Parfait Bocovo, alias ‘’Parfibokyer’’, le prince du Soyoyo, a lancé, le 02 janvier 2022 dernier, au Centre Lucien Mossi Agboka (Cemola) de Bohicon, son septième album. Sur insistance de ses fans qui ont soif de s’abreuver à la source de son inspiration, Parfibokyer est revenu avec le nouveau ‘’bébé’’ tant attendu. Il s’agit d’un opus de sept titres intitulé ‘’Les racontars’’ à travers lequel il a dénoncé la jalousie viscérale que l’homme nourrit à son prochain parce qu’il émerge plus que lui.
«Les racontars est le titre phare de l’album parce que dans la vie, nous sommes souvent victimes des coups bas, de la haine, de la calomnie. C’est pour alors dénoncer ce comportement rétrograde de notre société que je l’ai baptisé les racontars », a expliqué l’artiste. Entre autres morceaux, on a ‘’Zédokandji’’, ‘’Houétchéhoun », ‘’les racontars », ‘’Parfibokyer wè », ‘’Ahouangbénou ». Chacune de ces chansons est un mélange de rythmes tradition-moderne. «J’ai fait la rumba et le nadja associés chaque fois au Soyoyo. Je débute chaque chanson par un autre rythme traditionnel africain et je la termine par le Soyoyo. J’ai opté pour ce choix juste pour montrer les liens qui existent entre le Soyoyo, mon principal rythme et les autres puis promouvoir les tournures musicales possibles qu’offre le Soyoyo», a-t-il fait savoir. Plusieurs artistes locaux ou venus d’ailleurs ont été invités à tenir en haleine le public ayant massivement fait le déplacement de Cemola. La salle du spectacle était pleine à craquer. Au rang de ces artistes, on peut noter la présence de Djocar, parrain artistique de Parfibokyer et l’auteur de Miwa décalé kpo soyoyo Kpo. Il y a également Etodos, Chermos Tamadaho, Brisco le béninois, Lémac Jouvé, Ima Houénoukpo, Liko Choco, Dodji Gamèlé, Star play, etc. Ils ont, tour à tour, enflammé la scène avec leurs prestations époustouflantes. Chacun d’eux a prouvé de quoi il est capable. Ce n’est qu’après une heure d’échauffement musical que l’artiste du jour a été accueilli sur scène comme un prince. Fils de Zomadonou, divinité tutélaire de Danxomè, Parfait Bocovo, alias Parfibokyer a montré sa belle performance. Selon ses fans et les autres spectateurs, ce septième album est venu confirmer son talent artistique qui est parti d’un simple rêve depuis les bancs. «J’avoue sincèrement que je n’ai pas gâché ma soirée. J’entends parler de lui, mais je n’ai jamais eu l’occasion de le voir sur scène. Avec ce que j’ai vu ce soir, je dirai tout simplement que Parfibokyer a de beaux jours devant lui », a déclaré Vincent Kponoukon. Ce ne sont Blanchard Ezin et Dr Kotin Wesmer, tous parrains de l’événement qui diront le contraire. «Nous apportons notre modeste appui à Parfibokyer à cause de son talent. Mieux, il travaille inlassablement pour faire valoir le Soyoyo. Un monsieur du genre a besoin d’un soutien pour l’aider à faire plus », a apprécié Blanchard Ezin le visage serein.
