Pour apporter une solution à la récurrente question de l’inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi au Bénin, le président Patrice Talon et son gouvernement ont eu la clairvoyance d’élaborer une stratégie nationale de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Pour traduire cette stratégie, il a été décidé de la construction ou la réhabilitation de 30 Lycées techniques agricoles (Lta) dont 20 nouveaux et 10 anciens à reconstruire, la mise en place de 8 Ecoles des métiers (Em) de référence, l’équipement, la spécialisation de 16 Lycées techniques professionnels (Ltp) et la mise en formation de 24 élèves professeurs de différentes spécialités d’Eftp à l’Académie de Versailles en France. Quelques années après, il convient de faire le point de l’évolution de ce projet afin de permettre aux Béninois de comprendre la vision du gouvernement pour le sous-secteur de la formation technique et professionnelle, ainsi que les diligences accomplies pour la concrétisation de ce projet phare.
Le gouvernement du Bénin considère le renforcement du capital humain comme une priorité stratégique. Un des piliers de cette stratégie vise à promouvoir une éducation de base de qualité ainsi que l’Enseignement et la formation techniques et professionnels (Eftp). Pour avoir une vision claire pour le développement de ce sous-secteur qui contribue considérablement au renforcement du capital humain, une stratégie nationale de l’Enseignement et la formation techniques et professionnels (Sn-Eftp) a été adoptée en décembre 2019. Cette stratégie vise à développer chez les jeunes en âge de travailler, y compris les personnes à besoins spécifiques, des compétences demandées par le marché du travail et de l’emploi afin de contribuer à l’atteinte d’une croissance économique stable, durable et inclusive. Pour opérationnaliser cette vision, le cadre stratégique fondé sur le diagnostic établi du système de l’Eftp au Bénin a retenu comme objectif de former des professionnels épanouis et aptes à répondre aux besoins d’une économie stable, durable et inclusive avec des objectifs spécifiques majeurs. Il s’agit d’améliorer les conditions d’accès et les performances de l’enseignement et la formation techniques et professionnels, de développer un système efficace de veille pour l’amélioration continue de l’employabilité des formés de l’Eftp et de développer une gouvernance plus inclusive, efficace et efficiente. La réalisation de ce projet passe par la mise en œuvre de la restructuration de la couverture en offres d’enseignement, la formation techniques et professionnels, la construction et l’alignement des curricula de formations initiale et continue aux créneaux porteurs et l’animation des programmes de formation par des enseignants qualifiés et des professionnels. Dans ce cadre, les programmes définis par le gouvernement et en cours de mise en œuvre par l’Agence de développement de l’enseignement technique au (Adet), avec l’appui des partenaires techniques et financiers sont, entre autres la mise en place de 30 Lycées techniques agricoles (Lta) dont 20 nouveaux et 10 anciens à reconstruire, la mise en place de 8 Ecoles des métiers (Em) de référence, la construction/réhabilitation, l’équipement et la spécialisation de 16 Lycées techniques professionnels (Ltp) existant dans des domaines de formations aux métiers industriels et de l’hôtellerie restauration, l’élaboration et la mise en œuvre de diverses réformes relatives à la gouvernance, à la qualité et à la performance du sous-secteur de l’Eftp, la mise en formation de 24 élèves professeurs de différentes spécialités d’Eftp à l’Académie de Versailles en France.
Mise en place des 30 Lta
Au-delà de ces actions, il faut souligner en outre que le gouvernement a défini de nouvelles vocations pour les Lta dont les principales caractéristiques sont, entre autres, de former, au titre de la formation initiale des exploitants agricoles, capables, entre autres, de planifier la mise en œuvre et le développement d’une exploitation agricole et d’en assurer la rentabilité ; d’assurer aussi toutes les formations dans le secteur agricole préparant au Certificat de qualification aux métiers (Cqm) et au Certificat de qualification professionnelle (Cqp) et d’offrir des formations qualifiantes et d’accompagnements modulaires ou de courte durée pour l’insertion des jeunes et adultes, notamment sur les chaînes de valeur ajoutée. Les formations dans les Lta seront structurées et organisées sur deux espaces. En effet, le premier espace est d’une superficie de 50 ha au-moins. Il abrite les infrastructures administratives, pédagogiques de formation théorique ainsi que des ateliers d’apprentissage du métier. Le second espace s’étend sur une superficie de 1000 ha au plus et abrite toutes les composantes de l’exploitation agricole avec toutes les unités de production basées sur les chaînes de valeurs du Pôle de développement agricole (Pda) dont le lycée relève. Ainsi, avec les Unités économiques à vocation pédagogique (Uevp), les Lta seront des vecteurs de développement des acteurs de leur environnement d’implantation en assurant les formations de renforcement des capacités des producteurs agricoles, en leur assurant des prestations de service, en mettant à leur disposition des équipements à moindre coût en vue d’améliorer leur productivité. Les métiers dans lesquels seront formés les apprenants sont regroupés en 12 domaines. Il y a, en l’occurrence les productions céréalières et légumineuses, l’horticulture vivrière et ornementale, l’arboriculture fruitière forestière et produits non ligneux, la production de plantes à fibres et textiles, la production de plantes oléagineuses, la production de racines et tubercules, l’aviculture, cuniculture et autres élevages non conventionnels, l’élevage de bovins et de petits ruminants , l’élevage de porcins, la production halieutique, la conservation et transformation des produits agricoles et la maintenance des matériels et machines agricoles. Ce projet d’envergure va impacter toutes les Communes du Bénin. Il prend en compte le lycée technique agricole de Malanville, le lycée technique agricole de Banikoara, le lycée technique agricole de Ségbana, le lycée technique agricole de Bembèrèkè, le lycée technique agricole Tchaourou, le lycée technique agricole de Nikki, le lycée technique agricole de Kouandé, le lycée technique agricole de Natitingou, le lycée technique agricole de Kérou, le lycée technique agricole de Matéri, le lycée technique agricole de Djougou et bien d’autres lycées techniques agricoles du Bénin. Le coût global de la construction de ces Lycées techniques agricoles est estimé à 336 milliards de francs Cfa. Sur la base de tout cela, le gouvernement béninois a mis en formation à l’Université national d’agriculture (Una) 666 Aspirants au métier d’enseignant (Ame) au profit des Lta. De plus, les travaux de construction de ces Lycées techniques agricoles sont en cours dans plusieurs Communes du Bénin. Il est à noter que parmi les 30 Lta, 6 seront des écoles des métiers agricoles ayant pour vocation la formation jusqu’au niveau Dtsm, accueillant les titulaires du Dtm pour les former pendant deux ans au Dtsm.
Abdourhamane Touré