Depuis 2016, le gouvernement a initié une série d’actions visant à restaurer l’image de l’enseignement supérieur et à promouvoir la recherche et l’innovation au service du développement durable. Ces réformes ont déjà commencé à changer de façon très significative l’environnement académique, scientifique et social des universités. C’est la quintessence de l’intervention télévisée de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Eléonore Yayi Ladékan qui a présenté les réalisations de son département depuis 2016.
L’enseignement supérieur est inéluctablement l’un des secteurs dans lesquels les résultats des réformes du gouvernement sont notables. Avant l’avènement du régime, de nombreux dysfonctionnements étaient répertoriés dont une faible qualité des offres de formation, l’absence d’une évaluation des enseignants et d’un organe opérationnel de contrôle et d’éthique dans l’enseignement supérieur. En un mot, une absence de commandement qui générait un vrai laisser-aller préjudiciable à l’efficacité du système. Les réformes ont induit une amélioration de la qualité et de l’efficacité externe de l’enseignement supérieur. Ces réformes ont impacté les organes de régulation, de contrôle, d’évaluation qui doivent produire le corpus de textes et assurer l’information et la sensibilisation des acteurs à la base et leur préparation aux changements. Le Conseil national de l’éducation (Cne), les Conseils d’administration et la Délégation au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur (Dce) sont nés. Ce sont désormais les marqueurs de la nouvelle gouvernance administrative, académique, financière et sociale des Universités et autres structures opérant dans les milieux universitaires.
Un point d’honneur sur la qualité des enseignants
En avril 2016, l’effectif du personnel enseignant du supérieur était estimé à 1403. En deux ans (2016 à 2018), 178 enseignants ont été recrutés et une politique de recrutement de 100 enseignants par an sur 5 ans a été décidée pour relever l’effectif d’enseignants. Elle entre incessamment en vigueur avec les prochains recrutements planifiés pour lesquels les candidatures sont déjà enregistrées sur la plateforme dédiée. Jusqu’en 2017, le processus de recrutement des enseignants des universités publiques s’assimilait plutôt à une cooptation. Une telle méthode ne valorisait pas forcément les plus méritants et affectait d’ailleurs négativement la qualité de la formation des étudiants. Il a donc été décidé de la mise en place d’une plateforme pour l’inscription au fichier national des aspirants au métier d’enseignant du supérieur car au-delà d’un simple devoir de délivrance des cours aux apprenants, il devient urgent de mettre en place un processus assez transparent, libre et performant qui passe au filtre les futurs enseignants du supérieur, aptes et très responsables vis-à-vis des apprenants. Dès lors, tout processus de recrutement d’assistants se nourrit de tels profils disponibles dans un fichier. Cela met hors des Universités, des personnes désirant tenter leur chance en attendant de trouver mieux ailleurs. La preuve, une première expérience a confirmé la règle avec plus de 4000 postulants inscrits et environ 1500 candidats jugés éligibles au prochain recrutement d’assistants au profit des Universités publiques au titre de 2024. Au titre des perspectives en ce qui concerne le recrutement des enseignant, il est programmé un plan spécial de recrutement de plus de 1600 enseignants d’ici 2026. A cela s’ajoutera la mise aux normes des offres de formation qui offrira une meilleure redistribution des ressources humaines pour une prise en charge conséquente des apprenants et un véritable gain de compétitivité.
Des formations plus professionnalisées
« Jusqu’en 2016 et au-delà, il est fait grief à notre enseignement supérieur de beaucoup plus former au chômage ou au sous-emploi. » s’est désolée la ministre de l’enseignement supérieur. Comme thérapie, expose-t-elle, le gouvernement a créé depuis la rentrée 2016-2017, les Instituts universitaires d’enseignement professionnels dont l’objectif est de dispenser une formation supérieure courte et focalisée sur les besoins économiques du pays. C’est une innovation car il s’agit d’une formation universitaire de type nouveau, orientée vers des corps de métier, plus pratique que théorique et qui ne dure que 2 années académiques à l’issue desquelles est décerné un diplôme, le Diplôme universitaire de technologie (Dut-Métier). On a dès lors des ressources humaines qui provenant de l’université et qui savent faire quelque chose de leurs mains et surtout dans les domaines prioritaires de l’économie nationale. Cette innovation au niveau du supérieur a déjà été mise en œuvre à Djougou et forme les jeunes aux métiers d’entrepreneur agricole. A l’horizon 2030, moins 5000 jeunes seront impactés dans des secteurs prioritaires ouvrant sur une perspective d’emploi avérée.
Sèmè City : parfaite illustration de l’adéquation formation-emploi
Dans la dynamique d’avoir des offres de formation focalisées sur les besoins économiques du pays mais aussi sur les défis du monde actuel et futur, le Gouvernement a créé un campus hub qui servira de catalyseur pour les formations innovantes. Cette vision est portée par la Cité internationale de l’innovation et du savoir : Sèmè City qui offre des formations de pointe dans de nombreuses disciplines à débouchés professionnels sûrs, sans avoir besoin d’aller en Europe ou en Amérique. Ce centre offre aux jeunes béninois en particulier et aux africains en général une opportunité unique de se former, d’entreprendre, d’expérimenter et d’innover au sein d’un cadre dynamique et stimulant où toutes les ressources sont réunies afin qu’ils repensent collectivement l’Afrique de demain. « Aujourd’hui, de par son rayonnement mondial, Sèmè City constitue une fierté nationale et sa réputation ne fera que grandir. » a laissé entendre Eléonore Yayi qui a confié que grâce aux formations qui y sont dispensées, plus de 100 000 emplois, dont au moins 1/3 d’auto-emplois avec 40 % de femmes seront créés.
Un meilleur cadre de vie pour les étudiants
Le transport, l’hébergement, la restauration sur les campus publics étaient critiques et faisaient l’objet de beaucoup de railleries à cause de leur faible taux de couverture. En effet, l’évolution galopante des effectifs estudiantins sur les différents campus universitaires a longtemps impacté négativement la qualité des prestations sociales fournies nonobstant les énormes moyens mobilisés par l’Etat pour couvrir les besoins. Avant 2016, le nombre moyen d’étudiants transportés par an était de 190.000 environ à Abomey-Calavi. Depuis 2023 il est de 210.000. En 2016, le nombre moyen de plats servis par an était de 683.000 environ à Abomey-Calavi, Cotonou et Parakou. Il est désormais de 800.000 environ. Jusqu’en 2016, le nombre moyen d’étudiants hébergés par an était de 2000 à Abomey-Calavi et Parakou. Aujourd’hui il est de l’ordre de 3.000 soit 50% de plus qu’avant. Un vent nouveau souffle sur ces prestations puisque, pour faire face à ces difficultés, le Gouvernement a décidé d’associer le secteur privé la gestion de ces œuvres sociales. Cette réforme est finalement rentrée dans sa phase active d’opérationnalisation notamment pour les sous-secteurs du transport, de la restauration et de l’hébergement en 2024.
Abdourhamane Touré