Le ministre des Affaires étrangères était face à la presse hier mercredi 12 juillet 2023. L’objectif de cette rencontre avec les professionnels des médias a consisté, pour Olushegun Adjadi Bakari, à faire le point de la participation du Bénin au double sommet Uemoa-Cedeao qui a eu lieu, les 8 et 9 juillet 2023 à Bissau en Guinée-Bissau, avec en toile de fond, la participation du Bénin à ces deux assises.
Cette conférence de presse, la première depuis sa prise de fonction, a été l’occasion pour Olushegun Adjadi Bakari de rendre compte à la presse locale, des grandes décisions issues des sessions de l’Union économique et monétaire ouest-africaines (Uemoa) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) tenues à Bissau, respectivement les 8 et 9 juillet 2023. Ces deux sessions ont bien évidemment connu la présence du président de la république. Quoique les grandes décisions issues de ces deux sessions ont été rendues publiques, le patron de la diplomatie béninoise a jugé utile de rendre compte à la presse, et éventuellement de recueillir les préoccupations relativement au sommet et explorer les perspectives. Pour ce qui est du sommet extraordinaire de l’Uemoa, le ministre Bakari a indiqué que l’objectif principal dudit sommet était d’avoir une revue globale de la situation de la zone monétaire. Il s’agit en l’occurrence du Franc Cfa, une monnaie que le Bénin partage avec les huit pays de l’organisation. Sur ce point, les chefs d’Etat ont fait une analyse globale de la situation et la conférence s’est félicitée de la résilience des économies de la zone dont le taux de croissance est prévu à environ 7% pour 2023. La conférence des Chefs d’Etat a également pris note des multiples efforts déployés par les Etats membres pour préserver le pouvoir d’achat des populations face au renchérissement des coûts des produits alimentaires, une situation liée à l’avènement du Covid-19 et à la crise russo-ukrainienne. Le ministre des Affaires étrangères a en outre indiqué qu’il y a eu d’autres discussions entre les chefs d’Etat sur le programme spécial d’appui technique et financier de l’Uemoa à la Guinée Bissau sur les réformes politiques ainsi que sur les projets communautaires. L’autre décision importante issue de ce sommet à en croire Olushegun Bakari est la levée de la suspension des organes et institutions de l’Uemoa qui pesait sur le Mali.
Patrice Talon pour l’harmonisation diligente des textes de l’Union
Pour ce qui est des réformes envisagées au profit de l’Union, lesquelles sont relatives au fonctionnement des organes de l’Uemoa, « le président Patrice Talon a défendu et porté auprès de la conférence des chefs d’Etat, la nécessité, après un certain nombre d’années de fonctionnement, de revoir et harmoniser les textes qui régissent l’Union, », a confié le patron de la diplomatie béninoise. Le président de la Commission de l’Uemoa a été dûment instruit de faire un travail de toilettage et d’harmonisation des textes de l’organisation dont certaines dispositions s’avèrent caduques. Cette diligence à laquelle le président Talon tient particulièrement aura le mérite d’assurer une réelle mise en œuvre de l’intégration sous-régionale.
La Cedeao portée sur les défis sécuritaires et la question de la monnaie unique
Après le sommet de l’Uemoa qui a s’est tenu samedi 8 juillet 2023, les chefs d’Etats et délégations ont enchainé le lendemain soit le dimanche 9 juillet 2023 avec le sommet de la Cedeao. Du compte rendu fait par le ministre des affaires étrangères aux professionnels des médias, il est à retenir que la question sécuritaire a été le chou gras des discussions de ce sommet. Les discussions ont abouti à décision par les chefs d’Etat présents à Bissau de la mise en place d’une troïka présidentielle composée des présidents Umaro Sissoco Embaló de la Guinée Bissau, Bola Ahmed Tinubu du Nigéria et Patrice Talon du Bénin. « Cette troïka présidentielle va travailler et revenir sous 60 jours avec un plan d’action concret et précis sur ce que nous devons faire d’un point de vue sécuritaire pour contrer les différentes menaces » a indiqué le ministre Olushegun Adjadi Bakari. L’autre sujet non moins d’intérêt qui a polarisé les discussions à Bissau est celui de la monnaie unique. Après avoir pris acte du retard accusé sur l’agenda de la mise en œuvre de cette monnaie qui va inéluctablement booster les économies locales de chaque pays membre de l’organisation, les chefs d’Etat ont instruit les différents gouverneurs de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), le président du Conseil des ministres de l’Uemoa, le représentant du Cap Vert du Ghana, du Nigéria de travailler sur « un plan d’action précis et concret pour aller vers cette monnaie commune de l’éco » avec probablement des phases qui seront des phases intermédiaires.
Quid du choix de Tinubu à la tête de la Cedeao ?
Comme annoncé dans le communiqué final du Sommet de la Cedeao, les rênes de l’organisation communautaire ont été confiées au président nigérian Bola Ahmed Tinubu. Un choix qui a surpris plus d’un vu que le nouvel homme fort nigérian a récemment pris fonction et n’est qu’à sa première participation au sommet. Abordant la question, le patron de la diplomatie béninoise a indiqué que ce choix participe d’une volonté commune des chefs d’Etat, de restituer au Nigéria toute sa place au sein de l’organisation. En effet, le Nigéria pèse 72% de son Produit intérieur brut dans l’organisation communautaire. Selon le ministre, la désignation du président Bola Tinubu sonne comme un espoir de retour du Nigéria dans la Communauté. Cela traduit une vision d’avoir un Nigéria présent et actif aux côtés des autres membres, a fait observer le ministre des Affaires étrangères.
Gabin Goubiyi