168ème au plan mondial et 30ème au plan africain, c’est le rang qu’occupe le Bénin dans le nouveau Rapport sur le développement humain publié par le Pnud (Programme des Nations Unies pour le développement). Une lecture croisée de ce rapport 2020-2021 avec l’Indicateur du développement humain étendu (Idhe) de 2015 à 2019 dégage que le pays souffre d’un problème d’éducation surtout des adultes en fin de scolarisation que gouvernants et gouvernés doivent travailler à parfaire. Cette prise de conscience collective est même avantageuse pour la capture du dividende démographique.
Le dernier Rapport sur le développement humain, « Temps incertains, vies bouleversées : façonner notre avenir dans un monde en mutation », lancé le 8 septembre 2022 par le Pnud, affirme qu’un ensemble d’incertitudes s’accumulent et interagissent pour perturber la vie de manière inédite. Plus de 90 % des pays ont enregistré une baisse de leur Indice du développement humain (Idh) en 2020 ou 2021 et plus de 40 % ont vu leur score chuter au cours de ces deux années. En Afrique, le Bénin n’a pas été épargné. En 2019, le score sur l’indice de 1 est de 0,545. Mais le point fait sur la période 2020-2021 affiche un point de 0,525. En effet, l’Indice de développement Humain (IDH) du Bénin pour 2019 a placé le pays à la 158ème position sur 189 pays et territoires. Ainsi il avait progressé de 5 places dans le classement mondial et est devenu 1er en termes de développement humain au sein de l’espace Uemoa et 3ème dans l’espace des 14 pays de la Cedeao derrière le Cap Vert et le Ghana. Cette avancée était due particulièrement à l’amélioration constatée dans certains domaines comme la santé et les revenus avec les taux de croissance économique moyens qui sont supérieurs à 6% ces dernières années.
Les causes de l’actuel recul
Les résultats donnés ne peuvent être totalement imputés au pays, mais ils doivent retrousser les manches pour l’avenir. « Le monde cherche par tous les moyens à répondre aux crises consécutives. Nous avons vu avec le coût de la vie et les crises énergétiques que, s’il est tentant d’y apporter des solutions rapides comme les subventions aux combustibles fossiles, les tactiques de secours immédiats retardent les changements systémiques à long terme que nous devons apporter », a déclaré Achim Steiner, Administrateur du Pnud avant d’ajouter : « Nous sommes collectivement paralysés face à ces changements. Dans un monde défini par l’incertitude, nous avons besoin d’un sens renouvelé de la solidarité mondiale pour relever nos défis communs et interconnectés ». Le recul qu’ont connu les pays se sentait déjà en filigrane. L’on ne peut donc pas faire fixation sur le recul du Bénin. « Même avant que la Covid-19 ne frappe, nous étions témoins du double paradoxe du progrès associé à l’insécurité et à la polarisation. Aujourd’hui, avec un tiers des personnes dans le monde qui se sentent stressées et moins d’un tiers des personnes dans le monde qui font confiance aux autres, nous sommes confrontés à des obstacles majeurs freinant l’adoption de politiques qui fonctionnent pour les populations et la planète », a expliqué Achim Steiner. Pour lui, cette nouvelle analyse stimulante a pour objectif de nous aider à sortir de cette impasse et à suivre une nouvelle voie qui mettra fin à ces incertitudes mondiales actuelles. « Nous avons un créneau étroit pour relancer nos systèmes et assurer un avenir fondé sur une action climatique décisive et de nouvelles opportunités pour tous. », a-t-il assuré.
Le Bénin face aux recommandations
« Pour traverser l’incertitude, nous devons redoubler d’efforts en matière de développement humain sans nous contenter d’améliorer la richesse ou la santé des personnes », a déclaré Pedro Conceição du Pnud, auteur principal du dernier rapport. « Celles-ci sont bien sûr importantes. Mais nous devons également protéger la planète et fournir aux individus les outils dont ils ont besoin pour se sentir plus en sécurité, reprendre le contrôle de leur vie et conserver l’espoir dans l’avenir», a-t-il appelé.
De ces recommandations, le Bénin en tirera profit à travailler sur l’éducation surtout de ceux qui ont fini la phase de la scolarisation dans l’esprit de leur assurer un revenu efficace. C’est en cela que le déficit du cycle de vie pourrait être comblé. En effet, l’Idh est considéré comme une mesure sommaire des progrès moyens dans les dimensions essentielles du développement humain à savoir : une vie longue et en bonne santé, l’accès à la connaissance et un niveau de vie décent. Mais que l’Idhe est un indicateur synthétique qui donne le niveau élargi de développement humain et s’inspire de la méthode de calcul de l’Idh classique et intègre la fécondité dans la sous-dimension santé. Ainsi, on retient que l’Idhe est fonction de santé, d’éducation et de niveau de vie. Exprimé à des niveaux (régional, département, etc.), il permet de déterminer le déficit d’un pays en matière de développement élargi avec la formule 1-Idhe.
L’Idhe 2019 du Bénin est de 47,4% (57,2% pour le niveau de vie, 32,8% pour l’éducation et 56,5% pour la santé). On peut déduire aisément que c’est l’éducation qui entrave la performance du Bénin en matière de développement du capital humain étendu. Ce même constat est fait lorsqu’on s’essaie à une étude comparative de l’Idhe de 2015 (47,9%) à celle de 2019 (47,4%). La sous-dimension éducation comporte la durée moyenne de scolarisation qui n’est rien d’autre que le nombre d’années qu’un adulte passe en moyenne en éducation et que la durée attendue de scolarisation ou de l’espérance de vie sociale est le temps moyen qu’un enfant en âge de scolarisation espère recevoir dans le futur. Le travail pour le Bénin est de mettre en œuvre par les politiques publique des actions visant à l’éducation des adultes déjà sortis du champ scolaire en vue de profiter de leur potentiel. Or, le profit tiré du capital humain permettra la capture du dividende démographique.
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