24 heures après avoir déposé par exploit d’huissier la lettre de suspension de la collaboration de l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) avec le Bloc républicain (Br), Cyrille Djikui a tenté de justifier la décision prise par le parti. Selon le président délégué de la formation politique de Claudine Prudencio, c’est le non-respect de l’accord de mise ensemble qui a conduit le parti à demander la suspension de ses activités avec le Br. Il n’exclut pas un divorce total si les responsables du Br « ne reviennent pas à la raison ». Ci-dessous ses propos sur une radio de Parakou.
Beaucoup pensent que l’Udbn ne peut plus se retirer du Bloc républicain en vertu de l’article 29 alinéa 9 de la Charte des partis politiques.
Cyrille Djikui : Pour rentrer dans un parti, il faut tout un processus. C’est vrai que nous ne sommes pas allés en fusion. Le Br a été le premier à dire que son statut ne lui permet pas de faire la fusion. Qu’est-ce qu’il fallait faire vu qu’il n’y a plus d’alliance et autres. On est parvenu à un moyen terme qui est la mise ensemble. Pour se mettre ensemble, il faut être deux. C’est vrai que si cette mise ensemble avait abouti, l’Udbn se fond totalement dans le Br et on ne parlera plus de l’Udbn. Mais il faut un processus pour y aboutir. La question est de savoir si le processus a abouti ? Quand vous allez quelque part et qu’on ne vous accueille pas, vous faites demi-tour et vous retournez chez vous. Si on vous accueille, vous oubliez d’où vous venez parce que vous aurez trouvé un nouveau domicile ? C’est toute la question. Les frustrations qu’il y a eues, moi je ne suis pas partisan des clashs. Nous avons eu les rapports de presque toutes les coordinations. Quand j’ai écouté le député Abdoulaye Gounou dire que l’Udbn n’est pas si, n’est pas cela, voilà des gens en réalité qui n’ont jamais voulu de cette mise ensemble. Certains agissent comme s’ils avaient des titres fonciers sur leurs positions. On ne veut pas que d’autres personnes viennent. Le problème du Br, j’ai l’impression qu’on ne travaille pas pour le parti mais chacun cherche à s’accrocher. Les coordinations sans exception estiment toutes qu’on les a conduits dans un marché de dupe. C’est nous qui sommes livrés à la vindicte populaire. Quand ça se passe comme cela et que tout porte à croire qu’on est allé à la fusion pour faire disparaître totalement un parti et non pas pour grandir, je crois qu’il y a lieu de s’interroger.
Maintenant, sur le débat juridique, c’est nous qui allons demander la radiation de notre inscription au Ministère de l’intérieur. Cela ne peut intervenir que lorsque la fusion aurait été totale. Ceux qui n’ont pas lu l’accord de mise ensemble peuvent se gosier pour voir les accords qui sont intervenus. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on dit il faut rentrer et on rentre. Il y a un processus, il faut l’intégration des militants. Voilà des choses qu’il faut essayer de voir avant de dire si on a disparu ou pas. Ceux qui sont prêts à voir disparaître l’Udbn, auront encore à attendre pour longtemps.
Vous voulez continuer le chemin seul ou atterrir dans un autre ensemble comme l’Up qui cherche d’autres épouses ?
Pas du tout ! Nous n’allons pas continuer par être l’épouse de qui que ce soit. Les expériences nous ont déçus. C’est avec beaucoup d’enthousiasme que les militants de l’Udbn sont allés au Br. On ne quitte pas un époux pour un autre époux. C’est comme si vous entretenez une relation avant la séparation. Et il faut que quelque chose soit claire : nous avons dit que nous suspendons notre collaboration. Le mot suspension a un sens.
Cela veut donc dire que le divorce n’est pas consommé ?
Cela peut aboutir à un divorce total sauf si les gens reviennent à la raison. Ce n’est pas à moi de décider mais plutôt les instances du parti. J’ai dirigé un Comité qui a estimé que ce n’est pas la mission qu’on lui a confiée. Et on a déposé le tablier. Ceux qui sont pressés de voir le clash, ils ont peut-être raison. Ils sont des devins qui vont au-delà des actes. Les mots ont leur sens. On ne peut pas obliger des gens qui ne s’aiment pas à rester ensemble. Nous avons estimé que l’époux ne nous aime pas. Qu’est-ce qu’il reste à faire ? Rester là et souffrir ?
Nous sommes à 5 mois des Législatives. Qu’allez-vous faire ? Observer les événements ou mouiller le maillot pour faire cavalier seul ?
Un parti n’attend pas forcément les élections pour se mobiliser. Un parti qui veut grandir essaie de s’étoffer et d’avancer. Si on s’organise et on sait qu’on peut aller aux élections, on irait aux élections. Si on estime que le délai est trop court, nous ne sommes pas pressés.
Beaucoup pensent que c’est la question des positionnements qui a fâché l’Udbn
Ce sont des gens qui ne veulent pas prendre la peine de réfléchir et savoir les vraies raisons de notre décision. De quels positionnements s’agit-il ? Le Br confectionne-t-il déjà les listes ? La question n’est pas là. Nous n’avons jamais dit au Br que nous sommes à la phase de confection des listes et de positionnement de gens et que c’est ça qui a amené l’Udbn à se fâcher. Nous sommes victimes de l’accord. Le problème ne date pas d’aujourd’hui. Les gens sont pressés de nous voir dans les bras de l’Up alors que nous n’avons pas fait cette option. Nous restons Udbn pour l’instant.
Source : Urban Fm