L’univers politique est en proie depuis quelques semaines, à une agitation sans précédent avec des alliances entre partis politiques maquillées sous de fallacieuses appellations telles que mise ensemble ou mise en commun. La récente rupture de l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) de son semblant de fusion avec le parti Bloc républicain (Br), appelle à un remodelage de la philosophie de la réforme du système partisan et un toilettage intelligent de certaines dispositions de la Charte des partis politiques.
Fusion, mise ensemble, mariage, absorption sont entre autres, quelques concepts dont le sens et la portée sont consciemment ou inconsciemment galvaudés dans le contexte politique béninois. Chacun y va de son approche, commentaire ou appréhension pour conférer à ces différentes terminologies une signification qui lui sied au gré de ses intérêts et des enjeux politiques. Le vide juridique laissé par la Loi n°2018-31 du 15 novembre 2019 portant Charte des partis politiques en République du Bénin en ce qui concerne la fusion, dresse le lit à cette confusion qui est à l’origine du cafouillage auquel on assiste depuis lors. La récente rupture de collaboration entre l’Udbn et le Br, remet sur le tapis la question des implications juridiques de l’acte intervenu entre les deux partis le 16 octobre 2021. Beaucoup ont vu le mal venir, la nature ayant horreur du vide. La confusion tire sa source de l’article 29 de la loi précitée qui octroie aux partis politiques, le privilège d’organiser leur dissolution ou fusion. Ce texte a péché par manque de précisions. En conférant aux partis politiques un droit d’organisation et de fusion, le législateur devrait également, de l’avis de beaucoup d’experts, l’arrimer à la philosophie de la réforme du système partisan qui postule pour une clarification du paysage politique à travers la réduction du nombre de partis politiques. Mieux, la fusion devrait être assortie des formalités de déclaration de dissolution du parti au ministère de l’Intérieur, ce qui implique de facto, sa disparition complète et totale de l’échiquier politique. Si le législateur avait ainsi fixé et clarifié les choses, aucune prétention ultérieure de revendication d’un quelconque attribut, logo ou d’identité, n’aurait été possible. On n’assisterait non plus aux aberrations contorsionnistes des textes, ni aux velléités de leur contournement juridique au moyen d’arguments biaisés et empreints de ruse politique.
Sauver le système partisan
Au regard des faits et de l’évolution des choses au niveau du landerneau politique ces derniers temps, un coup d’arrêt s’impose pour clarifier les textes. Le législateur doit prendre ses responsabilités face au cafouillage et à la rouerie politique ambiante pour recadrer les choses. Cette diligence législative aura le mérite de situer les uns et les autres et de ramener la balle à terre face à cette pagaille qui ne dit pas son nom. Il importe de mettre un coup de frein aux élans partisans contraires à l’esprit de la réforme du système partisan. La question est plus que jamais d’actualité au regard de l’imminence de la formalisation du mariage annoncé entre le Prd et l’Union progressiste. Le cas Udbn incline à ce remodelage législatif pour éviter à la fusion annoncée, une pareille issue. Déjà que les deux partis font du maintien de leurs logos et de leurs identités une question non négociable. Le sursaut législatif de la réforme du système partisan en novembre 2019, n’a visiblement pas dissipé tous les nuages et les quintes de toux qui grippent la réforme. Les dernières actualités appellent derechef une impérieuse cure de mise à jour de la Loi n°2018-31 du 15 novembre 2019 portant Charte des partis politiques en République du Bénin. Il y va de la consolidation de la réforme du système partisan qui se trouve être dans un naufrage en haute mer.
Gabin Goubiyi