La lutte contre la corruption n’est plus une simple incantation au Bénin. Elle revêt tout son sens depuis l’avènement du régime du Nouveau départ qui en a fait son cheval de bataille. La création en août 2018, de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a donné plus de contenu à cette lutte. Des dossiers rocambolesques de corruption font actuellement l’objet d’une instruction devant la juridiction spéciale. En attendant les procès des mis en cause qui interviendront probablement au cours de cette année, le peuple retient son souffle.
Agence nationale des transports terrestres (Anatt), Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (Ortb), mutuelle du Port autonome de Cotonou (Pac), Direction générale des impôts (Dgi), Douanes béninoises, Sonimex, ils sont nombreux ces dossiers de corruption et de détournement de deniers publics en instance d’être vidés par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Ces différentes affaires mises à nu par des missions d’audit ou des commissions d’enquête révèlent toute la pertinence de la lutte contre la corruption. Plusieurs milliards de francs Cfa du contribuable sont distraits dans ces différentes affaires de corruption et de détournement de deniers publics qui révèlent que la pratique a la peau dure en dépit du renforcement du dispositif répressif mis en place pour l’enrayer. Or, l’engagement du gouvernement pour mettre fin à la pratique est sans faille. Le chef de l’Etat l’a martelé à plusieurs occasions tout en réitérant le caractère implacable et impartial de la lutte. Pour lui, plus rien ne sera comme avant. La corruption, la concussion et la prévarication sont, entre autres, des maux qui ont longtemps plombé les efforts d’émergence insufflés au pays et il est temps d’y mettre fin. Stratégie et méthode guident la lutte qui n’épargne personne. La belle preuve est qu’à ce jour, plusieurs partisans du régime, et pas des moindres, se sont retrouvés derrière les barreaux. C’est le cas dans le dossier de cession de domaines publics ayant impliqué l’ex-préfet du Littoral Modeste Toboula, celui afférent à la corruption et au trafic d’influence au Port autonome de Cotonou où Frédéric Béhanzin, Jean-Baptiste Hounguè et Rodrigue Kakaï Glèlè ont été condamnés à cinq ans d’emprisonnement chacun par jugement intervenu le 02 août 2021. Le dernier cas qu’on peut inscrire dans ce registre est l’affaire de bradage de réserves administratives dans la Commune d’Abomey-Calavi où l’ancien maire, Georges Bada et une frange de conseillers communaux ont été condamnés à des peines de prison allant de 02 à 05 ans.
Des milliards dilapidés, les mis en cause en instance d’être fixés
Dans le cas de l’affaire dite Carlos Adohouannon, ancien régisseur de la Direction générale des impôts (Dgi), les fonds qui ont disparu des caveaux de cette direction sont estimés à 13 milliards de FCfa. Le principal mis en cause est en prison depuis septembre 2020, tout comme son complice Blaise Salanon mis aux arrêts quelques mois avant lui. Dans le dossier Anatt, l’ex-directeur de l’Agence nationale des transports terrestres, Thomas Agbéva est en détention depuis le 06 juillet 2021 avec une dizaine de responsables de l’Agence pour une malversation financière portant sur 13,6 milliards de FCfa dont 1,3 milliard concernant des marchés irrégulièrement passés, 191 millions de FCfa pour des paiements d’actes anormaux de gestion et 12,1 milliards de FCfa au titre de présomptions de fraude dans le cadre des opérations d’immatriculation, révélée par un audit réalisé sur la période 2016 à 2020. Pour ce qui est du dossier de fausses déclarations au poste douanier d’Hillacondji, un manque à gagner de 322.210.273 de FCfa a été relevé au détriment de l’Etat béninois. Achille Allosogbé, chef de brigade du poste douanier d’Hillacondji, son adjoint Mohamadou Soumanou et l’inspecteur Salifou Boukary Maboudou ont été épinglés dans ce scandale financier. Ils croupissent en prison depuis le 27 août 2021. Pour ce qui est du scandale financier de l’Ortb, 09 personnes sont écrouées en août 2021 pour malversation financière portant sur 260 millions de FCfa dont le principal accusé est l’ex-chef de service finance et comptabilité de la direction régionale Ortb, antenne Parakou, Gildacio Lidvin Quenum. A ces scandales financiers, s’ajoutent des affaires de trafic de cocaïne. La plus grosse prise a été effectuée en septembre 2021 où 2,5 tonnes de cocaïne ont été arraisonnés dans un entrepôt à Ekpè. Plus d’une dizaine de prévenus sont en détention dans ce dossier. Toujours dans le domaine de la lutte contre le trafic de drogue, 10,5 kg de cocaïne ont été saisis le 12 octobre dernier à l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin de Cotonou. Une dizaine de personnes ont été arrêtées dont des agents de Police. Avant ces exploits des forces de sécurité, 145 kg de cocaïne ont été saisis dans un conteneur de sucre appartenant à la société Sonimex de l’opérateur économique Séraphin Yeto. Les mis en cause sont en détention provisoire. Un expatrié français impliqué dans ce dossier a été interpellé au Maroc et une demande d’extradition a été formulée à son encontre par la justice béninoise.
Le dernier dossier qui sera certainement traité avant la fin de cette année, est celui relatif au « Général » Faléti. Tête de pont de la rébellion à Savè lors des violences postélectorales, Biaou Ayodélé Prudence Faléti a été arrêté le jeudi 23 janvier 2020 dans un centre d’hébergement à Parakou par la Police républicaine. Présenté au procureur spécial de la Criet, il a été déposé à la prison civile d’Akpro-Missérété et attend d’être jugé.
Gabin Goubiyi