Les propos tenus par le président de la République, vendredi 17 février 2023 lors de l’installation de la Délégation au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur ont donné lieu à diverses interprétations. Sur le sens qu’il convient de donner à ce nouvel organe, le porte-parole du gouvernement a apporté quelques éléments d’éclaircissement.
Comme à son habitude, le secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement s’est prêté à son traditionnel exercice d’éclairage sur quelques points d’ombre contenus dans les décisions et options, du gouvernement. C’est le cas de la Délégation au contrôle et à l’éthique qui vise entre autres à redorer le blason de l’enseignement supérieur béninois. L’avènement de cet organe de contrôle d’après le porte-parole vient combler un déficit observé depuis fort longtemps dans l’enseignement supérieur. Ce secteur, contrairement aux deux autres niveaux d’enseignement, le primaire et le secondaire, était dépourvu d’un corps de contrôle. A travers la mise en place de cet organe, le gouvernement vient de régler un problème structurel. En dehors de la qualité de l’enseignement dispensé dans les universités publiques et privées qui sera inéluctablement impactée dans le bon sens, l’avènement de la Délégation au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur vient corriger une injustice sociale dont les étudiants de sexe masculin étaient victimes. C’est du moins ce qui ressort de l’argumentaire du porte-parole du gouvernement. Selon l’exposé de Wilfried Léandre Houngbédji, cette catégorie d’étudiants était, dans une certaine mesure lésée, de ne pouvoir entretenir des relations privilégiées avec des professeures d’université (femmes) contrairement à leurs camarades filles qui obtenaient plusieurs faveurs et se faisaient attribuer des notes parfois au mépris de leur mérite, en raison des relations qu’elles entretiennent avec certains enseignants (hommes). La Délégation au contrôle et à l’éthique vient corriger cette disparité en ce qu’elle va œuvrer à travers plusieurs initiatives, à remettre le secteur supérieur dans le bon ordre et d’en faire une référence.
Quid du profil du professeur d’université ?
Entre autres sujets abordés, figurent les récents propos du Chef de l’Etat sur le type et le profil d’enseignant habilité à intervenir dans les universités publiques. Patrice Talon a notamment indiqué que «Désormais au Bénin, celui qu’on dénomme communément professeur d’université devra être un expert dans sa discipline, et son expertise devra être régulièrement évaluée par d’autres experts de renommée internationale. Il devra savoir transmettre ses connaissances et être d’un professionnalisme irréprochable. Il devra aussi et surtout s’interdire toute relation amoureuse avec son apprenant », avait déclaré le chef de l’Etat. Des propos qui ont été diversement appréciés au sein de l’opinion. Interrogé sur la compréhension qu’il faut avoir des propos du chef de l’Etat lors de l’installation le vendredi 17 février 2023 de la Délégation générale au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur, Wilfried Léandre Houngbédji a levé un coin de voile sur le sens et la portée des déclarations. « Le point qui préoccupe, c’est lorsque le chef de l’Etat a indiqué que désormais, il ne suffira plus d’être capé au Camès pour être recruté dans l’enseignement supérieur. Il faut rassurer tout le monde. Dans le propos du président de la République, il ne s’agit pas que demain, le gouvernement organise un nouveau concours d’agrégation pour quelqu’un qui aurait déjà eu son agrégation au Camès, ni demander à quelqu’un de reprendre une thèse de doctorat alors qu’il aurait déjà fait sa thèse de doctorat. L’évaluation supplémentaire dont il parle en fait, c’est les processus classiques qui ont déjà un peu cours, mais qu’il faut densifier à savoir, qu’aujourd’hui, dans les universités publiques, les recteurs donnent des lettres de mission, aux enseignants. Donc demain, on peut évaluer sur des bases concrètes si cet enseignant remplit normalement sa fonction d’enseignant, si telle université a intérêt à le garder dans son effectif ». Le porte-parole a d’emblée battu en brèches, la thèse selon laquelle la mise en place de la Délégation générale au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur a une visée de règlement de compte.
Abdourhamane Touré