Le projet de fusion entre le Parti du renouveau démocratique (Prd) et l’Union progressiste (Up) est diversement appréciée au sein de l’opinion. Pendant que les commentaires vont bon train sur ce mariage politique, c’est silence radio dans le rang des figures de proue de la plus grande formation politique du Bénin.
Sauf cataclysme ou revirement de dernière heure, l’Union progressiste (Up) et le Parti du renouveau démocratique (Prd) vont se regrouper dans un même creuset politique pour affronter les combats à venir. L’information qui a pris de court une partie de l’opinion dès son annonce, s’est confirmée le week-end dernier au travers d’une réunion entre le présidium de l’Up et la Direction exécutive nationale (Den) du parti arc-en-ciel. Pratiquement une semaine après cette rencontre qui a dissipé le brouillard qui couvait l’information, c’est silence radio au sein du parti Union progressiste. Outre le trio constituant le présidium du parti, les autres leaders se sont englués dans un mutisme béat, faisant montre d’un calme olympien. Personne ne veut apprécier ce qui dans un autre contexte, relève d’un exploit. Ce silence pourrait laisser penser à une adhésion tacite des leaders du parti au projet car comme on le dit dans un vieil adage populaire « Qui ne dit rien consent». Mais c’est sans compter avec les chuchotements internes et les bruits de bottes qui se font entendre dans l’écurie Up depuis que la nouvelle a été rendue publique. Seulement, quelques jeunes militants ont donné de la voix pour demander aux uns et autres de savoir raison gardée. Pendant que ça bouge du côté du Parti du renouveau démocratique qui, d’une manière ou d’une autre, a de bonnes raisons de se réjouir de cette union, c’est l’indifférence totale qui s’observe du côté de la partie demanderesse, l’Union progressiste. C’est à croire que cette union n’est pas l’affaire de tous ou que certains cadors du parti n’ont pas été associés à la manœuvre. Dans ces conditions, il est à craindre que la cohabitation ne soit pas aisée entre les deux partis surtout que certains parlent de mariage contre-nature ou d’alliance de circonstance.
Ça craint
L’indifférence apparente des leaders de l’Union progressiste relativement à la mise en commun imminente entre leur parti et le Prd, n’est pas du tout un bon présage pour la suite des événements. Plutôt que de se féliciter d’avoir conquis un poids lourd politique qui inéluctablement va huiler davantage le rouleur compresseur du plus grand parti sur l’échiquier, les députés et autres figures de proue de l’Up observent sans mot dire, le déroulé du film dont ils attendent impatiemment la fin. Cette attitude laisse entrevoir une série de questionnements. En effet, au regard de l’inappétence ou du relatif désintérêt qu’affichent les têtes de pont de l’Up sur ce mariage imminent, on se demande s’ils ont été réellement consultés à défaut d’être associés à la manœuvre. Tout porte à croire que ceux-ci n’en font pas du tout un événement majeur, quand même bien les choses bougent du côté de l’« épouse » qui se retrouve confortée dans sa position et bombe le torse. Dans ces conditions, il est à craindre que les choses ne se passent en bonne intelligence entre les militants des deux partis. Le ménage qui sera créé à la suite du mariage annoncé risque de ne pas être un fleuve tranquille. Des nuages pourraient surgir dans la cohabitation déjà que l’«épouse » pose des conditions et émet des exigences qui agacent certains membres de la famille de l’époux. La perspective des prochaines élections et le souci de maintenir coûte que coûte son hégémonie sur l’échiquier à l’issue de ces joutes électorales, fait que pour l’instant, le courtisan qui n’est autre que l’Union progressiste, semble céder aux desiderata de son partenaire politique. Mais le grand souci reste que l’arrivée du partenaire politique risque de bousculer certaines données établies et induire une reconfiguration au niveau du parti. Cela constitue une véritable bombe à retardement qui pourrait exploser à tout moment et entamer la cohésion au sein de l’écurie baobab, ce qui, le cas échéant, ferait les affaires des partis concurrents.
Gabin Goubiyi