Le remaniement technique intervenu dans la journée du mercredi 5 avril 2023 a suscité la réaction du gouverneur du magazine panafricain « Le Label diplomatique » et président du Caucus panafricain des journalistes, Héribert-Label Elisée Adjovi. Pour ce dernier, le ministre Aurelien Agbénonci perd à la faveur de réaménagement, un pan essentiel de son département ministériel. Lire son opinion.
« Même si le président de la République est le chef de son gouvernement et peut donc à tout moment revoir et l’ossature et le contenu des départements de son gouvernement, ce remaniement fut-il technique surprend à double titre. D’abord, parce qu’il y a seulement quelques jours, le président Patrice Talon a déclaré à l’occasion de la conférence de presse conjointe animée avec son homologue nigérien qu’il ne va pas remanier son gouvernement de sitôt. C’est vrai que pour l’instant, il y a transfert de compétences que changement d’hommes à la tête des deux départements concernés à savoir ; le ministère d’Etat chargé de l’Economie et des finances et celui des Affaires étrangères et de la coopération. Toutefois, faut-il le souligner, le retour à la formulation ministère des Affaires étrangères et de la coopération en remplacement du ministère des Affaires étrangères, de l’intégration africaines, de la francophonie et des Béninois de l’extérieur par le président Patrice Talon, donnait le ton de sa volonté de faire du dispositif diplomatique du Bénin, un levier important de sa nouvelle dynamique de coopération internationale visant à révéler le Bénin. Ensuite, s’agissant du ministre Aurelien Agbénonci, jusque-là en charge des Affaires étrangères et de la coopération, on peut être surpris qu’il soit déchargé d’un maillon essentiel du département ministériel dont il a la charge. Ce département des Affaires étrangères et de la coopération qui est jusque-là chargé de la coopération bilatérale et multilatérale, de la coopération décentralisée, de l’intégration régionale et africaine, de la représentation et de la protection des intérêts du Bénin et de ceux des ressortissants béninois à l’étranger, de la diplomatie économique et culturelle ; on peut donc être surpris. Cela parce que le ministre Agbénonci cumule 7 années à la tête de ce département ministériel, une première dans l’histoire de notre. Pas plus tard que le jeudi 30 mars dernier, il a reçu la légion d’honneur, la plus haute distinction dans l’Ordre national français. Et même si le ministère des Finances dans ses attributions déjà associé à la coopération, notamment en ce qui concerne le volet financier, il est rare qu’il se voit confié la coopération. Le ministère du Plan et du développement est de temps à autre sollicité en la matière quitte à ce qu’il y ait un jumelage entre le développement et la coopération internationale. Somme toute, 7 ans après avoir pris les rênes du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, visiblement le ministre Aurelien Agbénonci perd alors un pan essentiel de son département ministériel. Ce qui ne va pas manquer de faire grincer des dents dans la maison des Affaires étrangères que ce soit à la centrale à Cotonou, comme dans les postes diplomatiques et consulaires. Déjà que bien des choix antérieurs du gouvernement du président Patrice Talon en matière de politique étrangère font polémique. On va attendre la mise en place de ce dispositif, que la coopération soit collée désormais au ministère de l’Economie et des finances et voir dans l’opérationnel, comment cela va pouvoir se dérouler. Est-ce que peut-être dans les prochains mois, il va y avoir un remaniement en profondeur pour ramener les choses dans le bon ordre. Même si c’est au chef de l’Etat de décider de l’ossature des départements ministériels de notre pays, je crois fondamentalement que si le président Patrice Talon a décidé lorsqu’il est parvenu à la magistrature suprême de faire de la coopération, l’autre pan des Affaires étrangères de notre pays, c’est bien pensé et peut-être que très rapidement, on reviendrait à l’ancienne formulation à savoir : ministère des Affaires étrangères et de la coopération avec un autre remaniement ministériel ».
Propos recueillis par Serge Adanlao