De la chorégraphie à la chanson
Parfait Bocovo, alias Parfibokyer, a commencé par écrire les premières pages de sa carrière musicale depuis 1992 au Ceg1 Bohicon où il traîne encore les fesses sur les bancs. Avec le groupe Factor X, il a forgé ses premières armes en chorégraphie. Plus tard, il monte sur l’ascenseur en devenant le principal danseur de l’artiste El Nazito. Piqué par la mouche du showbiz, Parfibokyer s’est affranchi en mettant sur le marché discographique son premier album en 2005. De la danse à la chanson, il n’y a qu’un pas. Parfait Bocovo a franchi toutes ces étapes pour se révéler au public. «En jouant le Soyoyo, il y a la danse. Or, c’est la danse qui fait ma force de frappe. De la danse à la musique, ce n’est pas facile. Sur scène, c’est à travers la danse que je laisse découvrir toute ma potentialité artistique »,a-t-il souligné. Entre deux opus, il réalise aussi des singles histoire de maintenir ses relations avec la scène et de bien préparer la prochaine œuvre. Avant d’opter définitivement pour le Soyoyo, Parfibokyer est parti de l’interprétation des chansons du groupe Panthère noire. Ainsi motivé, il a choisi le Soyoyo auquel il apporte sa touche particulière en vue de la personnaliser. Mais avant de se donner une directive claire, il avait essayé le Tchink qui lui a permis d’être nominé au festival ‘’Tchink » de feu Stan Tohon. Ensuite, il a mélangé le Soyoyo avec le Gota pour avoir le rythme dénommé Soyoyo gotché. Ce mélange, il continue de le faire en vue de promouvoir les rythmes du territoire et de l’Afrique. Parfibokyer n’est pas qu’un artiste. En dehors de l’art, il est un mécanicien vélomoteur (Vespa) de formation. «Après quelques années d’exercice, la Vespa a disparu ce qui ne me permettait plus de poursuivre le chemin avec ce métier. Ainsi, je me suis converti en artisan, fabricant des objets en perles », a-t-il laissé entendre. Il ne compte pas nécessairement sur la musique dans ses vieux jours. Il prépare activement sa retraite. Cependant, il a fait savoir que la musique nourrit bel et bien son homme. Le tout dépend de l’organisation qu’on met en place. «Moi, je confirme que la musique nourrit son homme parce que la musique m’a tout donné. Je remercie Dieu pour cette grâce. La musique est un métier et tout métier a une retraite. Dans la musique, il faut préparer sa retraite ce que beaucoup d’entre nous ignorent. Je prépare déjà la mienne pour ne pas être déçu. Tout en étant artiste, on peut avoir sa ferme ou faire de l’élevage. La plupart des artistes meurent dans la précarité parce qu’ils ne profitent pas de leurs moments de gloire. Et après, ils sombrent », a confessé le prince du Soyoyo. Il n’a pas tiré son nom d’artiste du hasard. D’après ses explications Parfibokyer est la résultante de l’agencement de son mon et prénoms. Parfibokyer égal donc Parfait Bocovo Vihoutou.
Les perspectives de l’artiste
En terme de perspectives, Parfait Bocovo, alias Parfibokyer nourrit l’ardent désir de hisser très haut l’étendard de la musique béninoise rien qu’à partir du Soyoyo. « En 2022, j’ai fait le vœu de pousser le Soyoyo au sommet. Mieux ! J’ai des voyages en cours. Ainsi, je dois travailler de manière à produire massivement. Je dois faire sortir en cette année un single par mois et prouver qu’un artiste conscient peut bien voyager et faire tout dans la musique», a dévoilé Bocovo. Concernant les difficultés inhérentes à toute activité humaine, Parfibokyer n’y échappe pas. Chez lui, elles se résument au manque de moyens financiers. A en croire ses propos, c’est la difficulté majeure à laquelle sont confrontés les artistes béninois. « Les artistes travaillent au Bénin, mais ils n’ont souvent pas l’accompagnement qu’il faut de la part du Gouvernement. Les artistes congolais ou Ivoiriens, contrairement aux béninois reçoivent l’appui de l’Etat. Ils sont soutenus. Raison pour laquelle ils émergent plus que nous. Ici, ils volent de leurs propres ailes », a-t-il constaté. Pour pallier cette insuffisance notoire, il propose aux gouvernants la promotion des artistes par le biais d’un appui adapté et conséquent. Selon ses analyses, l’Etat va assurer la formation des artistes, mettre à leur disposition un studio à la hauteur des défis puis les accompagner dans la production. Ce n’est qu’à ce seul prix que la musique peut véritablement devenir une industrie au Bénin. Parfibokyer ne fait pas que le playback. Il fait aussi du Live. D’ailleurs, le 09 prochain, il va produire en live dans un concert à nulle autre pareille. Avec l’avènement de la nouvelle technologie et l’apparition des cartes mémoires qui facilitent le piratage des œuvres de l’esprit, Bocovo estime qu’il ne faut plus compter sur la vente des produits. A son niveau, il se bat pour les concerts, les cachets et profite des cérémonies de lancement de ses albums pour mettre le paquet. Il travaille également à faire vendre sa musique sous d’autres cieux par les invitations de voyage à l’étranger. « Si non, la vente des Cd ne marche plus»,a-t-il regretté.
Zéphirin Toasségnitché (Br Zou-Collines)