Produits de nos terroirs très peu connus, pas utilisés de façon homogène sur tout le territoire mais pourtant d’une grande importance économique. Il s’agit des champignons comestibles du Bénin. En plus de l’intérêt économique que ces champignons peuvent apporter aux populations, ils ont également des qualités nutritionnelles et des vertus médicinales. A en croire le Professeur Mansourou Moudachirou de l’Académie nationale des Sciences, Arts, et Lettres du Bénin (Ansalb), il est important d’assister les populations dans la création des chaines de valeur ajoutée basée sur ces ressources fongiques.
Le Benin, avec sa diversité climatique et ses écosystèmes variés, offre un habitat propice à la croissance des champignons. Avec plus de 800 variétés de champignons dont une cinquantaine de haute valeur nutritive, ces champignons se trouvent principalement dans les régions forestières du pays, telles que les forêts du Sud et du Centre. Les zones comme le plateau d’Allada, la forêt de l’Ouémé et le parc national de la Pendjari abritent une grande variété d’espèces comestibles. « Nos forêts abritent des quantités phénoménales de biomasse fongique comestible. Ce que nous préconisons, c’est d’assister les populations dans la création des chaînes de valeur ajoutée basée sur ces ressources fongiques parce que les quantités sont énormes. L’exploitation traditionnelle ne permet de tirer le maximum de profit de cette ressource.», a confié le Professeur Nourou Soulémane Yorou directeur de l’unité de recherche en Mycologie Tropicale et Interactions plantes-Champignons du sol (MyTIPS), de l’Université de Parakou. Ce dernier a réalisé de nombreux travaux de recherche et publications sur ces ressources fongiques. En novembre dernier, il a présenté à Cotonou une communication dont le thème est « Champignons comestibles : distribution géographique et intérêt économique au Bénin ». Il a fourni d’entrée un aperçu préliminaire de la diversité macrofongique au Bénin. Dans une approche transversale, il a exploré leur répartition et les menaces auxquelles les champignons sont confrontés au Bénin et a proposé des actions pour leur conservation.
Une filière sous
valorisée…
A en croire le Professeur Nourou S. Yorou, le Bénin n’abrite pas moins de 50 espèces comestibles sauvages, comprenant une quinzaine d’espèces cultivables. Les travaux antérieurs d’inventaire et de suivi des champignons dans leur milieu naturel de l’Unité de recherche ont rapporté des productions naturelles annuelles de l’ordre de 300 kg/ha. Pour une forêt comme celle de Wari-Waro avec une superficie de 105 600 ha, on peut imaginer que c’est plus de 31 tonnes de biomasse fraiche de champignons comestibles qui sont produites annuellement, desquelles au plus 2% sont exploitées par les populations locales. « La filière existe mais elle est très peu valorisée par nos décideurs politiques. » a indiqué Olyvia Gwladys Fadeyi, doctorante en monitoring et conservation de la biodiversité spécialisée Mycologie Tropicale. Elle va ajouter plus loin que « les champignons ne devraient pas être négligés, parce que non seulement ils ont des vitamines, ils contiennent aussi des éléments nutritifs très importants pour la santé. Ces champignons sont également valorisés la médecine traditionnelle et moderne ».
La Chaîne de Valeur ajoutée
Il y a une forme de valorisation qui n’est pas encore connue. C’est pourquoi il est important de faire la promotion de cette ressource de façon à ce que les populations soient assistées depuis la récolte en milieu rural jusqu’à la mise de la ressource sur le marché en passant par toutes les étapes, tous les maillons de la chaîne à savoir la récolte, le nettoyage, le séchage, l’emballage et tout ce qui suit. « Si nous mettons les moyens à la disposition des jeunes, des femmes et des opérateurs économiques, ils pourront faire des entreprises pour distribuer ces champignons là et cela va constituer un apport économique pour les individus et pour le Bénin », soutient le professeur Mansourou Moudachirou.
A l’unité de Recherche en Mycologie tropicale et interactions plantes-champignons du sol (MyTIPS), de l’Université de Parakou par exemple, des services pour accompagner des populations locales à tirer un meilleur profit de la disponibilité spatio-temporelle des champignons dans les forêts existent. Les services proposés dans ce sens incluent : la formation des responsables des Ong, particuliers, femmes et jeunes sur les bonnes techniques de ramassage/production et de conditionnement des champignons sauvages comestibles, le Suivi-Appui-Conseil pour la promotion de la filière des champignons en Chaîne de Valeur Ajoutée, la Fabrication et la mise sur le marché de divers produits à base de champignons (thé, épices, compléments alimentaires), le service traiteur (restauration : mets à base d’espèces comestibles).
Sergino Lokossou (Coll)