Le médiateur de la République a entrepris de rencontrer les partis politiques. La démarche de Pascal Essou vise à aplanir les divergences, lever les goulots d’étranglement entre les différents acteurs politiques pour des élections législatives apaisées, le 08 janvier 2023. Mais déjà, certaines recommandations issues de ces assises donnent lieu à interrogation au sein de l’opinion. C’est le cas de l’exigence d’une relecture du code électoral en certaines de ses dispositions.
A l’issue des séances avec Pascal Essou, les partis politiques ont formulé une série de recommandations qui selon eux, va dresser le boulevard vers des élections législatives sans heurts le 08 janvier prochain. A la lecture de certaines de ces recommandations, on se demande si les interlocuteurs de Pascal Essou sont sur la même longueur d’onde. En effet, il est apparu à l’issue des échanges, la nécessité pour certains politiques de réviser certaines dispositions du Code électoral. Les partis porteurs de cette doléance ont en ligne de mire, les dispositions qui instaurent le parrainage et l’exigence des 10%. Pour eux, ces verrous doivent être levés pour permettre à tous les partis politiques qui le désirent, de se présenter aux élections. D’autres vont jusqu’à proposer la suppression de certaines conditions préalables à la participation au scrutin. Finalement on se demande si revenir aujourd’hui sur ces dispositions prévues dans le code électoral n’est pas une marche à reculons quand on connaît l’esprit qui a guidé ces réformes. Pour mémoire, elle s’inscrit dans une dynamique de clarification du paysage politique et de réduction du nombre exagérément inutile, de partis politiques. La réforme vivement souhaitée par la quasi-totalité des acteurs politiques a, à l’épreuve de sa mise en œuvre, créé quelques difficultés à certaines formations politiques. L’exigence des 10% des suffrages exprimés à obtenir pour concourir au partage des sièges par exemple, a été durement éprouvée par certaines formations politiques non représentatives sur le territoire national à l’occasion des dernières élections municipales et communales. On comprend donc tout l’intérêt de ces partis politiques à voir réviser cette disposition du Code électoral mais là encore, il est à craindre que l’on retourne à la case départ.
Le risque d’un retour à la case départ
La réforme du système partisan au Bénin a visiblement été mal appréhendée par certains acteurs politiques. La philosophie de cette réforme politique majeure est de susciter des regroupements de formations politiques. Au regard des exigences du Code électoral, ces regroupements ou fusions dans de grands ensembles, constituent la véritable panacée pour conférer une chance de survie aux anciens partis régionaux, départementaux ou communaux. Mais certains peinent encore à intégrer cette réalité. Réviser à nouveau cette loi qui a été déjà toilettée, fin 2019, en respect aux recommandations du dialogue politique des 10,11 et 12 octobre 2019, est une manière de remettre en cause cette réforme et de revenir en arrière. Ce faisant, le risque est grand d’enregistrer des candidatures fantaisistes aux élections. Toutes choses qui ont nécessité ces réformes. Du coup, on s’interroge sur le sort et la pertinence d’une telle recommandation formulée par certains interlocuteurs de Pascal Essou. Même s’il a promis rendre compte à qui de droit, beaucoup estiment que cette recommandation n’a aucune change de prospérer. En attendant, wait and see.
Gabin Goubiyi