Le slam se révèle être une arme puissante dans la défense des causes des femmes. En leur offrant une tribune pour s’exprimer, sensibiliser et revendiquer, le slam contribue à faire avancer la lutte pour l’égalité des sexes et à donner aux femmes, la force et le courage de se battre pour leurs droits. C’est bien le cas de Mounou Chérifatou, âgée de 21 ans, étudiante en deuxième année de lettres modernes à l’université de Parakou pour qui le slam est une arme puissante pour promouvoir et défendre l’intérêt et des femmes.
Petite de taille, Mounou Kouéga Chèrifatou impressionne par sa capacité à manier les mots avec une aisance déconcertante. Son teint noir éclatant et sa voix l’aident déjà à s’imposer au public. De nature taquine, elle n’a pas froid aux yeux. « C’est ce en quoi le slam a fortement influencé ma nature », avoue-t-elle. Sa voix, profonde et envoûtante, résonne dans les salles de spectacle, transportant son public dans un voyage poétique et émotionnel. Tout ceci, pour porter la voix de la femme et défendre ses droits. « Les thèmes qui me tiennent particulièrement à cœur dans la pratique du slam sont ceux liés à la condition des femmes, ainsi que toutes les luttes et les complications auxquelles elles font face dans la société ou la culture contemporaine », déclare-t-elle sur un ton de détermination. Mounou Chérifatou brise ainsi les stéréotypes et défie les normes, affirmant sa place sur la scène internationale du slam avec une force et une détermination inébranlables. « Je considère le rôle de la femme dans le monde du slam comme un moyen pour elles d’exprimer plus efficacement leur désarroi et leurs ressentis », a-t-elle martelé. Pour elle, le slam a une influence silencieuse mais positive qui encourage la pensée critique et favorise l’empathie. « J’étais allée à Djougou pour une prestation à l’occasion d’un évènement. La ministre des Affaires sociales et de la microfinance et le ministre de l’économie ont vraiment aimé la prestation. C’était une séance de sensibilisation sur le harcèlement sexuel en milieu scolaire traduit en fon comme suit ‘’Agbazatché nùsisi’’. Je voyais certaines jeunes filles se fondre en larmes, certains hommes qui présentaient un air de regret. Vu l’influence que le slam du jour avait sur tout le monde, j’ai été invitée pour plein d’autres évènements ». Le sens d’humour que le slam lui a finalement imposé, l’amène à mettre en haleine son entourage et lui donner vie. C’est aussi ce qui rend vivants ses textes à style unique de poésie et de rythme. Cette transformation que le slam a imposée à sa nature profite aussi bien à sa famille qu’à la société. « Je suis issue d’une famille monogame de quatre enfants dont je suis la plus taquine. Je rends jalouse ma maman car mon papa m’appelle affectueusement « ma Valentine » « ma raison de vivre », a-t-elle confessé. Avec sa personnalité, difficile de prendre congé d’elle dans une discussion. Parallèlement à sa passion pour le slam, Mounou Chérifatou poursuit ses études avec détermination, alliant ainsi sa passion pour les mots à son engagement académique. Mounou Chérifatou incarne la nouvelle génération d’artistes engagés, prêts à faire entendre leur voix et à inspirer les autres par leur créativité et leur vision du monde.
Le slam comme outil d’ « empowerment »
Pour cette artiste engagée, le slam représente bien plus qu’une simple performance. C’est un outil d’ « empowerment », un moyen de se libérer et de faire entendre sa voix. « Le slam est un art complet », a-t-elle confié. Dans ses dires, l’on comprend aisément que le slam permet à Mounou Chérifatou de partager ses pensées, ses émotions et ses expériences de manière directe et authentique. À travers ses textes percutants, elle aborde des sujets qui lui tiennent à cœur, comme l’identité, la justice sociale et le féminisme, suscitant ainsi la réflexion dans le public. « Tout m’inspire, l’histoire de mes parents, mes expériences et celles des autres, la nature, tout ce qui se passe autour me moi m’inspire », dévoile-t-elle avec un brin de sourire. En se servant du slam, Mounou Chérifatou trouve un espace pour exister pleinement, pour affirmer sa présence et revendiquer sa place dans la société. Par ailleurs, le slam offre à Mounou Chérifatou l’opportunité de créer des liens avec d’autres personnes partageant ses préoccupations, mais aussi l’occasion de rejoindre une communauté qui la soutient et la comprend. En partageant ses textes sur scène, elle se connecte avec son public, créant ainsi un dialogue riche et stimulant. En toute chose, les difficultés sont inhérentes. Mais Mounou Chérifatou connue sous le pseudonyme « chérie la slameuse » les transforme en des opportunités pour évoluer. « Être une femme slameuse demande beaucoup de courage et de patience. C’est un parcours semé d’embûches, mais il faut assumer ses choix », conseille-t-elle.
Estelle Vodounnou (Coll)