En 2024, la diplomatie béninoise a été marquée par des initiatives stratégiques et ambitieuses, renforçant la position du pays sur l’échiquier international. Ces actions, sous l’impulsion du gouvernement, ont visé à consolider les relations bilatérales, stimuler les partenariats économiques et promouvoir la culture béninoise à l’étranger. Retour sur les faits saillants de cette année diplomatique.
Le Bénin a multiplié les visites officielles et les accords bilatéraux en 2024, visant à renforcer ses relations avec des pays clés. Parmi les moments forts, la visite d’État du président Patrice Talon en Chine en septembre 2023 a permis la signature de plusieurs accords dans les domaines des infrastructures, de l’éducation et de la technologie. Les impacts de ces accords ont commencé à se faire remarquer en 2024. De même, les relations avec les pays de l’Union européenne ont été dynamisées grâce à des discussions fructueuses avec la France, l’Allemagne, la Belgique, le Portugal et autres. Le Bénin a également consolidé ses liens avec des partenaires africains dans une dynamique d’intégration régionale accrue.
Normalisation des relations avec le Niger
Réunis à Abuja au Nigéria, le samedi 24 février 2024, la Conférence des Chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique (Cédéao) a décidé de lever les sanctions imposées aux pays de l’Alliance des Etats du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) à la suite des coups d’Etat intervenus dans ces trois pays. Cette décision sonne comme une matérialisation du souhait du président béninois Patrice Talon qui l’a révélé à la presse nationale au cours d’une rencontre le 8 février 2024. En effet, à la faveur d’un échange qu’il a eu avec les medias nationaux, Patrice Talon s’est prononcé sur la situation du Niger. Si les sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont durement éprouvé le pays, Patrice Talon a estimé qu’il était temps d’y mettre un terme et de changer d’approche. Pour le président béninois, la Cédéao, en sa qualité de garante de la démocratie, ne pouvait rester insensible à la situation du Niger après la remise en cause de l’ordre constitutionnel. Il estime Patrice que l’eau a coulé sous les ponts et il est temps que la Cédéao change d’approche vis-à-vis du Niger. « Il faut être réaliste. Je suis le premier à vouloir que les sanctions s’arrêtent » a laissé entendre le président béninois. Un plaidoyer qui visiblement n’est pas tombé dans des oreilles de sourds puisque le 24 février 2024, la Cédéao a levé les sanctions. A la suite de la décision de la Cédéao, les autorités béninoises ont donné les instructions pour lever les barrières érigées à la frontière bénino-nigérienne à Malanville. Des démarches ont ensuite été entreprises par l’Etat béninois en direction des autorités du Niger. Même si jusqu’à ce jour, la partie nigérienne continue de maintenir fermées ses frontières avec le Bénin, il convient de reconnaître que les lignes ont considérablement bougé pour ce qui est des relations entre les deux pays au point où, des émissaires du président Tiani, au nombre de six (06), avec à leur tête le ministre de l’Intérieur, de la sécurité publique et de l’administration du territoire, le Général Mohamed Toumba, a effectué du 24 au 25 juillet 2024, une visite au Bénin. Cette visite fait suite à la médiation initiée par les anciens chefs d’Etat Nicéphore Soglo et Boni Yayi au Niger du 24 au 27 juin 2024, en vue de pacifier les relations entre les deux pays. L’une des retombées de ces médiations est la remise par l’ambassadeur du Bénin au Niger, Gildas Agonkan, de ses lettres de créances aux autorités du pays. Il a été notamment reçu par le ministre d’État chargé de l’intérieur le général Toumba. A l’occasion, des questions liées à la coopération sécuritaire, la circulation des camions et titans immatriculation Rb, la gestion des embarquements le long du fleuve Niger, la gestion du pipeline, ont été abordées. L’autre événement diplomatique marquant a été la nomination de Chaïbou Kadadé comme nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Niger au Bénin. Cette nomination, actée par un décret signé le 26 novembre 2024 par le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte au pouvoir à Niamey, a été rendue publique le 27 novembre dans le journal gouvernemental Le Sahel. Cet acte symbolique marque une étape importante dans le renforcement des relations bilatérales entre les deux pays voisins. Ces démarches témoignent de la volonté commune de faire table rase du passé et d’approfondir les coopérations sur les plans politique, économique et sécuritaire.
