ne relève pas pour moi de l’ouverture. Je peux vous le dire», a laissé entendre Patrice Talon en réponse à la question du journaliste Philippe Rikart du journal Le Monde.
Talon a son ‘’agenda’’ pour la décrispation
Quoique péremptoire et formel sur la question, Patrice Talon n’exclut pas la possibilité d’une ouverture. « C’est vrai, il se pourrait qu’à l’avenir, en mon temps ou après moi, que des actes de grâce ou d’amnistie soient pris à l’encontre de ces gens-là. Mais sur le principe de la question, je suis droit dans mes bottes et je voudrais que la dynamique en cours au Bénin continue pour rendre crédible notre pays parce que ce qui nous importe, c’est que ce pays soit un pays de droit, de liberté, de démocratie, de bonne gouvernance et cela c’est important», a nuancé Patrice Talon lors de la conférence de presse qu’il a conjointement animée avec Emmanuel Macron, le 27 juillet 2022. A lire ses propos, on se rend compte que le chef de l’Etat n’est pas hermétique sur la question relativement au sort des prisonniers politiques. La belle preuve est que quelques heures seulement après cette sortie médiatique, un lot de 30 prisonniers du parti « Les démocrates », taxés d’être des « détenus politiques » ont bénéficié d’une liberté sous contrôle judiciaire. Avant cette vague, certains détenus membres du même parti, ont été appelés à rejoindre leurs familles. Tout cela relève de la marque Talon qui, loin des pressions psychologies et du tintamarre des opposants, déroule sereinement son agenda pour la décrispation de la situation politique. Ce qui paralyse ou hypothèque l’aboutissement du processus tel que voulu par les acteurs de l’opposition, reste la mauvaise lecture qu’ils font de la situation en livrant pratiquement à la vindicte populaire, l’actuel locataire du palais de La Marina.
Gabin Goubiyi