Le président Patrice Talon aura eu le mérite de donner du sens à la gouvernance locale depuis l’organisation en 1993 des états généraux sur l’administration territoriale. Dans sa dynamique de la rupture, la décentralisation et la gouvernance locale ont porté le manteau de la régénérescence.
La décentralisation en République du Bénin, en 20 ans, a souffert des compétences pour la porter au pinacle des expériences réussies. Le gouvernement a donc, à partir de 2016, mis en place un mécanisme progressif dont les effets se sont fait mieux remarquer en 2021. Jusqu’en 2020, certaines Communes ont estimé que les choses traînaient un peu pour que les mairies bénéficient au mieux des transferts de compétences. Sur la question, le ministre de la Décentralisation d’alors Alassane Seidou avait répondu en ces termes : « Il faut dire que les Communes aussi ne sont pas au même niveau. Il y a des Communes qui ont réussi aujourd’hui à se donner les compétences qu’il faut pour bien fonctionner. Ça, il faut le dire. Il faut classer les Communes. Il y a les Communes à statut particulier, il y a les Communes secondaires et il y a les autres. Donc, c’est pour cela d’ailleurs que nous sommes allés au plan 2d par rapport à la Ponadec. On est allé au plan 2d parce qu’on a constaté que chacun va à sa vitesse. Ce n’est pas normal. Chacun va à sa vitesse, chaque ministère va à sa vitesse. C’est pour cela qu’on a dit qu’il faut élaborer des plans pour se fixer des objectifs, qu’on ait un plan d’action, qu’on se dise que dans cinq ans, on doit atteindre tel niveau. Comme ça, au bout des cinq ans, on va évaluer. On verra qui a pu faire le travail, qui n’a pas pu faire, qu’est-ce qui a pu être fait, qu’est-ce qui reste à faire… ? C’est pour ça qu’on a élaboré les plans 2d. Effectivement, ça traîne parfois parce qu’il n’y a pas aussi les capacités au niveau local, mais il faut quand même accélérer. Je suis d’accord avec vous et c’est l’objectif des plans 2d. »
La réflexion du gouvernement pour les cadres compétents dans les mairies
Au cours de l’émission bilan de 2020, le ministre de la Décentralisation a présenté aux journalistes que le Conseil des ministres a adopté les plans 2d. Une adoption qui prouve que l’État est enfin prêt pour une réforme structurelle à la base. Ce qui justifie cette supposée lenteur est que le diagnostic doit être fait pour proposer des solutions optimales et durables. « C’est-à-dire qu’il faut d’abord comprendre comment le système fonctionne. Nous avons un seul niveau de déconcentration, c’est le niveau départemental, un seul niveau de décentralisation, c’est le niveau communal. Le niveau départemental, on doit placer à ce niveau des compétences capables d’accompagner les Communes parce que nous sommes conscients qu’au niveau communal on n’a pas toutes les compétences qu’il faut pour le développement de nos Communes. Donc, il faut qu’au niveau départemental, on ait ces compétences-là. Il faut développer les directions départementales en leur donnant les cadres qu’il faut, les moyens qu’il faut pour agir au niveau des Communes », a laissé entendre Alassane Seidou avant de donner un exemple. Par exemple, dit-il, une Commune qui veut construire un centre de santé ; mais le maire ne peut pas savoir quel plan il faut pour un bon centre de santé ! Il doit s’adresser au Directeur départemental de la santé qui va lui dire : « voilà ce qu’il faut prévoir pour qu’il y ait toutes les commodités, pour qu’il y ait toute la fonctionnalité requise du centre ». Donc, si le Directeur n’est pas à côté, c’est compliqué. S’il est à côté, ça marche bien. Et c’est ça l’assistance conseil. Et l’assistance conseil est organisée par le préfet. C’est lui qui coordonne l’assistance conseil, qui gère les relations entre les Communes et les services déconcentrés de l’Etat.
Les justificatifs de la réforme structurelle
« Le moins que l’on puisse dire, est que les fruits n’avaient pas tenu la promesse des fleurs. On a assisté pendant deux décennies à une mal gouvernance ayant pour trait caractéristique, un management tributaire des pesanteurs politiques, le recrutement de personnel pas toujours adapté aux besoins des communes, donc un personnel inadapté, un système local de gestion des marchés publics aussi inadapté et très souvent corrompu, des infrastructures parfois incompatibles sinon inadéquates par rapport aux besoins exprimés par les communes et souvent insignifiantes par rapport aux enjeux du développement durable à la base. Il y avait également une gestion budgétaire peu satisfaisante et, enfin, une fiscalité locale peu adaptée aux enjeux de la décentralisation », a-t-il fait savoir. Devant ce tableau peu reluisant, il fallait opérer des réformes. « Et en l’occurrence, le chef de l’Etat a bien fait de concevoir et de lancer cette réforme structurelle dans le secteur de la décentralisation », a-t-il précisé.
Le point de départ de la réforme structurelle
Le gouvernement de Patrice Talon a été très méthodique dans la mise en œuvre de la réforme structurelle de la décentralisation. En effet, à l’initiative du président de la République, les principaux acteurs du secteur de la décentralisation (maires, préfets, membres du gouvernement, présidents des institutions …) ont tenu une séance de travail le mardi 21 septembre 2021 au palais des congrès de Cotonou. L’objectif de la rencontre a été d’apprécier le document « projet de réforme structurelle du secteur de la décentralisation » en vue de l’amender et de l’adopter. « La finalité de cette réforme c’est de donner les moyens aux Communes de disposer de ressources humaines de qualité. Or, les ressources humaines de qualité, ça a un coût que les Communes ne peuvent pas toujours assumer », a indiqué le ministre de la Décentralisation.
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