Dès l’accession au pouvoir du chef de l’Etat Patrice Talon en 2016, les efforts ont été concentrés sur la diversification de l’économie, la création de nouvelles opportunités de travail aux jeunes, ainsi que la modernisation des secteurs clés pour attirer les investissements étrangers.
Plusieurs projets et programmes ont été initiés par le président Patrice Talon et son gouvernement pour promouvoir l’emploi et favoriser la croissance économique. La stratégie du patron de l’exécutif est de « donner les moyens aux entrepreneurs pour créer des emplois, la première mesure d’action sociale ». La politique du gouvernement a mis un accent particulier sur la création d’emplois durables pour les jeunes et les femmes qui sont les catégories les plus vulnérables sur le marché du travail. Plusieurs projets et programmes visant à stimuler l’entrepreneuriat, améliorer les conditions de travail et encourager les investissements locaux et étrangers ont été mis en place. Le gouvernement s’est mis au travail dès 2016, à asseoir un cadre qui facilite l’insertion des jeunes, diplômés ou non, scolarisés ou non, dans un dispositif qui permette d’avoir de l’emploi salarié ou d’entreprendre pour se prendre en charge. Et dans cette perspective, le dispositif Azoli, « le chemin de l’emploi », composante 1 du Projet d’inclusion des jeunes (Prodij) a été le catalyseur de beaucoup d’initiatives pour redonner de la dignité aux jeunes. Conçu pour impacter à terme 50 000 jeunes, le dispositif a inséré 10 000 jeunes en stage-apprentissage de six à huit mois dans plusieurs entreprises sur toute l’étendue du territoire. Cependant, dans le groupe cible des jeunes sans emploi ou sous-employés, on remarque qu’il y en a de milliers qui ont appris un métier et faute de moyens, n’ont pu s’installer, c’est-à-dire créer leur propre atelier ou lancer une activité ayant rapport avec leur domaine de qualification. C’est donc une cible importante à laquelle le dispositif Azoli s’est attaqué pour faciliter la promotion d’emplois indépendants.
Démarré en 2021, le projet Azoli va impacter 50 000 bénéficiaires au 31 décembre 2025, à raison de 25000 jeunes qui sont accompagnés par les services de l’Anpe vers l’emploi salarié à travers des stages de placement en entreprise et de 25000 jeunes vers l’auto-emploi à travers des formations entrepreneuriales et des subventions d’installation. Il s’agit d’une part, de jeunes artisans tels que des soudeurs, coiffeurs, électriciens, menuisiers,… et d’autre part de jeunes sans qualification, sans diplôme académique, qui bénéficient d’un renforcement de capacités sur les compétences comportementales, les compétences en gestion puis, d’une subvention de 2 00 000 FCfa comme fonds d’installation pour acquérir des outils de travail pour démarrer ou renforcer leurs activités. Dans cette perspective, des chantiers sont actuellement ouverts pour appuyer 8155 jeunes en apiculture avec 1500 jeunes complémentaires dans les zones des parcs W et Pendjari, 8000 cuniculture et 5000 en héliciculture. Toujours dans le volet emploi indépendant et pour appuyer la décision du gouvernement d’interdire l’importation des poulets, des dispositions sont en cours pour enrôler et appuyer 1 000 jeunes en aviculture.
Pour bénéficier du programme, il faut être un jeune âgé de 18 à 30 ans, avoir au plus le Bepc ou n’être jamais allé à l’école, être au chômage ou en sous-emploi.
