Le très redouté procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Mario Mètonou, a accordé un entretien exclusif à nos confrères de Bip Fm. Le représentant du ministère public au niveau de la juridiction spéciale en a profité pour apporter des clarifications sur certaines critiques formulées contre la Cour.
Juste à son évocation, certains estiment que la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) suscite peur et crainte. Depuis sa création en 2018, la juridiction spéciale, est perçue par une certaine opinion comme une machine dirigée contre les opposants au régime de Patrice Talon. Pour ceux qui partagent cette lecture des choses, il suffit de voir le nombre d’opposants déférés devant l’institution, condamnés ou contraints à l’exil pour conclure qu’elle reste un instrument de terreur dirigé contre ceux qui ne parlent pas le même discours que le pouvoir. Cette lecture des choses est battue en brèches par le procureur spécial de la Criet. A en croire Mario Mètonou, l’impartialité de la juridiction est totale et les magistrats qui y travaillent ne font l’objet d’aucune pression politique. « Il y a une majorité de nos concitoyens qui n’ont pas du tout peur de la Criet. Je pense même qu’il y a des gens au Bénin qui ne connaissent pas la juridiction, simplement parce que ce sont des personnes qui ne sont pas dans des situations où elles sont en conflit avec la loi », a martelé le magistrat. Au demeurant, Mario Mètonou soutient que les détracteurs de la juridiction ont dû, à l’aune des procédures, se raviser relativement à leurs appréhensions. Parlant de certains avocats qui, il y a quelques années, ont vertement critiqué la Criet, Mario Mètonou confie: « Vous savez qu’il y en a, qui ont sorti de véritables pamphlets contre la Criet à ses débuts. Mais j’en connais parmi eux qui ont gagné les plus gros dossiers ici. ».
De la lourdeur des peines à la Criet
Ceux qui soutiennent cette approche des choses selon Mario Mètonou, ne font pas preuve d’objectivité. Selon les explications de l’ancien procureur de la République près le Tribunal de première instance de première classe de Cotonou, les peines prononcées par la juridiction contre les auteurs des actes criminels, sont proportionnels aux crimes commis. « Si vous participez à une action terroriste et que vous mutilez des gens, que vous égorgez des gens, que vous tirez sur des militaires et qu’à la fin, vous êtes reconnu coupable et qu’on vous condamne à 30 ans de réclusion criminelle, je ne pense pas que ce soit trop », a indiqué le magistrat. Par ailleurs, soutient Mario Mètonou, les peines retenues contre les auteurs des actes, ne sont que la déclinaison de la politique pénale du gouvernement. « La politique pénale du gouvernement, du garde des sceaux que nous appliquons ici, c’est celle qui veut qu’on soit intraitable vis-à-vis des infractions des délinquants à col blanc et ces délinquants à col blanc sont ceux qui sont dans les crimes économiques, ceux qui commettent une infraction non pas de survie, comme dans des cas de délinquance à col bleu » a-t-il indiqué.
Gabin Goubiyi
La date de la délocalisation de la Criet dévoilée
Comme envisagé depuis quelques mois, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) va déménager de Porto-Novo pour rejoindre de nouveaux locaux à Cotonou. La question de la date probable à laquelle s’opèrera ce déménagement a été posée au procureur spécial de la juridiction, à la faveur de l’entretien qu’il a accordé à Bip Fm. Si l’on s’en tient aux explications de Mario Mètonou, la Criet pourrait rejoindre Cotonou à la prochaine rentrée judiciaire projetée pour octobre 2023. « Si tout va bien, à la rentrée judiciaire prochaine, c’est-à-dire en octobre, on devrait pouvoir commencer à Cotonou parce que ce sont les anciens locaux de la Cour suprême à Ganhi. » a-t-il confié.
G.G.