Les ambassadeurs de l’Union européenne, de la France, des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Allemagne et le Chargé d’affaires de l’ambassade de Luxembourg ont effectué une visite de terrain le vendredi 28 février 2025 dans le département du Mono. L’objectif de cette descente est de toucher du doigt les réalités relatives à la mise en œuvre des projets financés par les pays membres de l’Union européenne au Bénin.
Journée marathon pour les ambassadeurs de la « Team Europe » le vendredi dernier dans le département du Mono. A Grand-Popo, les chefs de mission diplomatique ont visité les différents projets financés par les États membres de l’Union européenne en vue de permettre l’indépendance économique des populations et de conserver les ressources naturelles et la biodiversité grâce aux projets Agereb, Delta Mono, École Delta et Ppmeg. L’une des principales étapes de la descente est le refuge des espèces menacées et en voie de disparition à Gbècon. A ce niveau, les ambassadeurs de l’Union européenne, de la France, des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Allemagne et le Chargé d’affaires de l’ambassade de Luxembourg se sont imprégnés des grandes avancées enregistrées après la rénovation du site sur financement du Luxembourg. Cette association contribue à la protection des espèces menacées de la biodiversité du Mono, au développement des actions de formation et de sensibilisation des communautés riveraines de la réserve biosphère transfrontalière du delta du Mono, à la collecte des informations et la production des documents scientifiques sur les espèces menacées et à la promotion de diverses activités. Ce projet a été mis en œuvre grâce à l’appui à la gestion de la réserve de biosphère du Mono et de l’aire marine protégée Bouche du Roy pour un développement économique inclusif durable. S’étendant sur une période de juillet 2023 à juillet 2027, il prend en compte les communes de Bopa, Comé, Grand-Popo, Ouidah, Djakotomey, Aplahoué, Athiémè, Lokossa, Houéyogbé, Kpomassè.
Le cadastre, un outil pour la sécurité foncière
La commune de Grand-Popo s’implique activement dans la protection de la mangrove, la préservation de la biodiversité, le soutien à une économie locale durable, l’éco-tourisme en veillant à la sécurisation des terres et domaines fonciers, à travers notamment le cadastre. Selon le maire, la ville a bénéficié de deux projets sur le plan foncier financé par l’ambassade du Royaume des Pays Bas. Il s’agit des projets de modernisation de l’administration foncière Pmaf et du projet de préparation de la mise à l’échelle du cadastre national. Ces deux projets représentent une véritable opportunité pour la commune, à travers le renforcement des capacités des acteurs, notamment en matière de gestion foncière et de sécurisation du patrimoine foncier de nos concitoyens et des investissements des particuliers. Par ailleurs, de 2022 à 2023, l’arrondissement d’Agoué a bénéficié de la sécurisation d’une superficie d’environ 1.558 hectares avec 9.066 droits fonciers enregistrés dans la base nationale de données cadastrales dénommée e-Foncier Bénin. La mise à jour des données cadastrales initiée par le projet Bpmf a eu pour objectif la prise en compte des différents cas de transactions foncières avec pour objectif de rendre conforme la base des données cadastrales à la réalité du terrain.
La formation des jeunes, l’autre volet d’intervention de l’Ue
Le centre Nonvignon est un hôtel restaurant d’application qui offre diverses formations aux jeunes défavorisés et aux femmes. Il est spécialisé dans la formation professionnelle pratique en tourisme-hôtellerie-restauration avec 20 % de théorie et 80 % de pratique. Selon la promotrice, il a été créé pour régler le manque de compétences de la main-d’œuvre employée par les nombreux hôtels et restaurants présents dans la région. Le centre Nonvignon a développé une grande potentialité à travailler avec les locaux, avec la commercialisation des produits conçus par les entreprises locales. A travers le projet de l’appui à la gestion de la réserve de biosphère du Mono et de l’aire marine protégée Bouche du Roy pour un développement économique inclusif durable (Agereb), il s’agira pour les différentes parties de réviser les curricula de formation pour les adapter aux demandes des entreprises de l’Horeca dans la réserve, de mettre en place une plateforme web pour accompagner l’insertion professionnelle des jeunes formés au centre, d’appuyer la mise à disposition des plateaux techniques du centre et de sélectionner des boursiers. L’intervention s’inscrit dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle du Bénin à travers le Programme Ben/003 « École des métiers du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration» du Grand-Duché de Luxembourg. Elle participe également aux démarches entreprises par le gouvernement du Bénin, en particulier par l’Agence de développement de l’enseignement technique (Adet), pour réaliser l’école des métiers du tourisme.
L’autonomisation des femmes du Mono
Le site de production et de transformation rizicole du cluster Matékpo est l’autre projet qui a bénéficié de l’attention des ambassadeurs au cours de leur périple. Composée de 181 producteurs regroupés en 17 coopératives, cette plateforme d’innovation du riz biologique était autrefois confrontée à d’énormes défis dont la lutte aviaire, la maitrise de l’eau, l’acquisition d’équipements et sources d’énergie renouvelable, l’accès au financement, la recherche de variétés de riz plus adaptées aux conditions hydrauliques, gestion de l’eau et le développement des activités alternatives. Avec l’appui de Delta Mono, de grandes avancées ont été obtenues. Il s’agit du renforcement des capacités sur les techniques de production agroécologiques, de la mise en place de deux repiqueuses, de la facilitation de la participation à des foires agricoles, l’appui à la mise en place d’une expérience pilote de production de riz de mangrove et développement des activités alternatives aux producteurs. Cela a permis d’accroître considérablement la capacité de production et les performances du cluster.
Le grossissement des crabes, une activité génératrice de revenus
Dans le village de Gbèhoué, une activité très prisée par la majorité des jeunes est l’élevage et le grossissement des crabes. Avant l’intervention du projet, cela était à la base des feux de végétation, de la destruction de l’écosystème côtier avec la perte de la biodiversité et la fluctuation des prix et des volumes de capture selon les saisons. Au nombre des défis, il s’agit de préserver les populations de crabes et l’équilibre des écosystèmes côtiers et de mangrove, de réduire la pression sur les stocks naturels de crabes grâce à des pratiques de collecte raisonnées, de contribuer à la conservation de la biodiversité locale et de générer des revenus additionnels durables pour les communautés locales tout en promouvant une filière économique viable pour les jeunes et les femmes de la région. L’appui des partenaires a permis d’accompagner les jeunes collecteurs de crabes pour leur structuration, de sensibiliser les autorités locales sur l’existence de la réserve et la nécessité de la préserver et de construire des loges de grossissement de crabes à base de pneus recyclés. Ces initiatives ont contribué à la réduction de la fréquence de la cueillette de crabes et à la démultiplication du dispositif en loge à base de matériaux recyclés par trois collecteurs dans l’arrondissement de Gbéhoué et d’Agatogbo. Des solutions qui ont impacté de manière positive le quotidien des populations dans le département du Mono et de conserver la biodiversité.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)