Psie
Le Programme spécial d’insertion dans l’emploi (Psie) reste l’une des ambitions emblématiques du gouvernement dans le domaine de l’emploi. Le marché du travail est très rude et le critère principal de recrutement demeure la compétence, les expériences. Il est rare de voir des recrutements se faire exclusivement sur la base des diplômes. L’employeur veut être convaincu par des références. Il faut avoir une expérience, mais avant d’avoir cette expérience, il faut l’acquérir, il faut avoir la possibilité d’exercer, de faire ses premiers pas. Etant donné que dans le contexte béninois, il y a peu d’entreprises, et que les systèmes de formation ne permettent pas toujours d’avoir réellement l’implication des entreprises dans la formation, il est souvent très difficile que les diplômés directement sortis puissent avoir leur premier emploi. Il était donc important d’adresser cette cible spécifiquement. C’est fort de cela qu’a été instituée cette initiative présidentielle qui consiste « à recruter, chaque année à la charge de l’Etat, 2.000 jeunes diplômés qui seront placés dans les entreprises privées et publiques sur une période de deux (02) ans avec l’espoir qu’ils sauront se rendre utiles et efficaces pour se faire recruter à l’issue de la période d’insertion ou alors sauront voler de leurs propres ailes dans l’auto-emploi ». Ce que l’on peut appeler accompagnement des primo-emploi est donc une innovation sous sa nouvelle forme dans la mesure où les initiatives antérieures ne mettaient pas suffisamment et exclusivement l’accent sur les entreprises avant 2016, mais elles mélangeaient les stages dans l’administration publique (majoritaires) avec ceux dans les entreprises (minoritaires). Le Psie est donc une initiative du Président Talon en faveur de la promotion et du développement des entreprises par les compétences et l’emploi des jeunes. Le Psie a effectivement pris son envol le 1er juillet 2020. Les principaux résultats obtenus, au 31 décembre 2024 se présentent ainsi qu’il suit : 63 728 candidats à l’emploi inscrits sont éligibles au programme, 1 668 entreprises sont bénéficiaires, 15 501 postes sont demandés par les entreprises et publiés sur la plateforme du Psie, 7 130 candidats dont 30,1% de femmes sont insérés dans les entreprises, 68,6% des allocataires sont maintenus en emploi après le bénéfice de deux ans du contrat du Psie et 13 031 230 391 FCfa de subventions sont accordés aux entreprises bénéficiaires sous forme de salaires directement payés aux allocataires par le trésor public. L’enquête effectuée en juin 2024 sur l’itinéraire professionnel des candidats à l’emploi insérés dans les entreprises révèle un impact significatif du programme sur l’employabilité et le revenu des bénéficiaires. En effet, sur l’ensemble des bénéficiaires arrivés au terme des deux (02) ans prévus au contrat du programme, 68,63 % sont maintenus en emploi, à raison de 55,69% dans l’emploi salarié et 12,94% dans l’emploi indépendant.
Promotion des Pme
Les Petites et moyennes entreprises (Pme) sont considérées comme le moteur de la croissance économique et de l’emploi dans de nombreux pays. Conscient de leur rôle clé, le gouvernement a mis en place plusieurs programmes d’appui aux Pme. Les petites entreprises béninoises bénéficient désormais de subventions, de réductions fiscales et d’un meilleur accès au crédit. Ces mesures ont permis à de nombreuses entreprises de se stabiliser, de se développer et de créer des emplois. Le but du gouvernement est de travailler à donner plus de pouvoir d’achat aux acteurs en optimisant les capacités de production des sociétés coopératives et des Pme grâce à des formations, des constructions d’infrastructures, l’achat et la mise à disposition d’équipements et de matériels de tous genres. A la faveur du partenariat entre le gouvernement et la Fondation des Etats Unis pour le Développement en Afrique (Usadf), plusieurs groupements de producteurs et des Pme ont bénéficié d’appuis qui leur ont permis d’accroître leurs revenus et de maintenir ou créer des emplois. Si avant 2016, ils étaient 27 743 à en bénéficier, de 2016 à 2023, soit en sept ans, une multiplication par plus de quatre des impactés a été observée. Ainsi, 108 617 groupements de producteurs et de Pme avec environ 60 % de femmes ont été accompagnés.
