Le gouvernement du Bénin ne fixera plus de prix plancher du soja, du karité, et du cajou, dans le cadre de la campagne de commercialisation. Cette bonne nouvelle pour les producteurs agricoles leur permet désormais de vendre leur récolte comme ils entendent. Une décision qui est motivée par plusieurs facteurs.
Halte aux incompréhensions, aux plaintes enregistrées et à la confusion entre prix plancher et prix de cession homologué que crée la fixation des prix plancher à l’occasion de la campagne de commercialisation de certains produits agricoles notamment le soja, le cajou et le karité. En effet, sur le terrain, il est malheureux de constater que la fixation du prix plancher reste fortement dommageable aux producteurs parce que les acheteurs les grugent tout en mettant l’Etat en difficulté. Or suivant la philosophie de cette mesure, le prix plancher est un prix indicatif minimum, fixé en concertation avec les acteurs des filières, afin de garantir un niveau minimum de revenus aux producteurs, quelle que soit la conjoncture qui prévaut. Il se distingue du prix d’achat. Pour des filières qui ne sont pas à un niveau optimal comme le karité, le cajou et le soja, certains acteurs, notamment les gros acheteurs, grugent les producteurs en leur faisant croire que lorsque le Conseil se prononce sur le prix plancher, c’est le prix unique définitif d’achat. De sorte que, même lorsque la conjoncture est très favorable pour que le producteur en tire des revenus importants, il est limité. Cette attitude des acheteurs/exportateurs, s’explique aussi par leur volonté de ne pas payer les taxes à l’exportation. Ainsi, ceux qui sortent les produits par le port de Cotonou paient ces taxes perçues au cordon douanier (120 FCfa/kg), mais ceux qui les sortent par voie de terre, parfois de façon clandestine, échappent à ces taxes et imposent aux producteurs d’en supporter une partie. Ce qui est une véritable injustice. Or, en réalité, le producteur n’est pas concerné. Lorsqu’il vend son produit dans son champ, dans sa maison ou dans son magasin, les agents de la douane ou des impôts ne sont pas là. C’est donc celui qui transporte les produits pour les sortir du territoire national qui doit payer. Autrement dit, c’est comme aller au marché ou en boutique pour acheter des produits. Les taxes qui sont payées dessus, l’Etat ne va pas voir les fabricants pour les faire payer. Le même principe est appliqué. En clair, l’acte des acheteurs est un pur abus. Et c’est pour que les producteurs sachent définitivement que l’Etat ne les empêche pas de vendre leurs produits pour en tirer les meilleurs profits, que la décision est prise. Cette décision démocratise bien le commerce autour de ces spéculations. C’est une justice que vient de rétablir le gouvernement car les agriculteurs ont désormais la liberté de vendre leur produit au prix qui leur convient et qui est à leur avantage.
Hypothèse d’un producteur à la fois transporteur
Il faut dire que dans ce cas, le producteur revêt le manteau d’acheteur. Cela signifie qu’il a certainement un client à qui il va livrer le produit parce qu’il a déjà reçu l’argent de la commande, ou qu’il va le recevoir après avoir livré. Dans ce cas, il lui appartient de récupérer chez son client, les montants à verser au cordon douanier. Autrement, tous les acheteurs vont gruger l’Etat en se cachant derrière les producteurs. Il faut alors comprendre que c’est une décision prise dans l’intérêt des producteurs afin qu’ils profitent des fruits de leurs efforts.
Qu’en sera-t-il du coton ?
L’appréciation faite sur la fixation du prix plancher sur certains produits agricoles pourrait susciter des analyses sur le cas coton. Mais d’entrée, il faut dire que cette filière a déjà un très bon niveau d’organisation et chacun des acteurs connaît sa partition et la joue dans l’intérêt de la filière entière. C’est pourquoi ici, il s’agit de prix homologué d’achat aux producteurs et non de prix plancher.
B. A