L’Association sportive (As) Tonnerre de Bohicon traverse actuellement des moments critiques de son histoire. A moins d’un mois environ du lancement officiel du championnat national professionnel, le club n’a ni bureau directoire, ni joueur encore moins un staff technique. Mis devant le fait accompli, le maire a pris ses responsabilités et appelle toute la communauté sportive de Bohicon à un sursaut patriotique en vue de conserver les acquis de l’équipe lors de la prochaine saison footballistique.
«Monsieur le maire. Je viens vous notifier, en ma qualité de président de l’As Tonnerre, la fin de mon mandat ». Ainsi, César Agbossaga, président de l’Association sportive (As) Tonnerre, notifiait au maire sa démission de la tête de l’emblématique formation sportive de la Commune. Cette triste nouvelle reçue à la veille du lancement officiel du championnat national professionnel du football traduit à suffisance le malaise qui secoue l’équipe depuis peu. Une situation qui vient aggraver la santé de ‘’l’enfant’’ As Tonnerre déjà agonisant: sans joueur, staff technique, bureau directoir. Le maire Rufino d’Almeida a reçu la lettre de démission de César Agbossaga par exploit d’huissier comme un coup de massue. Même si elle ne s’est pas mêlée à la gestion du club, l’autorité communale savait que l’As Tonnerre est mal en point. «Le club a connu une vie un peu erratique. Tantôt en très bonne santé, tantôt mal en point», a laissé entendre l’édile de Bohicon pour caricaturer l’état moribond dans lequel végète actuellement le club. C’est pourquoi, le conseil avait autorisé l’octroi d’une subvention de cinq millions de francs Cfa au club, histoire d’atténuer ses souffrances. Mais hélas ! Le fonds n’a pu être décaissé à ce jour. Selon l’autorité communale, malgré le mandatement effectué, le Trésorier communal d’alors (Tc) n’a pas fléchi un seul instant, puisque la procédure ne respecte pas les principes en la matière. Un collectif budgétaire serait la seule porte de sortie. Pour le conseiller Ligan, le mal est profond. C’est pourquoi, en son temps, le conseiller Ferdinand Bokossa avait attiré l’attention du conseil sur les ressources allouées. «L’As Tonnerre a besoin de plus de moyens. Donc, les cinq millions de francs Cfa de subvention du départ sont insignifiants », avait-il prévenu et d’ajouter : « Le conseiller Adongnibo va bientôt vivre la réalité ». Non seulement les ressources accordées sont insuffisantes, mais ce peu n’a plus été décaissé. Ce qui a certainement créé l’asphyxie du club. Aujourd’hui, l’enfant malade est retourné à son géniteur qui a l’obligation de lui prodiguer des soins appropriés au plus pressé en vue d’éviter la mort prématurée et programmée de cet enfant très pâle.
Sauver l’As Tonnerre
SOS ! C’est le cri de détresse qu’il convient de lancer en pareille circonstance. Le maire Rufino d’Almeida lance cet appel pour un sursaut patriotique en vue de maintenir l’As Tonnerre en première division de la ligue professionnelle. La laisser dégringoler serait une énorme perte, aussi bien pour la Mairie que pour le club et pour toute la population. « J’invite mes pairs conseillers à comprendre l’enjeu qui est de sauver l’As en première division. Le contraire nous sera fatal. Nous n’avons pas autre choix que d’anticiper et d’aller à l’essentiel afin de sauver les meubles», insiste Sylvestre Adongnibo, l’administrateur provisoire. Pour Alexandre Akoutou, l’heure est grave et il va falloir parer au plus pressé. « Le championnat est déjà à nos portes. Il faut donc aller très vite», martèle-t-il. «Je n’accepterai pas que l’équipe meurt dans mes mains », un défi que s’est lancé le maire. Ainsi, dès la réception de la lettre de démission de César Agbossaga, l’heure n’est plus aux tergiversations. Rufino d’Almeida a repris le club en nommant un administrateur provisoire. Sylvestre Adongnibo, l’homme qui connaît le job, mais qui a aussi le profil. «Adongnibo est mieux placé que quiconque pour relever ce défi », certifie Alexandre Akoutou, chef de l’arrondissement 2. Arnaud Kinssi Avoundogba, le Chef de l’arrondissement (Ca) de Lissèzoun estime que le maire a posé un acte historique. « L’histoire retiendra que vous avez très bien fait. Moi, je m’en réjouis », applaudit-il. Mais pour Ferdinand Bokossa, conseiller communal, la nomination d’un administrateur provisoire pose un