Les 26 objets d’arts qui feront le voyage sur leur terre d’origine seront conservés en sécurité et en sûreté. Pour y arriver, le Bénin, en plus des musées en chantier, se fait accompagner par l’Ecole du patrimoine africain, experte dans la protection des collections africaines.
La conservation des objets d’art au Bénin ne souffrira d’aucune insuffisance. L’Ecole du patrimoine africain mettra en œuvre sa belle compétence et expérience de plus de deux décennies qui fait parler d’elle. C’est un atout pour le Bénin qui fait barrage à ce que certains pensent de la restitution.«Restituer, c’est reconnaître aux peuples et aux pays africains la capacité de conserver eux-mêmes leur patrimoine. Donc, la question de savoir s’ils possèdent ou pas des musées relève du paternalisme. » C’est la réponse des auteurs du rapport sur la restitution du patrimoine africain, aux personnes qui s’inquiètent des mesures d’accueil et de préservation des œuvres. En effet, dans la plupart des Etats, des infrastructures muséales de qualité sont achevées ou en chantier. A titre illustratif, le Sénégal, a le Musée des civilisations noires, inauguré le 6 décembre 2018 à Dakar. Un musée dont la construction a duré sept ans. Lancés par Abdoulaye Wade et financé par la Chine à hauteur de 30 millions d’euros, il répond au standing international. Au Gabon, les travaux sont en cours mais il dispose des spécialistes pour la conservation. Au début de la question de la restitution Alain Claude Bilie By Nze, le ministre de la Culture s’exprimait en ces termes selon un média international « Le Gabon n’ayant pas de culture muséale, nous envisageons de construire plusieurs petits établissements à travers le pays afin d’attirer un public le plus large possible. Mais nous souhaitons aussi mettre en place une politique d’échanges avec des musées du monde entier. Nous travaillons avec les responsables du Musée du quai Branly, à Paris, à la formation de notre personnel, l’objectif étant d’assurer la sécurité et la bonne conservation des œuvres.» Quant au Bénin, si la décision n’était pas attendue de si tôt au départ, les dispositions sont prises pour une meilleure réception et conservation. « Après avoir essuyé un premier refus, nous ne nous attendions pas à ce qu’un accord soit trouvé aussi rapidement. Du coup, nos cinq musées nationaux ne sont absolument pas aux normes. Et la question se pose du délai de restitution de nos vingt-six œuvres », avait expliqué l’écrivain Florent Couao-Zotti. « Que fait-on si ces œuvres nous sont rendues immédiatement ? Le gouvernement a créé une Agence nationale du patrimoine et du développement touristique chargée de la mise en place de quatre nouveaux équipements muséaux (dont un à Abomey) et de la rénovation du Musée d’histoire de Ouidah, mais tout cela ne sera pas opérationnel avant la fin de 2019, voire le début de 2020… » avait déclaré Gabin Djimasse, Historien, collaborateur du Musée d’Abomey. 5 ans années après, tout se met en place. En plus des musées, le Bénin jouira en plus de l’expertise des Musées du Quai Branly, de l’expertise de l’Epa.
Située dans la ville capitale du Bénin et créée le 11 novembre 1998, elle est un établissement universitaire à vocation internationale, spécialisé dans la conservation et la médiation du patrimoine culturel tangible et intangible (matériel et immatériel). Héritière du programme Prema de l’Iccrom, l’Epa est une organisation internationale au Bénin depuis le 14 mai 2009, institution à vocation panafricaine depuis le 31 janvier 2015. Spécialisée dans la conservation, la gestion et la médiation du patrimoine culturel africain, elle joue le rôle d’éveilleur de conscience, de conseiller, d’accompagnateur, d’assistant technique pour les pays, communautés, associations, entrepreneurs culturels africains. Elle propose aux Etats africains et à la diaspora de former des professionnels de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine culturel. Pour emblaver toute la terre des collections des musées africains, elle a diversifié ses activités en s’occupant des bibliothèques et des archives, puis en passant au patrimoine bâti, au patrimoine naturel et au patrimoine immatériel. Dans une communication le 27 juillet 2021 au Palais des Congrès de Cotonou, le directeur de l’ Epa , Dr Franck Ogou a présenté les atouts de la structure dont il a la charge, au service de la restitution. Si aujourd’hui des personnes de la partie béninoise sont en formation au musée de Quai branly dans le cadre du projet, l’acquisition de leurs connaissances pourront permettre une transmission aux autres à leur retour. C’est une plus-value qui rendra plus forte l’école qui depuis sa création a formé plus de 2000 professionnels du patrimoine africains, a à son actif 300 activités, a monté 10 expositions, organisé plusieurs conférences internationales, a publié plus de 60 rapports, des chroniques, des actes d’un colloque, et réalisé une vingtaine d’enquêtes.
Intervenant dans plus de 26 pays d’Afrique francophone, lusophone et hispanophone l’école contribue globalement au développement socio-économique des pays et peuples africains, à travers la conservation et la valorisation de leurs patrimoines culturels. Elle s’appesantit sur :la formation de professionnels, l’éducation au patrimoine culturel , l’expertise et assistance dans les projets de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine, pour le développement durable et l’édition et diffusion de publications spécialisées
Le fondement de l’intervention de l’Epa dans
le processus
Elle intervient dans le Programme de travail commun entre les deux parties ( la France et le Bénin) signé le 16 décembre 2019. Ce programme de travail commun prévoit la mise en œuvre d’actions entre les deux parties. Entre autres : la formation tant initiale que continue ; de chantiers des inventaires ; des échanges renouvelés de professionnels et d’experts dans le domaine muséal et patrimonial. Cela va sans dire que « l’Epa a été reconnue par les deux parties comme l’institution régionale de référence qui peut aider à la concrétisation de certaines actions pour le Bénin et les autres pays du continent. D’où la volonté d’appuyer l’Epa pour qu’elle soit à même de combler les attentes » explique le directeur.
Les actions en cours et autres implications
Pour une protection professionnelle des actions sont en cours : la formation et le renforcement des capacités des guides de 60 tourismes, des journalistes culturels en préparation et la formation du personnel des musées à la sécurité, sûreté.
L’Epa est impliquée dans le projet de création du musée de l’épopée des Amazones et des rois du Danhomè. Il y a l’ appui pédagogique de l’INP pour améliorer et développer les formations sur le patrimoine ; l’appui financier pour l’organisation des stages de fin d’étude pour les sortants des trois prochaines années ; l’appui en matériel (notamment sur la partie conservation) et l’appui au fonctionnement/Ressources humaines
A Ouidah, c’est l’implication des étudiants en fin de cycle dans le retour des biens au Bénin. Cet exercice s’observe dans le transfert des objets vers Cotonou ; le transfert des objets de Cotonou vers Ouidah ; la participation au montage de l’exposition. En dehors de ces implications, il y a l’appui scientifique au groupe de vidéastes ; l’organisation des activités scientifiques liées au retour des biens, la mise à disposition d’un volontaire international par l’Ambassade de France et l’exécution de l’inventaire général du patrimoine du Bénin.
Bienvenue Agbassagan