La menace d’envahissement du Port autonome de Cotonou par des Espèces exotiques envahissantes (Eee) sera bientôt un lointain souvenir. Le projet Pasport de Enabel dont l’objectif est d’améliorer la compétitivité du Port de Cotonou, s’est engagé à accompagner les acteurs économiques à mettre en œuvre la politique environnementale dans le secteur. A ce titre, une Plateforme portuaire de surveillance environnementale (Ppse) a vu le jour grâce à une collaboration entre le Port autonome de Cotonou, l’Institut de recherche pour le développement (Ird), l’Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi (Epac), l’Institut international d’agriculture tropicale (Iita) et le Service de lutte anti-vectorielle (Slav) du Ministère de la santé. Vendredi 3 décembre 2021 au bureau de Enabel-Pasport, le représentant résident de l’Agence belge de développement, Jean-François Michel, a procédé à la remise officielle du matériel de laboratoire à la Ppse et signé la convention de subsides entre son institution et l’Ird.
Il est désormais possible de suivre et de surveiller les espèces invasives pouvant être à l’origine d’impacts considérables en termes sanitaires, agricoles et économiques introduites au Port autonome de Cotonou. La collaboration entre le Port autonome de Cotonou, l’Institut de recherche pour le développement (Ird), l’Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi (Epac), l’Institut international d’agriculture tropicale (Iita) et le Service de lutte anti-vectorielle (Slav) du Ministère de la santé a permis de mettre en place une Plateforme portuaire de surveillance environnementale (Ppse). Pour permettre à ladite Plateforme d’être opérationnelle, le projet Pasport de l’agence belge de développement, Enabel, a décidé d’apporter un appui au laboratoire de la Plateforme Ppse. Ledit accompagnement se manifeste par l’acquisition de matériel et petits équipements pour un montant de 140 000 Euros. Par la même occasion, une convention de subsides avec l’Ird d’un montant d’environ 148 000 Euros a été signée. Elle permettra de prendre en charge l’ensemble des frais de la recherche opérationnelle et les bourses d’études qui portera sur le suivi de 4 populations d’espèces envahissantes : les rongeurs, les insectes vecteurs de maladies pour les hommes, les insectes ravageurs de culture, et le zooplancton émanant du rejet des eaux de ballast. Cette convention permettra également de mettre en place une base de données et de faire connaître la thématique des espèces envahissantes et l’approche Ppse auprès des acteurs portuaires et du grand public.
A la cérémonie de remise de matériel et de signature de la convention vendredi dernier, le représentant résident de Enabel au Bénin, a rappelé pourquoi le Port de Cotonou devrait s’engager dans la surveillance et la gestion des Espèces exotiques envahissantes. « Ces Espèces peuvent être à l’origine de bouleversements considérables. A titre d’exemple, les espèces Envahissantes sont responsables de la propagation globale de maladies telles que le choléra ou les fièvres virales Chikungunya, Zika ou la dengue. Elles ont déjà provoqué des dégâts considérables sur certaines cultures vivrières et industrielles en Afrique », a fait remarquer Jean-François Michel. Au Bénin, une étude locale menée au Port autonome de Cotonou renseigne que les rongeurs envahissantes sont responsables de près de 60 000 Euros par an de dégâts sur le riz importé et stocké dan les entrepôts. Dans le monde, une autre étude de la revue « Nature » datant de mars 2021, évalue à 1288 milliards Usd, le coût des Espères exotiques envahissantes dans le monde entre 1970 et 2017, soit un coût moyen annuel de 26,8 milliards Usd. Il urge donc d’arrêter l’hémorragie, d’où la synergie d’actions qui a accouché du laboratoire biologique, 1er sous-projet de la Ppse.
La Ppse : une première en Afrique
La représentante du directeur général du Port autonome de Cotonou, Arlette Tchabi, a aussi insisté sur les conséquences dramatiques des Espèces exotiques envahissantes pour la santé humaine, vétérinaire et la biodiversité. A l’en croire, la Ppse fournira des expertises aux acteurs portuaires et para-portuaires, qui, de par les règlementations seront contraints à veiller à ce que leurs activités ne génèrent pas d’invasions biologiques. « Ces expertises aideront à une surveillance pérenne et des alertes précoces à travers la production de données d’écologie et de taxonomie provenant des campagnes de terrain, mais aussi l’utilisation d’outils de génétique, de sérologie et de microscopie », a-t-elle ajouté. Au nom du Dg Joris Thys, elle a rassuré de l’engagement du Port autonome de Cotonou à poursuivre les efforts d’extension et de pérennité des activités du laboratoire de la Ppse.
La représentante du directeur de l’Epac, Prisca Assogba, pour sa part, s’est réjouie de l’aboutissement de la Ppse et du choix porté sur le professeur Gualbert Houmènou, enseignant-chercheur au département de génie de l’environnement de l’Epac, pour assurer la coordination scientifique. « La Ppse constitue la première expérience de ce type en Afrique, une expérience pilote qui a déjà réussie avec d’autres pays et qui mérite d’être reproduite au Bénin », va-t-elle révéler.