Comme tout procès attendu, celui de l’ancienne ministre de la Microfinance de Yayi, Reckya Madougou, a tenu toutes ses promesses. Mais on retiendra surtout les déballages concernant les 70 millions de francs Cfa reçus par des députés proches du pouvoir, l’attitude peu compréhensible de l’avocat français de l’accusée, ainsi que le soutien tardif de son parti politique.
Après le réquisitoire du ministère public en la personne du Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, Mario Mètonou, les avocats de la défense dont Me Baparapé et Me Aballo ont plaidé pour la relaxe de leur client Ibrahim Mama Touré et Georges Saka. Prenant la parole, Me Nadine Sakponou affirme, quant à elle, qu’elle plaidera seulement juste pour que le monde entier puisse voir ce qu’est devenue la Justice béninoise. C’est l’enseignement de l’empereur Alexandre Le grand sur la richesse et le pouvoir qui a téléguidé sa plaidoirie. « Nous sommes venus, nous partirons », a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter que nous n’emporterons rien dans la tombe. Certainement déçue par l’issue du procès, elle estime que le monde entier a l’occasion de voir ce que la justice béninoise est devenue. Revenant sur l’affaire tentative d’empoisonnement qui a pollué les relations Talon-Yayi à l’époque, Nadine Sakponou présentera à la Cour l’ordonnance de non-lieu du juge Angelo Houssou et un extrait du livre « Je ne suis pas un héros ». Si la Cour respecte la jurisprudence de l’affaire, elle doit acquitter Reckya Madougou et ses co-accusés », ajoute l’avocate.
Rachidi Gbadamassi abondamment cité
Convoqué à la barre, Tidjani Bio Dramane, dans sa déposition, a fait savoir que 4 députés dont l’ancien maire de Parakou, Rachidi Gbadamassi auraient reçu une somme de 70 millions de francs Cfa de la part de Reckya Madougou. Selon le coordonnateur de la huitième circonscription électorale du parti « Les démocrates », des échanges ont eu lieu entre la candidate et certains députés, soutiens du président Patrice Talon. On retiendra aussi de sa déposition que les députés Rachidi Gbadamassi, Nazaire Sado, Ahmed Affo Obo et Sani Mama ont eu une rencontre à Lomé avec la présidente Reckya Madougou. Une première rencontre a eu lieu avec le député Ahmed Affo Obo qui a laissé entendre qu’ils sont au total 21 députés prêts à accorder leurs parrainages à la candidate Reckya Madougou et n’attendaient que sa candidature. Le 2 février, Reckya Madougou fut investie candidate de sa formation politique. Au moment où le parti se préparait à déposer les dossiers de candidature, précise Tidjani Bio Dramane, il aurait été joint par Rachidi Gbadamassi qui, après avoir félicité le coordonnateur de la 8è circonscription électorale pour le choix de son parti a demandé la mobilisation de 70 millions de francs Cfa pour les parrainages. C’est ainsi que ces 4 députés auraient reçu de la part de Reckya Madougou, une somme de 70 millions de francs Cfa
L’attitude peu professionnelle de Me Vey
Après une prise de bec avec le président de céans, il a accusé la Criet d’être une juridiction d’exception qui n’est pas indépendante avant de vider les lieux. Il a décidé de suivre désormais en spectateur le procès. Mais le ton monte entre lui et le président de céans, le magistrat Guillaume Lally. « Vous avez cinq minutes pour finir. Nous n’avons pas à faire cela toute la journée », a déclaré le président de céans. L’avocat français réplique qu’il ne fera pas cinq minutes. Dénonçant la partialité de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, il enlève sa toge et quitte la salle d’audience. « J’ai tenu à ne pas participer à la suite de ce procès dont le dénouement m’apparait inscrit à l’avance », a confié l’avocat inscrit au barreau français.
L’inattendu soutien de la Fcbe
Le président du parti « Les Démocrates », Eric Houndété à travers un message a tenu à apporter apporte son soutien à Reckya Madougou. Dans son message de soutien qui est en même temps celui du parti « Les Démocrates», l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale affirme que depuis l’arrestation de leur candidate, tout a été mis en œuvre pour la garder éloigner de tous ses proches. « Depuis le 3 mars, date de ton arrestation, tous nos efforts pour rester plus près de toi sont restés vains. C’est de la même manière que tu as été éloignée de tes enfants, de tes parents, de tes amis et sympathisants », indique-t-il dans son message. Pour Eric Houndété, à l’issue du procès de Joël Aïvo, il y a des raisons de céder au défaitisme et à la fatalité. « Mais rien ne vaut le combat et le combat juste. Je te sais capable de grandeur et de courage en ce jour où nous espérons ta libération au terme de ce procès, j’invoque le puissant nom de Dieu le plus grand juge de toucher les cœurs des membres de la cour et de leur ouvrir les yeux afin qu’enfin, ils disent le droit », affirme-t-il dans son message. L’ancien député salue également tous les avocats qui se sont mobilisés pour la cause de l’ancien ministre Reckya Madougou et précise qu’à travers ce procès, c’est la crédibilité de la justice béninoise qui se joue une fois encore.
Wilfrid Noubadan