Condamné à 20 ans de prison par la Criet, l’ancien ministre des Finances du président Yayi Boni continue son exil aux Etats-Unis. A la faveur du voyage de Lionel Zinsou à Cotonou le weekend dernier aux côtés de Patrice Talon, Komi Koutché a réagi sur Rfi mardi 22 février 2022. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il reste dans une posture radicale, peu encline à la paix.
Komi Koutché, malgré son exil aux Etats-Unis, n’a pas oublié la politique béninoise. Commentant l’actualité politique de son pays, il a remis une couche de critique inappropriée sur ses derniers développements. Reçu ce mardi sur la chaîne internationale Rfi pour commenter l’actualité liée à l’exposition sur le retour des 26 trésors royaux, et sur la présence de l’ancien premier ministre, Lionel Zinsou à Cotonou aux côtés de Patrice Talon, l’ancien ministre Komi Koutché, a semblé ne pas voir d’un bon œil la rencontre de son mentor avec le président de la République. Pour lui, tout bonnement, l’ancien Premier-ministre de Yayi Boni, le banquier international, Lionel Zinsou, n’a pas sa place dans la politique au Bénin, du moins il ne l’a pas encore trouvée. C’est d’ailleurs pourquoi il le traite d’objet volant non-identifiable (Ovni). A la question de savoir s’il est conscient qu’une partie de l’opposition a rejoint le président Talon, peut-être à son détriment, Komi Koutché répond : « Pour moi et pour la majorité des Béninois, Lionel Zinsou est un objet volant non identifiable dans la vie politique béninoise. Donc, tous ces faits que vous citez sont des non-évènements. Lionel Zinsou aurait pu être le chef charismatique de l’opposition. Mais depuis qu’il est parti, il n’a plus jamais fait signe. Nous ne l’avons jamais vu dans un combat de l’opposition et ce qu’il vient de se passer n’est pas quelque chose d’important ». Pour lui donc, l’ancien challenger de Patrice Talon à la présidentielle de 2016, reste un inconnu. Après ses déclarations mardi , il y a déjà eu des levées de bouclier sur les réseaux sociaux, les uns et les autres n’hésitant pas à rappeler, images et vidéos à l’appui, les accointances de Koutché et le 1er ministre d’alors pendant les élections en 2016. Mais ce qui est surprenant, c’est le jusqu’auboutisme affiché par l’ancien ministre exilé aux Etats-Unis, par rapport à la décrispation politique inaugurée par la rencontre Yayi-Talon à la Marina le 22 septembre 2021. Selon lui, c’est tout simplement une rencontre de plus, un dialogue stérile. « Vous êtes dans une opposition pure et dure depuis votre lieu d’exil aux États-Unis, mais en même temps votre ancien président Thomas Boni Yayi, lui, a accepté d’aller discuter à Cotonou avec Patrice Talon, Il en a même profité pour évoquer votre cas, pour voir si vous pourriez rentrer d’exil à Cotonou. Est-ce qu’il n’y a pas quand même un climat de décrispation ? », lui a notamment demandé le journaliste Christophe Boisbouvier
En porte à faux avec l’actualité
L’audience accordée par le président Patrice Talon à son prédécesseur aurait pu provoquer la décrispation de la crise politique et sociale qui perdure depuis 2019. Seulement, le ministre Komi Koutché fait le constat que malgré cette rencontre, rien n’a bougé. La rencontre du 22 Septembre 2021 reste donc pour l’acteur politique en exil aux Etats Unis, une rencontre improductive car les demandes formulées par l’ancien président Boni Yayi ne sont jusque-là pas prises en compte. Il est vrai qu’au lendemain de la rencontre, certains militants du parti « Les démocrates » et certaines personnalités politiques ont recouvré leur liberté. L’ancien ministre estime que cette rencontre n’a pas empêché la condamnation à des peines assez lourdes, des opposants comme Joël Aïvo, Reckya Madougou. « Je vous dirais ce qui suit. Le président Yayi Boni, aujourd’hui, qu’il fasse une démarche dans ce sens-là, c’est à saluer. Mais, depuis ce temps jusqu’à aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ? Rien n’a changé. Vous avez vu que Reckya Madougou a été condamnée à 20 ans de prison, ce qui constitue le tarif normal pour les opposants dans la sous-région. Ils sont tous pour la plupart en France ou en prison et rien n’a véritablement changé », a-t-il déclaré. L’opposant béninois et ancien ministre a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle et 500 millions de francs CFA d’amende pour détournements de deniers publics. C’est sa gestion en qualité d’ancien directeur général du Fonds national de micro crédit (Fnm) qui a été jugée. Tout est parti d’un audit financier, commandé par Patrice Talon en 2017, qui l’accuse d’avoir commis de graves irrégularités avec des pertes énormes de ressources financières évaluées à des milliards. Des salariés du service de comptabilité ont été condamnés avec lui ainsi que six structures de microfinance. La Cour a délivré un mandat d’arrêt contre Komi Koutché.
Jean-Paul Mahougnon