Les Législatives à venir plongent la classe politique dans une agitation fébrile. Autant de départs que d’arrivées enregistrés de part et d’autre dans ce mercato électoral féroce.
La grosse prise qu’a constituée l’arrimage du Parti du renouveau démocratique (Prd) à l’Union progressiste (Up), n’a fini depuis quelques jours, de secouer la classe politique béninoise. Pour beaucoup d’acteurs politiques, la presque fusion des deux partis politiques, offre de nouvelles opportunités, et d’autres possibilités. Ainsi, chacun y trouve l’occasion d’un repositionnement, sûrement vers l’herbe fraîche. Le monde politique semble ainsi fait de petits calculs intéressés. La preuve, alors que la saignée continue au Bloc républicain (Br), l’Up constitue désormais l’attraction forte vers laquelle semble vouloir aller tout le monde. De grands noms de la scène politique y sont annoncés dans les prochains jours. Dans ce mercato préélectoral débridé et sans foi ni loi, le Br devra se retrousser les manches pour y trouver son compte. Du moins, pour maintenir sa position de n° 2 sur l’échiquier politique national. La cassure d’avec le parti de Claudine Prudencio, l’Udbn, n’est donc pas un bon signe. D’ailleurs, ce départ tonitruant de l’Union démocratique pour un Bénin nouveau suscite moult remous et réactions musclées.
Réactions musclées
« S’ils veulent aller à l’Up, ils n’ont qu’à y aller. Ce n’est pas un souci. Dans ma circonscription, l’Udbn n’existe pas », déclare le député membre du Br, Abdoulaye Gounou, visiblement fâché. « Tant qu’il n’y aura pas un congrès de l’Udbn proclamant sa dissolution, et les formalités de radiation au niveau du ministère de l’Interieur, l’Udbn existera toujours et existe juridiquement», lui répond Gérard Gbénontchi, député Up. Passes d’armes. Pas du tout tendre avec le parti de Claudine Prudencio, l’ex-député, Guy Mitokpè, enfonce le clou, et affirme dans un commentaire sur sa page Facebook, que « l’Udbn n’existe plus et ne saurait avoir de responsables, se réclamant comme tels au sein d’un parti qui les a déjà avalés et digérés». L’ancien apparatchik de Restaurer l’espoir ajoute plus cynique : « le reste n’est que tricherie au vu des nouvelles lois, qui refusent toute alliance des partis politiques. En son temps, nous avions bel et bien parlé de l’incongruité de la plupart de ces lois. Les faits sont en train de nous donner raison ». Toujours est-il, que désormais les chemins vers les Législatives de janvier prochain sont semés d’embûches, de crocs-en-jambe, et de nids de poule divers. Cela va être du coup pour coup. Fini l’état de grâce, le jeu est ouvert et tout est possible.
La nouvelle donne
D’ailleurs, on annonce le ministre Jean-Michel Abimbola de retour au sein d’un parti politique de la mouvance. Or, pour avoir claqué la porte du Br il y a quelques mois, on le voit mal aller ailleurs qu’à l’Union progressiste (Up). Une nouvelle qui a semblé provoqué le départ de la fille de Séfou Fagbohoun, Karamatou, du Br, pour éviter qu’un candidat de l’Up ne vienne lui ravir la vedette lors du prochain scrutin dans son fief. Rappelons que la loi N°2018-23 du 17 septembre 2018 portant Charte des partis politiques en République du Bénin, prévoit en son article 15 le cas de scission d’un parti régulièrement enregistré au ministère de l’intérieur et de la sécurité publique. Cet article stipule : « aucun parti politique, nouvellement créé ou né de la scission d’un parti existant, ne peut choisir une dénomination, un emblème, un logo, un sigle ou un slogan qui coïncide avec ceux d’un parti déjà enregistré au ministère chargé de l’intérieur ou qui est susceptible d’engendrer la confusion dans l’esprit de ses électeurs ». Aussi, dans son article 29, la Charte des partis politiques évoque-t-elle, le cas de fusion comme un mécanisme interne. Cet article dispose que les statuts et règlement intérieur prévus doivent comporter le mécanisme de dissolution du parti politique ou de fusion avec d’autres partis politiques.
Jean-Paul Mahugnon