(Le nouveau site web de la Haac, présenté)
Les professionnels des médias du Bénin ont célébré le samedi 3 mai 2025, au siège de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), à Cotonou, la Journée mondiale de la liberté de la presse. Placée cette année sous le thème « Informer dans un monde compliqué : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias », la cérémonie officielle a été marquée par plusieurs interventions majeures et la présentation du nouveau site web de la Haac.
Dans son discours, la présidente de l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb), Zakiath Latoundji, a rappelé que la liberté de la presse n’est jamais définitivement acquise. Elle a salué les avancées enregistrées en matière d’ouverture de l’espace médiatique, tout en alertant sur les menaces persistantes : pressions diverses, auto-censure, risques judiciaires, restrictions d’accès à l’information et surveillance accrue via les outils numériques. Elle a particulièrement insisté sur les conditions précaires des journalistes béninois, dénonçant les salaires dérisoires, l’absence de contrats formels, la faible protection sociale et l’instabilité du secteur. « Comment parler de liberté de la presse si ceux qui la portent au quotidien ne disposent pas des moyens nécessaires pour exercer leur métier dans la dignité ? », s’est-elle interrogé, lançant un appel fort à une amélioration des conditions de vie et de travail des journalistes.
L’intelligence artificielle : entre menace et opportunité
Le président du Conseil national du patronat de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa-Bénin), Evariste Hodonou a, quant à lui, mis en garde contre les dangers liés à une utilisation non encadrée de l’intelligence artificielle (IA). Tout en reconnaissant son potentiel d’assistance à la production journalistique, il a dénoncé la facilité avec laquelle certaines rédactions relayent des contenus non vérifiés issus des réseaux sociaux ou générés par l’IA, appelant à un retour à une rigueur professionnelle fondée sur l’éthique, la déontologie et le respect du droit d’auteur.
Prenant la parole à son tour, le président de la Haac, Edouard Loko, a souligné les deux faces de l’intelligence artificielle : gain d’efficacité et risque de manipulation. Il a illustré ses propos avec un exemple récent de « deepfake » attribuant à Maître Gims, un faux message de soutien au président Talon. Mettant l’accent sur les défis propres au contexte béninois, Edouard Loko a dénoncé ce qu’il appelle « la démocratie artificielle », une situation où les règles imposées de l’extérieur entravent la construction d’un système de régulation efficace. Il a insisté sur la nécessité d’assainir le secteur des médias et promis le déblocage prochain de l’aide de l’État à la presse, tout en soulignant l’importance de la régulation pour garantir l’équité et la viabilité des entreprises de presse.
Un nouveau visage numérique pour la Haac
La cérémonie a aussi été marquée par la présentation du nouveau site web de la Haac par Lionel Gbegonnoudé, conseiller et président de la Commission des techniques et technologies de l’information et de la communication. Ce site, conçu pour répondre aux besoins des professionnels des médias, offre désormais plusieurs services en ligne, tels que le dépôt électronique des demandes de carte de presse, les dossiers d’accréditation ou encore les demandes de laissez-passer. L’objectif est de rapprocher l’institution des journalistes et d’améliorer les délais de traitement. Enfin, dans une ambiance conviviale, les participants ont partagé un moment de fraternité, renouant avec une tradition interrompue depuis plusieurs années : la célébration du « mouton de la Haac », symbole des retrouvailles du 3 mai.
Léonce Adjévi











