La dynamique économique semble bien engagée sous le magistère du président Patrice Talon, qui, en 9 années de gestion de pouvoir, a imprimé sa marque à coup de réformes soutenues par des investissements massifs et la confiance des partenaires au développement. Le pays s’est fortement métamorphosé et se hisse comme une destination sûre et de rêve pour nombre d’investisseurs.
Selon les dernières données de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), le pays a enregistré une croissance de 7,5 % en 2024, soit une progression notable par rapport à l’année précédente. Cette performance repose sur une stratégie de diversification économique qui mise sur le développement des infrastructures, le renforcement du secteur industriel et la modernisation de l’agriculture. L’économie béninoise est principalement portée par le secteur tertiaire, qui contribue à hauteur de 3,6 points au PIB réel, grâce à l’expansion des services et du commerce. Le secteur secondaire, avec une croissance de 9,7 %, bénéficie du dynamisme de l’agro-industrie et des grands chantiers de construction. Quant au secteur primaire, il enregistre une hausse de 5,9 %, soutenue par la progression de l’agriculture et de la pêche. La Zone Économique Spéciale de Glo-Djigbé (Gdiz) joue également un rôle clé dans cette dynamique en renforçant la compétitivité du pays.
Malgré un contexte régional complexe, marqué par des défis monétaires et des tensions commerciales, le Bénin affiche des ambitions élevées pour 2025. Le gouvernement table sur une croissance de 6,8 %, portée par la modernisation du secteur agricole, la consolidation du tissu industriel et l’attractivité des investissements privés. Avec ces réformes, le pays continue de s’imposer comme un acteur économique clé en Afrique de l’Ouest.
Diversification de l’économie
La politique économique en 2025 sera orientée vers la poursuite de la transformation de l’économie conformément au Pag 2021-2026. Plus précisément, l’État continuera les actions de diversification de l’économie, d’augmentation des capacités de production et d’amélioration de la productivité de l’économie. A cet effet, les projets et réformes inscrits au Pag non encore achevés seront accélérés. Un accent particulier sera accordé au développement du secteur industriel. L’objectif est de poursuivre la remontée des chaînes de valeur par une transformation locale des produits agricoles et non agricoles. Dans ce cadre, l’État continuera le développement de la Zone Économique Spéciale de Glo-Djigbé et poursuivra son accompagnement au secteur industriel en général. La politique publique visera également le développement des chaînes de valeur régionales. L’État veillera à cet effet à approfondir ses relations économiques avec ses partenaires sur le plan régional afin de construire des relations mutuellement avantageuses, favorables à l’expansion du secteur privé. Sur le plan social, l’État poursuivra l’extension des filets sociaux et le progrès vers l’atteinte des Odd. L’objectif est de faire bénéficier les fruits de la croissance au plus grand nombre possible et d’améliorer les conditions de vie des Béninois, notamment les plus vulnérables. A cet effet, la généralisation du projet Arch se poursuivra, les autres mesures sociales seront renforcées et les projets à fort impact social sur les Odd (cantines scolaires, accès à l’eau portable, etc.) continueront de cristalliser l’attention. L’économie béninoise devrait ainsi poursuivre son accélération en 2025, grâce à la célérité dans la mise en œuvre des actions prévues au titre du Pag 2021-2026. En tenant compte de l’évolution prévisible de la conjoncture aux plans international, sous-régional et national, le taux de croissance de l’économie ressortirait à 6,8% en 2025 après 6,7% en 2024 et 6,4% en 2023. Cette croissance serait portée par l’ensemble des secteurs. Le secteur primaire, soutenu par les activités du sous-secteur agricole, enregistrerait une croissance robuste. Le taux de croissance du secteur devrait s’établir à 5,8% contre 5,9% en 2024. Le secteur devrait continuer à bénéficier des effets des actions et réformes récentes qui y sont mises en œuvre et qui concernent principalement le renforcement de l’encadrement des producteurs, la mise en place à bonne date et en quantité suffisante des intrants coton et des intrants spécifiques pour la production vivrière, les mesures de facilitation de l’accès aux financements adaptés à travers l’opérationnalisation du Fonds national de développement agricole (Fnda). Ces actions seraient renforcées par la création en cours de plusieurs sociétés qui devraient davantage dynamiser l’activité dans le sous-secteur agricole, depuis la production jusqu’à la commercialisation. Il s’agit entre autres, de la Société béninoise des aménagements agricoles (Sobaa) qui faciliterait l’accès à l’eau de manière durable pour tout producteur, la Société de développement des semences et plants (Sodesep) qui favoriserait l’accès aux semences agricoles certifiées et hybrides à coût réduit, la Société nationale de mécanisation agricole (Sonama) pour l’optimisation des facteurs de production grâce à la mécanisation agricole, la Société de développement et d’agrégation des produits agricoles (Sodapa) dont le rôle serait de faciliter l’accès aux marchés grâce à l’achat systématique des productions agricoles destinés à l’exportation.
