Le gouvernement du ‘’Nouveau départ’’ n’exécute ou ne mène pas un projet sans qu’il y ait une interconnexion aboutissant à une fin efficace et efficiente. La campagne de communication ‘’Stronger together’’ obéit à cette règle. Face aux inquiétudes des journalistes sur la suite de cette campagne, la ministre Véronique Tognifodé, lors de son passage sur l’émission ‘’Le Gouvernement en action’’, a dissipé les inquiétudes. A suivre le numéro 1 des Affaires sociales au Bénin, après la sensibilisation, la création des espaces sûrs et de prise en charge des filles viennent accompagner l’initiative. Lire ses précisions.
Journaliste : Avec le projet Swedd, qu’est-ce qui se fait ?
Véronique Tognifodé : Dans le cadre du projet Swedd-Bénin, il y a la campagne de communication dénommée ‘’Stronger together’’ initiée pour le leadership féminin et le maintien des filles à l’école. Cette campagne touche également beaucoup de cibles. Mieux, il y a la création des espaces sûrs dans toutes les localités du pays qui est un endroit où les enfants, les jeunes peuvent venir pour avoir des notions les concernant ; pour exprimer des préoccupations et peut-être même des dénonciations. Celles qui ne sont pas renseignées suffisamment ou n’ont pas la bonne information sur la santé sexuelle reproductive peuvent l’avoir dans les espaces sûrs.
Alors madame la ministre, lorsqu’on évoque la scolarisation des filles, le gros du problème c’est leur maintien à l’école. Que faites-vous pour qu’après toutes ces sensibilisations les filles restent à l’école vraiment ?
Il y a plusieurs stratégies ; parce que les facteurs qui défavorisent le maintien des filles à l’école sont nombreux. On se rend bien compte qu’avec tous les efforts, par exemple, la dynamisation des cantines scolaires dans les écoles primaires, nous avons plus de filles dans les collèges. Mais, après le niveau Bepc, il y a beaucoup de désistements scolaires. Et l’un des plus grands facteurs de ce phénomène, c’est la pauvreté des ménages. Pour cela, il est prévu des transferts de fonds aux ménages très pauvres pour leur permettre de maintenir les filles dans le système scolaire. Bien avant cela, nous mettons en place des kits scolaires au profit des filles, car, après analyse, on s’est rendu compte que certaines filles abandonnent l’école parce qu’elles n’ont pas le sac, elles n’ont pas le kaki. Mis à part ce facteur, il y a aussi les difficultés liées à la gestion de la menstruation. On en parle très peu, car c’est dérangeant. Mais c’est aussi l’un des facteurs qui font obstacle à l’évolution scolaire des filles. Lorsqu’elles n’ont pas ce qu’il faut dans cette période menstruelle ; si elles n’ont pas les conseils et le suivi nécessaire, cela entrave le cours normal de leur cursus scolaire.
Le projet Faaba, la création d’espace sûr et la prise en charge des filles participent, bien évidemment, de la protection des enfants. Parlons-en, justement, Madame la Ministre avec cette croisade que vous avez menée pour l’assainissement des Centres d’accueil et de protection des enfants (Cape). Pourquoi cette croisade ?
C’est vous qui l’appelez croisade. En tout cas, ces visites de contrôle des Cape s’avéraient indispensables parce que c’est un milieu où justement il y a un Décret qui fixait quand même les normes et standards des Cape qui existaient depuis 2012, mais qui présentaient des insuffisances. Lors de nos descentes, malgré l’existence de dispositions légales, nous avons remarqué qu’il y avait beaucoup de désordre infrastructurel et même organisationnel dans ces centres d’accueil de protection de l’enfant. Il faut savoir que l’Etat a le droit de regard sur tous ses enfants. Même s’il y a des promoteurs de Cape qui font des efforts, aujourd’hui, nous sommes à une étape où ils doivent tous se dépêcher pour se mettre aux normes et d’avoir l’agrément du Ministère ; parce qu’il viendra le moment où comme les cabinets clandestins de soins dont nous avons vu la fermeture, il y aura donc une croisade en ce moment-là contre les Cape clandestins. Il faut qu’ils aient l’agrément. Mais avant, ils doivent respecter un minimum de normes et standards. Avant notre arrivée, il y avait beaucoup de dossiers en attente. Il fallait mettre de l’ordre dans tout ça. Nous avons pu octroyer, à ce jour, environ soixante-quatorze (74) agréments à des centres d’accueil de protection. Nous en avons également fermé quelques-uns. Nous ne fermons pas de gaieté de cœur ; car avant de le faire, nous devons d’abord recaser les enfants dans d’autres centres aux normes. Quand nous fermons, c’est que vraiment la sécurité des enfants, que ce soit sanitaire ou autre, est en danger. Sur le terrain, nous avons vu des cas vraiment inadmissibles et inacceptables. Ce n’est pas parce que ce sont les orphelins qui n’ont personne qu’il faut les mettre dans des endroits insalubres et dangereux pour leur santé et leur vie. La prochaine étape, c’est de poursuivre la salubrité dans ce secteur, parce qu’il y en a beaucoup. Il faut dire qu’en deux ans, nos collaborateurs ont quand même procédé à au moins 200 visites. Comme pour tous les projets que nous menons, c’est plusieurs étapes. Il y a l’étude des dossiers ; la visite de terrain et parfois la visite inopinée du ministre pour être sûr du respect des recommandations et en même temps vérifier ce qui se fait par nos équipes. Prochainement, nous envisageons la mise en place d’une plateforme numérique pour permettre le suivi en ligne, mais aussi permettre la demande d’autorisation en ligne. Nous espérons pouvoir arriver à la concrétiser au cours de cette année. Dans le même ordre d’idées, nous voulons identifier tous les enfants qui sont dans les Cape. Lors de nos visites, nous avons vu des enfants dans des Cape qui n’ont même pas une pièce d’identité. S’ils doivent prendre part à des examens scolaires étant dans ces Cape, cela risque d’être difficile, voire impossible. Nos actions visent également à corriger tous ces dysfonctionnements de sorte à donner à ces enfants, les mêmes chances que ceux qui sont en famille. Mieux, pour pouvoir permettre aux enfants pensionnaires des Cape de bénéficier des services sociaux offerts par le gouvernement, il faut qu’ils soient identifiés et surtout qu’ils soient dans des centres aux normes et agréés. C‘est donc le but de cette démarche menée depuis bientôt deux ans pour arriver à ce résultat qui nous a permis d’avoir une cartographie claire des centres d’accueil de protection des enfants. Ces enfants, à terme, seront enrôlés et auront des cartes biométriques leur permettant d’avoir également les soins de santé primaire dans les hôpitaux ainsi que de nombreux autres services sociaux etc. Et je pense que les promoteurs des Cape comprennent la démarche de l’Etat qui va dans le sens de leur accorder plus tard des accompagnements.
Source : Ortb