Le colloque organisé par l’Église catholique sur le Code électoral le jeudi 25 avril 2024 a été apprécié par le gouvernement béninois au cours d’une émission sur la télévision nationale dans la soirée de ce même jeudi. Selon le porte-parole de l’Exécutif, la démarche du clergé catholique aurait été neutre en qualité de médiateur, si après avoir reçu les plaintes du parti Les démocrates, des démarches de compréhension des tenants et des aboutissants de la loi avaient été menées envers le gouvernement ou l’Assemblée nationale. Lire des extraits de l’intervention de Wilfried Léandre Houngbédji.
« Ne comptez pas sur moi pour critiquer l’attitude du clergé catholique. Par contre, ce que je trouve de critiquable voire de condamnable dans la démarche, c’est qu’avant même le vote de ce Code, le Clergé catholique comme certaines organisations de la société civile, se sont dépêchés de faire une dénonciation a priori. Ils avaient une certaine crainte par rapport à une disposition qui d’après leur compréhension de ce moment-là, auraient été de nature à empêcher certains partis même représentés à l’Assemblée nationale aujourd’hui d’avoir leur candidat pour la Présidentielle de 2026. Depuis, chacun a pu voir que le Code voté n’a pas cette vocation. On n’a pas entendu le clergé revenir pour dire qu’on s’était trompé ou on a voulu alerter pour que cela n’aille pas dans ce sens.
Ensuite, une fois le Code voté, ceux qui étaient minoritaires à l’Assemblée nationale dont certains des amendements ont été pris en compte dans ce Code mais qui n’ont pas trouvé satisfaction sur certains autres aspects du Code, se sont dépêchés d’aller se plaindre au clergé entre autres. Là aussi, il ne m’a pas semblé après cela, que le clergé se soit fendu d’un courrier au gouvernement ou à l’Assemblée nationale pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce Code afin de se faire une idée avant de convoquer ce colloque. C’est ce que l’arbitre neutre, le médiateur, aurait exactement fait.
Pour le colloque, j’aurais bien voulu voir le clergé solliciter de l’Assemblée nationale par exemple, de lui mettre à disposition, le président de la Commission des lois pour présenter l’exposé des motifs de la loi et après que les députés de toutes obédiences viennent faire le débat. Je ne dis pas que l’Assemblée nationale n’a pas été invitée mais invitée pour que l’exposé des motifs soit présenté par des gens assermentés. Je n’ai pas vu cela.
J’ai été à titre personnel invité mais je trouve que la démarche est critiquable et condamnable d’autant qu’elle vient du clergé catholique et on peut s’attarder un peu sur l’histoire de l’Eglise catholique qui elle, mieux que toute autre organisation, est bien placée que quiconque pour comprendre la portée des réformes parce que, pour que l’Eglise catholique soit ce qu’elle est aujourd’hui, et que ses acteurs en soient fiers, il a fallu à un moment donné le courage réformateur d’un certain Grégoire VII quand il arrive à la papauté avec des réformes et des mesures fortes pour redorer le blason de l’église. Or, toute chose que nous faisons aujourd’hui vise à réhabiliter notre pays, faire en sorte que les pratiques changent dans le bon sens, qu’elles portent le pays vers le haut, vers l’avant même si sur l’instant, c’est difficile. Les gens peuvent visiter l’histoire et se rendre compte que quand les réformes se faisaient sous Grégoire VII, ce n’était pas facile à vivre; mais aujourd’hui, je crois que chacun d’eux est fier d’appartenir à cette grande famille qu’est l’Eglise catholique. Nous rêvons aussi que demain, passé le temps des querelles politiques sur le moment, que tous puissent dire, notre pays a progressé et nous y avons tous contribué d’une manière ou d’une autre, à travers nos réticences, nos critiques, les injures mais aussi à travers notre compréhension et notre accompagnement de cette dynamique ».
Source: Télévision nationale