Budget de l’État
Les opérations budgétaires, au titre de la gestion 2025, affichent une hausse des recettes et des dépenses. Il est attendu pour les recettes budgétaires, au titre de la gestion 2025, un montant total de 2 367,4 milliards Fcfa, soit une hausse de 14,0% par rapport au Budget 2024. Ces recettes peuvent se décomposer en recettes pour le compte des régies, recettes du Budget annexes et autres recettes (y compris les recettes de l’Andf). Quant aux dépenses, elles devraient enregistrer une augmentation de 8,9%. Les recettes pour le compte des régies connaitraient une amélioration en 2025. Ces recettes sont constituées des recettes du Budget général (y compris les exonérations) et des recettes des régies affectées aux comptes d’affectation spéciale. Elles progresseraient globalement de 15,7% en 2025. La répartition par régie financière se présente comme suit : Douane : 772,2 milliards Fcfa contre une prévision initiale de 698,9 milliards Fcfa pour 2024, soit une hausse de 10,5%. Les exonérations sont prévues pour 106,9 milliards Fcfa et 106,0 milliards Fcfa, respectivement pour les années 2024 et 2025, impôts : 1 311,1 milliards Fcfa contre une prévision de 1 112,6 milliards Fcfa en 2024, soit une hausse de 17,8%. Les exonérations sont prévues pour 11,9 milliards Fcfa et 12,0 milliards Fcfa, respectivement pour les années 2024 et 2025 ; trésor : 128,8 milliards FCfa contre une prévision de 99,8 milliards Fcfa en 2024, soit une hausse de 29,1%. Les autres recettes budgétaires devraient baisser. Les autres recettes sont composées des recettes de l’Andf, des dons budgétaires, des allègements de la dette, des fonds de concours et dons projets, des autres recettes non fiscales et des recettes des comptes d’affectation émanant des ressources extérieures. En prévision, ces recettes devraient se contracter de 9,5% au titre de la gestion 2025 en comparaison à la Loi de Finances, gestion 2024, imputable aux dons.
Forte croissance en 2025
En se basant sur les orientations de politique économique pour l’année 2025, le taux de croissance s’afficherait à 6,8% en 2025, contre 6,7% en 2024. Cette amélioration serait rendue possible grâce à : la poursuite des bonnes performances du secteur agricole, la dynamique du secteur secondaire marquée par la poursuite des activités de construction de grands projets d’infrastructures inscrits au Pag 2021-2026 dont le Quartier Culturel et Créatif de Cotonou (Qcc)4 et la cité financière, la vigueur du secteur de l’énergie soutenue par la poursuite de l’extension des capacités de production et de distribution de l’énergie électrique, l’expansion de la Gdiz pour booster le secteur industriel et l’amélioration des services tirée par la poursuite du plan de développement et d’investissement du Port autonome de Cotonou. L’année 2025 serait également marquée par la poursuite de la consolidation budgétaire et une hausse modérée des prix. Ces perspectives de croissance se réaliseraient dans un environnement non inflationniste et de maîtrise du déficit budgétaire, dans le souci de respect des critères clés de convergence de l’Uemoa. Le Budget 2025 est attendu en hausse par rapport à la Loi de finance, gestion 2024. Somme toute, le projet de loi de finances, gestion 2025, s’équilibre en ressources et en charges à la somme de 3 551,0 milliards FCfa, en hausse de 11,0% en comparaison à 2024.
Une diplomatie économique attractive
Cette approche s’est concrétisée dans les partenariats stratégiques noués avec des pays comme l’Afrique du Sud pour l’accès au marché textile, l’Inde pour la transformation de l’anacarde, le Maroc avec qui des coopérations industrielles sont en cours, ou encore les Emirats arabes unis dans la perspective d’accords de libre-échange. Le ministre des affaires étrangères en mai 2025 a rappelé les réformes engagées par le gouvernement pour améliorer l’attractivité du pays. Il évoque un cadre juridique modernisé avec la révision des principaux textes en matière d’investissement, de droit du travail, de foncier et de secteur minier. Ces efforts visent à offrir un environnement des affaires plus clair et plus prévisible pour les opérateurs économiques. Par ailleurs, il met en avant le rôle central de l’Agence de promotion des investissements et des exportations (Apiex) qui constitue un guichet unique pour les investisseurs. Cette structure simplifie les démarches, évite la dispersion administrative et accompagne les projets de bout en bout. « Nous savons où nous allons, et cela donne confiance», insiste le ministre. Olushegun Adjadi Bakari a aussi souligné l’importance stratégique de la zone économique spéciale de Glo-Djigbé, présentée comme la vitrine de l’industrialisation béninoise. « Nous n’avons plus besoin de longs discours. Aujourd’hui, nous pouvons montrer du concret. Des usines tournent. Des investisseurs travaillent », laisse-t-il entendre. Cette dynamique est appelée à se poursuivre avec la zone de Sèmè-Kpodji, destinée à devenir un nouveau pôle industriel régional. La modernisation de la diplomatie passe également par l’intégration du numérique. Le ministre a illustré cette évolution par le recours de plus en plus fréquent à des échanges directs entre chefs d’Etat via des applications comme WhatsApp. « Cela bouleverse les anciennes procédures diplomatiques ; nous devons intégrer cette réalité pour gagner en réactivité», explique-t-il.
Olushegun Adjadi Bakari insiste aussi sur l’urgence pour le Bénin et l’Afrique de faire entendre leur voix dans les grandes négociations internationales sur les technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle. « L’Afrique doit être présente dans les discussions sur les régulations futures », suggère-t-il. A travers sa diplomatie économique révolutionnaire, le Bénin cherche non seulement à attirer des investissements mais aussi à positionner ses produits, ses entreprises et son image sur les marchés internationaux. « Nous voulons que notre coton transformé, notre cajou, nos tissus trouvent leur place sur les grands marchés africains et mondiaux», affirme le ministre. Mais au-delà des accords et des discours, l’objectif central reste la création d’emplois pour la jeunesse, la génération de richesses et l’amélioration concrète des conditions de vie. « Rien n’est impossible. Nous partons à la conquête du monde, fiers et convaincus que nous y parviendrons », insiste Olushegun Adjadi Bakari.
Sergino Lokossou