Une présence renforcée sur la scène internationale
A l’occasion de sa participation active à différents sommets et rencontres internationaux, le Bénin, par l’entremise de la Vice-présidente Mariam Chabi Talata, ou du ministre d’Etat, en charge de l’économie et des finances, Romuald Wadagni, ou encore du ministre des affaires étrangères et de la coopération, Olushegun Adjadi Bakari, a renforcé sa présence sur la scène internationale. Le Bénin s’est notamment illustré par une participation active à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2024. A l’occasion, le chef de la diplomatie béninoise a plaidé pour une mobilisation accrue en faveur des Objectifs de développement durable (Odd). Le discours du représentant béninois a été largement salué pour son appel à un multilatéralisme équitable. Par ailleurs, le Bénin a joué un rôle central dans les discussions sur la transition énergétique et le financement climatique, notamment lors de la Cop29 qui s’est tenue à Dubaï. Le pays a présenté un plan ambitieux visant à réduire sa dépendance aux énergies fossiles, tout en appelant les pays industrialisés à honorer leurs engagements financiers envers les nations en développement.
Visite officielle du Président Patrice Talon au Brésil
Du 22 au 26 mai 2024, le Chef de l’État, Patrice Talon, accompagné d’une délégation, a effectué une visite officielle au Brésil. Ce séjour s’est déroulé en trois étapes principales : une visite à Brasilia, la capitale fédérale ; une escale à Salvador de Bahia, l’ancienne capitale du Brésil, dont la population est composée à plus de 80 % de descendants africains ; une conclusion à São Luis, ville marquée par la mémoire de la mère du Roi Guezo, qui y a fondé le temple « La Casa das Minas » où se perpétuent des rites voduns. Le point culminant de cette visite a été la rencontre entre le Président Patrice Talon et son homologue brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, au Palais du Planalto. En marge de cet échange, des séances de travail ont été organisées avec les autorités politico-administratives des villes visitées, et plusieurs accords de coopération ont été signés. Placée sous le signe de l’amitié et de la coopération, cette visite a également célébré les liens historiques et culturels entre le Bénin et le Brésil. Elle est d’autant plus symbolique qu’il s’agissait de la première visite officielle d’un Chef d’État africain depuis le retour au pouvoir du Président Lula. Ce voyage marque une étape importante dans le renforcement des relations bilatérales entre les deux pays.
Reconnaissance de la nationalité béninoise aux Afro-descendants
Une avancée majeure de 2024 a été le vote de la loi portant reconnaissance de la nationalité béninoise aux Afro-descendants. Cette initiative, saluée comme un geste historique, vise à renforcer les liens entre le Bénin et sa diaspora dispersée à travers le monde. La loi permet à des millions de descendants d’esclaves originaires du Bénin de revendiquer leur nationalité, facilitant ainsi leur implication dans le développement culturel, économique et social du pays. Ce geste traduit l’engagement du gouvernement à réconcilier histoire et avenir, en réaffirmant le rôle central du Bénin dans la mémoire collective africaine et mondiale.
Leadership régional
En Afrique de l’Ouest, le Bénin a joué un rôle de médiateur dans plusieurs crises régionales. Le pays a été actif dans les discussions visant à résoudre les tensions au Sahel, en collaboration avec la Cédéao. La diplomatie béninoise a également soutenu des initiatives de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, tout en promouvant une approche inclusive et axée sur le développement. Par ailleurs, le Bénin a renforcé ses liens avec l’Union africaine en soutenant des initiatives en faveur de l’intégration économique et de la libre circulation des personnes et des biens sur le continent. Ces efforts traduisent une vision ambitieuse pour faire du Bénin un acteur incontournable dans les dynamiques africaines.
