L’une des particularités de la neuvième Législature est qu’elle sera constituée d’une frange importante de femmes. Elles seront au moins vingt-quatre à raison d’une femme par circonscription électorale. À quelques encablures des Législatives du 08 janvier 2023, ces dernières après quelques moments d’inertie, s’illustrent de plus en plus au-devant de la scène politique.
A la faveur de la révision constitutionnelle intervenue fin novembre 2019, le constitutionnaliste a organisé une discrimination positive à l’égard des femmes. Le principe s’est vu conférer une valeur constitutionnelle. Ainsi, aux termes de l’article 26 nouveau alinéa 2 de la Loi n°2019 du 07 novembre 2019 portant révision de la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin, il est stipulé que « L’homme et la femme sont égaux en droit. Toutefois, la loi peut fixer des dispositions spéciales d’amélioration de la représentation du peuple par les femmes». Comme pour donner un contenu matériel à ce principe établi par la Constitution, l’article 144 de la loi n°2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral en République du Bénin précise: « Le nombre de dépu-tés à l’Assemblée nationale est de cent neuf (109) dont vingt-quatre sièges exclusivement réservés aux femmes » à raison d’une femme au moins par liste et par circonscription électorale. Si l’article 144 du Code électoral a énoncé le principe, c’est l’article 147 qui précisera les modalités. De la lecture de cet article, il ressort que « Ce siège réservé aux femmes est attribué à la liste ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages valablement exprimés dans la circonscription électorale parmi les listes éligibles de la circonscription au profit de la candidate présentée à ce titre ». Ces différentes dispositions sonnent comme une parade pour corriger le taux de représentativité relativement faible de la gent féminine dans les instances politiques. Ce faisant, le législateur n’a fait que réparer une injustice car selon les statistiques, le genre féminin, supplante la population masculine.
Des femmes au charbon
En optant pour une forte représentativité des femmes dans les sphères de décisions politiques, le Législateur a brisé le mythe de l’hypocrisie collective et transcendé les pesanteurs sociologiques qui reléguaient la femme aux seconds rôles. De 5% sous l’actuelle législature et presque moins sous les précédentes, les femmes vont passer à 22% dans le prochain Parlement, celui qui va s’installer à l’issue des élections Législatives du 08 janvier 2023. Il s’agit là d’une évolution majeure qui interpelle les femmes relativement à leur engagement politique. Au fur et mesure que les jours s’égrènent, force est de constater que les femmes prennent de plus en plus toute la mesure de l’enjeu. A l’instar des hommes, la guerre de positionnement entre potentielles candidates à l’investiture des partis fait rage au niveau des circonscriptions électorales. Beaucoup d’entre elles sont très actives sur le terrain et travaillent à s’attirer la sympathie des électeurs et soigner leur image afin de se garantir des chances de positionnement. La guerre de positionnement est plus âpre dans certaines circonscriptions électorales ou certaines prétendantes relativement jeunes ont pour principales rivales, des vieilles du sérail qui ne cachent pas leur ambition de rempiler. Le mercato politique qui s’anime a également embrasé la gent féminine. Karamatou Fagbohoun, Awaou Bissiriou, Nadine Akogbéto et autres sont celles qui se sont illustrées ces derniers jours sur ce registre. Outre ces dernières, certaines lea-ders femmes rivalisent d’activités sur le terrain pour s’assurer toutes les chances d’investiture de candidature de leur parti. C’est le cas de Christelle Sénamy Dan, Elisabeth Grâce Atindékoun, Jeanne Assoclé dans la 6ème circonscription électorale, Blanche Eddy Kaptindé dans la 5ème circonscription électorale, de Faridath Naro Assouma dans la 8ème circonscription sans oublier Christhelle Houndonougbo dans la 9ème circonscription électorale pour ne citer que celles-là. Dans le même temps, Chantal Ahyi et Sèdami Médégan Fagla bousculent leur électorat respectif. C’est dire que les Législatives qui s’annoncent cachent une autre bataille, celle des femmes.
Gabin Goubiyi