Renforcement des capacités des artisans
Les artisans béninois ont du talent. Toutefois, beaucoup d’entre eux peinent à vivre de leur savoir-faire en raison du manque de formation et surtout de leur incapacité à lever des fonds pour assurer des productions élevées. Pour apporter une solution au problème et redonner de l’espoir aux acteurs du secteur afin de relever leur contribution au tissu économique national, le gouvernement, à travers le Fonds de développement de l’artisanat, a initié et conduit des formations dans les communes ciblées au profit des artisans. Cette pratique qui n’existait pas de façon structurée avant 2016, a permis, de 2021 à 2023, d’impacter plus de 1800 artisans répartis dans 61 communes. De même, pour une professionnalisation plus accrue du secteur afin qu’il génère des revenus substantiels à ses acteurs, le gouvernement a mis en place la chambre des métiers de l’artisanat du Bénin qui a pour mission la défense, la représentation, la promotion du secteur et la protection des intérêts des artisans et des entreprises artisanales auprès des collectivités locales, des instances nationales, sous-régionales et internationales. En perspectives, 4.000 nouveaux artisans seront formés sur la période 2024-2026 en mettant l’accent sur les communes non encore ou faiblement couvertes. Pour mieux structurer l’action de l’Etat au profit des Pme, le gouvernement a procédé à une réforme d’envergure : créer un guichet unique des petites et moyennes entreprises. Cela a donné lieu à la rationalisation qui a consisté à créer par décret n°2022-199 du 23 mars 2022, l’Agence de développement des Petites et moyennes entreprises. L’Adpme est un établissement public à caractère économique et financier qui a pour mission de « contribuer à la promotion et au développement des micro, petites et moyennes entreprises du Bénin à travers l’orientation, l’accompagnement, le financement et la facilitation d’accès aux marchés ». Cette Agence, dont les activités ont démarré en juin 2023, a contribué à la formation de 100 dirigeants de Pme en éducation financière, la formation de 150 jeunes de l’Université de Parakou en entrepreneuriat et la mise en ligne du service d’attestation d’identification au statut de micro, petites et moyennes entreprises (Mpme). A la fin de la mise en place des organes de gouvernance, l’Agence pourra se mettre intensément au service de la promotion et du développement des Pme avec des gains en efficacité pour elles et une meilleure contribution à la création d’emplois. Avec un financement de 21,11 milliards FCfa, l’Adpme contribue au renforcement structurel et au financement de près de 500 Mpme à fort potentiel dans toutes les communes du pays. Une sélection de 150 Pme a été initiée depuis mars 2024 pour les accompagner à travers des appuis techniques et financiers. L’ambition est d’impacter au moins 250 micro, petites et moyennes entreprises dont 100 sélectionnées au cours de cette année 2024. Un dispositif particulier a déjà permis à ce jour d’accompagner 400 Mpme via la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin dans 35 Communes et 50 Mpme via l’Adpme dans les Communes de Lokossa, Natitingou et Toucountouna.
Problématique et enjeux de la promotion de l’emploi au Bénin
La problématique de promotion de l’emploi au Bénin se pose en termes de qualité de l’employabilité des groupes potentiels, de la capacité du système productif national à offrir suffisamment d’opportunités d’emploi pour les jeunes afin de rendre fluide le marché du travail, la transparence sur le marché du travail, la qualité des conditions de travail et des revenus, source d’un sous-emploi important et d’une précarité persistante et la performance du système d’information sur le marché du travail et de gouvernance du secteur. Selon la politique nationale de l’emploi 2020-2025, six (06) enjeux majeurs sont au cœur de la promotion de l’emploi en général et surtout de l’emploi décent, à savoir : une meilleure contribution de la population en âge de travailler à la production de la richesse nationale et au développement de la consommation, la lutte contre la vulnérabilité de la population : assurer le plein emploi et la possibilité pour chacun, y compris les femmes et les jeunes, de trouver un travail décent permettent d’éradiquer l’extrême pauvreté et la faim, la préservation de l’équilibre dans le développement des régions : réduire l’exode rural et la mobilité internationale est un objectif qui permettra de mobiliser les forces vives autour du développement local et d’insuffler une dynamique économique dans les territoires ruraux , la promotion de la cohésion, de la protection sociale et de la paix: prévenir toutes les formes d’insécurité humaine sont des conditions favorables au développement économique et social, la création de valeurs et le développement de l’innovation et de la recherche développement et une contribution à l’éradication de la corruption.
Sergino Lokossou