problème de légalité. «Telle que libellée dans la lettre, la démission du président du bureau, César Agbossaga n’implique pas la démission de tout le comité. Selon l’article 25 des statuts du club, en cas de vacance du poste du président pour quel que motif que ce soit, ses fonctions sont provisoirement exercées par le vice-président de l’association par ordre de préséance. Je ne suis pas contre la nomination du conseiller Adongnibo. Mais voilà ce que les textes ont prévu. La démission du sieur César Agbossaga, c’est en qualité de président et non du bureau directoire. Soit, la Mairie prend un arrêté pour suspendre tout le comité directoire avant de nommer un administrateur provisoire. Nous ne sommes pas là pour bloquer. Mais lorsqu’on piétine les textes, cela me gène. Je voudrais que nous apprécions tous ensemble cet aspect », commente-t-il. «Dans ce cas, il s’agit bel et bien de la démission du bureau dont le mandat est venu à expiration », réplique Sylvestre Adongnibo. Le maire, en bon manager, essaie de mettre de l’eau dans leur vin. Pour lui, il n’est pas question de se mettre dans ces considérations puisque l’urgence est là. Il faut prendre les mesures fortes qui s’imposent d’abord avant d’analyser les autres contours. « Nous allons prendre des mesures fortes dans les mois qui viennent en attendant de chercher de repreneur pour l’équipe. Car, nous ne pouvons pas prendre les fonds de la Mairie pour continuer à supporter une équipe de football. C’est la construction des modules de classes dans deux écoles que j’ai dû supprimer pour venir à la rescousse de l’As Tonnerre. Cela s’impose à moi », justifie-t-il. Le Ca de Lissèzoun pense qu’il faut soutenir le maire dans sa politique de sauvetage du club. « Je crois que les conseillers ne ménageront aucun effort pour vous accompagner. Ils vont se plier en quatre pour vous donner les moyens de votre politique afin que l’As Tonnerre revive ses jours de gloire. C’est le moment de solliciter toute la communauté sportive de Bohicon pour que dans l’union sacrée, le club soit réanimé », plaide Arnaud Kinssi Avoundogba.
Sauver le bébé, oui mais, un diagnostic d’abord
Les conseillers communaux se sont accordés sur les mesures urgentes à prendre pour que l’As Tonnerre participe au championnat national professionnel 2022-2023. Mais ils ont suggéré l’organisation d’un audit de gestion du club en vue de savoir le mal qui le ronge. Mais en attendant de faire l’état des lieux, Arnaud Kinssi Avoundogba dénonce la politisation du club qui est l’un des facteurs de la descente aux enfers de l’As Tonnerre. « A un moment donné, tout le monde a constaté que le club a été politisé. Bien qu’il soit un patrimoine communautaire, les politiques s’en sont mêlés et en ont fait leur chou gras », regrette le Ca/Lissèzoun qui se réjouit du retour de l’équipe dans le giron de la Mairie. L’inventaire du patrimoine du club préoccupe les conseillers du Bloc républicain et de l’Union progressiste. Marcellin Zohoun, président de la commission affaires domaniales, insiste sur cet aspect qui, selon lui, permettra de poser les bons pas de redressement de l’équipe. Jonshon Ouankpo, président de la commission chargée de la coopération décentralisée et membre du comité sortant de l’As Tonnerre, appuie son collègue et apporte des clarifications. A en croire ses propos, César Agbossaga préfinance les activités de l’équipe et dès que les ressources tombent, il est aussitôt remboursé. Pour avoir fait l’expérience, Alexandre Akoutou comprend bien ce langage. D’après lui, la gestion d’un club est une question de moyen. « Pour ma petite expérience, il faut au bas mot, cinquante millions de francs Cfa pour pouvoir traverser la saison qui s’annonce », a-t-il indiqué. Sylvestre Adongnibo n’attend pas l’audit interne du club. Tenu par l’obligation de résultat, il ne perd pas le temps. Aussitôt nommé administrateur provisoire, il a élaboré le plan de sauvetage de l’As Tonnerre assorti d’un chronogramme qu’il a soumis à ses pairs conseillers. Une fois approuvé, il a lancé sa mise en œuvre. Le weekend écoulé a été consacré à la détection de nouveaux talents et aux échanges avec les anciens joueurs afin de remettre en place l’équipe qui pourra commencer les séances d’entraînement en vue d’être en jambe avant le démarrage du championnat.
Zéphirin Toasségnitché
(Br Zou-Collines)