(La justice à pied d’œuvre)
C’est un système monté de toutes pièces pour contourner la Douane. Ainsi, tout au long de l’année 2019, des déclarations financières frauduleuses ont été faites, laissant du coup, un gap de près de 361 millions de francs Cfa. Mais le pot aux roses a été finalement découvert. Les cerveaux de cette mafia douanière ont été appréhendés. La justice est à pied d’œuvre pour clarifier la situation et situer les responsabilités.
Le chef brigade du poste douanier d’Hillacondji, à la frontière bénino-togolaise, Achille Allossogbé, l’inspecteur liquidateur Salifou-Boukary Maboudou, le receveur Ali Aboubakar et le transitaire Gustave Mèhinto sont dans l’œil du cyclone. Interpellés par la Brigade économique et financière (Bef) depuis lundi 23 août 2021, ils devront répondre devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) d’écarts financiers constatés pour la gestion 2019. Si pour le moment, la présomption d’innocence est requise en attendant que la justice situe les responsabilités, il faut dire que l’affaire en cours est l’un des exemples de pratiques peu orthodoxes qui étaient orchestrées au niveau des régies financières de l’Etat. Selon nos sources, l’affaire a été révélée suite aux impayés constatés par le receveur d’Hillacondji. Le bilan de l’année 2019 fait état de près de 361 millions de francs Cfa d’écarts. Or, au même moment, les commerçants interpellés déclarent avoir payé les taxes exigées. De leurs côtés, les douaniers suspectés font état de ce que tout a été enregistré, mais prétextent de pannes techniques d’ordinateurs pour justifier leur forfait. Donc, tout n’aurait pas été enregistré. En réalité, c’est un « business » monté de toutes pièces pour contourner les règlements douaniers en vigueur et se faire d’importantes sommes d’argent sur le dos de l’Etat béninois. Les mis en cause ont été arrêtés depuis le vendredi 20 août 2021 et gardés à la Brigade économique et financière (Bef). Le transitaire cerveau de l’affaire, Gustave Mèhinto, a été aussi écouté le lundi 23 août 2021. Son domicile a été perquisitionné le même jour par les éléments de la Bef. Les agents de la douane interpellés seront présentés au procureur spécial de la Criet dans les heures à venir. Du côté de l’administration douanière, il n’y a pas eu de réaction officielle. Elle semble s’en remettre à la justice pour faire la part des choses. Tout au plus, l’on se contente de dire que le temps des pratiques frauduleuses est révolu. Le chef de l’Etat ayant indiqué la marche à suivre, désormais c’est l’intégrité, la compétence et la performance qui sont de rigueur.
Wilfrid Noubadan