Diplomatie économique et attractivité
Sur le plan économique, le Bénin a mis en œuvre une stratégie diplomatique visant à attirer les investissements étrangers. Plusieurs forums économiques ont été organisés à Cotonou, avec la participation de d’importantes délégations internationales. Ces événements ont permis la signature de partenariats stratégiques dans les secteurs des énergies renouvelables, des technologies de l’information, et de l’agriculture. En outre, le Bénin a été choisi pour accueillir en 2024 le sommet des États membres de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Cet événement a permis au pays de renforcer sa visibilité et de promouvoir son potentiel en tant que plateforme logistique et commerciale en Afrique de l’Ouest.
Promotion de la culture et du tourisme
L’une des priorités de la diplomatie béninoise en 2024 a été la valorisation de son patrimoine culturel et touristique. Le Bénin a organisé plusieurs expositions internationales, notamment en Italie, aux États-Unis, en France, au Maroc mettant en avant les trésors artistiques restitués par la France en 2021. Ces expositions ont attiré des milliers de visiteurs et contribué à renforcer l’image du Bénin comme une destination culturelle de premier plan. En outre, le pays a participé à des événements comme le Salon international du tourisme à Berlin, où il a présenté ses projets phares, tels que la valorisation du site historique de Ouidah et le développement du parc national de la Pendjari. Ces initiatives visent à attirer davantage d’investissements étrangers dans le secteur touristique.
Rapatriement des migrants depuis l’Algérie et la Guinée
Un autre succès diplomatique notable en 2024 a été le rapatriement des migrants béninois depuis l’Algérie et la Guinée. Grâce à des négociations efficaces menées par le gouvernement béninois, plusieurs centaines de citoyens en situation de grande précarité ont pu retourner dans leur pays d’origine dans la dignité. Par deux vols charter, effectués les mardi 3 et jeudi 5 décembre 2024, ces migrants, précédemment bloqués en Algérie, au nombre de 250 sont ramenés au pays. Un rapatriement facilité par l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) et le Gouvernement béninois. De même, 54 migrants béninois bloqués en Guinée équatoriale ont été rapatriés le mardi 10 décembre 2024. Ils ont atterri à l’aéroport de Cotonou un peu après 14h. Ces rapatriements ont été réalisés en partenariat avec des organisations internationales et des pays d’accueil, renforçant la coopération internationale.
Ouverture de l’ambassade du Canada à Cotonou
Le 7 novembre 2024, au travers d’un communiqué, le Canada a annoncé sa volonté d’élever le niveau de sa représentation diplomatique à Cotonou au rang d’Ambassade pour marquer une étape importante dans le renforcement des relations entre les deux pays. Un tournant dans la coopération entre le Bénin et le Canada. Cette initiative traduit la volonté des deux pays de renforcer leurs liens diplomatiques et économiques. L’ambassade, qui servira de point d’appui pour des coopérations stratégiques dans les domaines de l’éducation, de la santé et du commerce, témoigne de l’importance croissante du Bénin dans la politique africaine du Canada. Cette ouverture est vue comme une opportunité pour intensifier les échanges bilatéraux et pour encourager les investissements canadiens au Bénin.
Organisation réussie du Hadj 2024
Le Hadj 2024 est l’une des plus réussies depuis que l’Etat béninois a pris ses responsabilités dans ce domaine. 2.300 pèlerins au total ont sacrifié à ce rituel recommandé par le Coran en 2024. Ce chiffre qui rompt avec les précédents quotas, vise à limiter, entre autres, les pertes enregistrées au cours des années précédentes et permettre une meilleure organisation du pèlerinage. Ce choix du Gouvernement est salué à juste titre par l’Arabie Saoudite, pays organisateur. A la cérémonie de clôture du hadj 2024, le Bénin a été distingué dans la catégorie des Offices du Hadj à quota modeste, aux côtés de la Jordanie et de la Malaisie. C’est le deuxième prix décerné aux pays ayant réalisé la performance en termes de satisfaction des pèlerins quant aux services fournis. Cette reconnaissance de l’Arabie Saoudite vient approuver la vision du Gouvernement béninois pour le Hadj, soutenue par le Président de la République, Patrice Talon. Il convient de signaler que de nombreuses réformes ont été opérées dans l’organisation du Hadj pur offrir des conditions satisfaisantes aux pèlerins.
Gabin Goubiyi