Ces deux-là auraient pu bien s’entendre et travailler pour une même cause. Réunis un temps au sein du parti « Les Démocrates » créé par l’ancien président Yayi Boni, Éric Houndété et Irené Agossa, se livrent à un duel à fleurets mouchetés à distance. Ce qui confirme les signes d’une opposition presque en lambeaux.
Pendant que, à quatre mois des élections législatives, les partis politiques de la mouvance s’organisent et se mettent en ordre de bataille, l’opposition, elle, se livre encore à des querelles intestines et à des guerres de personne. Le constat en est plus désolant ces dernières semaines, qui ont vu quelques insultes et noms d’oiseau fuser de part et d’autre. Entre-temps, c’est le chef de file de l’opposition, Paul Hounkpè, qui a essuyé des critiques acerbes, parfois très abjectes, de la part des siens. Une frange de l’opposition radicale qui , au lieu de faire preuve de réalisme politique et de sagesse, continue de nier l’évidence. Or, l’enjeu des prochaines législatives est de taille, et les uns et les autres auraient dû en prendre conscience pour travailler au rassemblement. Hélas. Ils n’ont pas retenu la leçon. Il faut dire que les différents échecs depuis 2019, continuent de traumatiser les esprits au sein de l’opposition. Chacun en jette le tort à l’autre. D’où les dissensions, tiraillements et aigreurs étalés aujourd’hui. C’ est l’ancien vice-président du Parlement, et actuel président du parti « Les Démocrates », Éric Houndété qui a donné le ton, qualifiant certains membres de l’opposition de « forces frelatées ». Irené Agossa, président de Restaurer la confiance ( Rlc), s’en est offusqué. D’ailleurs, enfonçant le clou, Éric Houndété ajoute : « Nous travaillerons avec les forces de l’opposition qui ont pour vision d’être l’instrument que le peuple utilise pour réussir sa chasse ». Selon lui, il y a « des forces frelatées » au sein de l’opposition, sinon le problème de « fusion » n’allait pas se poser, du moins si l’opposition disposait de « forces saines ».
Les législatives de 2023, un test
Pour le président de Rlc, les membres du parti « Les Démocrates »qui s’estiment grands et se réclament d’une opposition non frelatée devraient faire preuve d’humilité pour créer la cohésion autour d’eux. Il en profite pour décocher une flèche au président du parti. « Depuis qu’on créait le parti, j’ai dit que Eric Houndété ne peut pas conduire le parti aux élections présidentielles. Il ne peut pas, parce qu’il est incapable. La preuve, il n’est pas allé aux élections », déclare-t-il. Pour Irené Agossa, les gens ne l’avaient pas écouté à l’époque, parce qu’ils avaient d’autres schémas. Selon Iréné Agossa, le président Eric Houndété « n’a pas les couilles et les réseaux » qu’il faut, pour conduire une opposition contre le président Patrice Talon. A l’en croire, il était le seul avec le président d’honneur du parti, l’ancien président Boni Yayi, à même de conduire les destinées du parti. Par ailleurs, Iréné Agossa estime que le seul problème qui fait l’objet de divergence avec le parti « Les Démocrates » aujourd’hui, c’est le conflit Talon-Yayi. « Quand il parle d’opposition frelatée, c’est par rapport à Boni Yayi. C’est le conflit Talon-Yayi qui nous divise. Nous, nous ne voulons plus de conflit qui conduit les gens en prison et en exil », clarifie Irené Agossa.
Le président du parti Restaurer la confiance a également attribué le faible pourcentage qu’il avait obtenu à la dernière élection présidentielle aux démocrates. En effet, c’est parce qu’il a fondé, justifie-t-il, sa stratégie sur les démocrates qu’il s’en est sorti avec 2% des suffrages exprimés à cette élection.Les élections législatives de 2023 constitueront donc un test pour prouver de quoi il est capable. « Attendez 2023, attendez 2026. Nous avons notre parti; vous allez voir de quoi nous sommes capables. Notre stratégie est déjà bien conçue maintenant », ajoute-t-il confiant.
Wilfrid Noubadan