Malgré son état agonisant, le Parti du renouveau démocratique (Prd) fait des efforts pour marquer sa présence sur l’échiquier politique national. A travers une Université de vacances (Uv) tenue le weekend écoulé à Abomey-Calavi, le parti a encore donné signe de vie. Une action politique qui intervient quelques semaines seulement après l’annonce par un organe de presse d’une certaine fusion en vue avec un parti proche du pouvoir.
Le tableau n’a pas changé. Le pronostic vital du parti est toujours engagé. Rien de nouveau depuis les récentes élections pour montrer que la pente est remontée. Les récentes promotions de certains cadres du parti à des postes politiques au sein de l’appareil d’Etat ne sont aucunement un signe de vitalité ; car, ce n’est pas cela qui manquait au parti et ce ne sont pas les postes politiques qui donnaient de pouvoir au Prd. On a vu ce parti vivre mieux et animer davantage la vie politique du Bénin sans avoir un seul cadre nommé dans l’administration. On a d’ailleurs connu un Prd souvent avec beaucoup d’élus, même quand il était dans l’opposition.
La situation que traverse le parti depuis qu’il résiste au débat sur la fusion est de plus en plus critique. Depuis 2019 donc, on ne parle plus d’addition, pardon d’adhésion au Prd, mais plutôt de soustraction. Les militants à la base sont de moins en moins en action ; on voit plutôt les leaders s’échiner. En dehors des vaillants cadres à l’image de Augustin Ahouanvoébla et autres qui sont partis, on ne voit plus de cadres véritablement engagés pour défendre le parti. En tout cas, il est aujourd’hui rare de voir Charlemagne Honfo sortir la tête pour parler du Prd. Il était présent à l’Université de vacances (Uv). Mais il a perdu sa vigueur du passé. Que s’est-il passé pour que l’on constate brusquement l’absence sur le terrain du social de Dame Ybatou Sanny Glèlè ? Ne parlons même pas du président Adrien Houngbédji lui-même. On note une démotivation totale dans les anciens fiefs du parti où les militants restants sont contraints de voir leurs adversaires régulièrement en activités politiques. Ils sont aussi obligés de voir leurs adversaires devenus leurs successeurs à la tête des arrondissements, des commissions, des mairies et même à l’Assemblée nationale. C’est une situation vécue par le parti il y a très longtemps. En tout cas, depuis près de 20 ans, à l’avènement de la Décentralisation au Bénin, le Prd n’avait jamais vécu une telle situation. Et depuis 1991, le parti avait toujours été représenté à l’Assemblée nationale. Mais aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire et la fin semble ne pas être pour maintenant.
Résistance suicidaire
Quand on évoque la question de souffrance que vit le Parti du renouveau démocratique (Prd), d’aucuns pensent aux effets des réformes et vont jusqu’à pointer d’un doigt accusateur, le régime de Patrice Talon comme ayant opéré des réformes mettant en difficulté les partis politiques. Mais en réalité, cette idée est révolue. Ceux qui ont compris tôt, ont mis de côté leurs égos au profit des militants à la base et dans l’intérêt supérieur de la Nation. Ils n’ont pas eu peur de perdre leurs ronflants titres autrefois portés dans leurs partis respectifs. Ils ont pris le risque pour aujourd’hui, se retrouver forts.
Pendant ce temps, Adrien Houngbédji et le Prd avaient perdu leur temps à tirer sur des attributs de leur parti notamment le logo ; les structures de base etc., oubliant qu’il fallait conduire les militants vers une destination certaine. Ils ont préféré la résistance à la prévoyance. Aujourd’hui, ils en souffrent grave. Les signaux, tels qu’ils se présentent actuellement ne présagent pas forcément d’un changement de situation en faveur du Prd dans ses anciens fiefs en janvier 2023.
Patrice Talon avait tout dit. Mais il n’avait pas été écouté. Il a quand même fait preuve de bonne foi en appelant le Prd à la gestion du pouvoir. Si seulement cela pouvait faire changer les choses, cela aurait été bon. Malheureusement, la solution n’est pas au gouvernement, encore moins à la grande chancellerie de l’Ordre national du Bénin. Cette situation ressemble simplement à celle qui avait conduit Pharaon dans sa chute face aux Enfants d’Israël (pour ceux qui croient aux Saintes Ecritures).
Abdourhamane Touré