Les 24 sur la centaine de sièges réservés d’emblée par le Code électoral béninoise aux femmes à l’Assemblée nationale paraissent déjà insuffisants alors même que l’expérience n’a pas encore commencé. Si les femmes saluent l’initiative du gouvernement et des députés ayant décidé d’octroyer un siège au moins pour les femmes par circonscription électorale, elles veulent que les responsables des partis politiques fassent plus d’efforts.
Pour les femmes qui ont le courage de parler, l’institution de cette mesure de discrimination positive ne doit pas être un prétexte pour ne plus donner à la femme, la belle place qu’elle mérite sur les listes électorales. Elles souhaitent plutôt que les 24 sièges viennent compléter ceux qu’occupaient d’autres femmes en se battant dans leurs circonscriptions électorales. Elles ne veulent pas que dans l’établissement des listes, l’on réserve seulement à la femme, le seul siège devant revenir au parti majoritaire.
A travers des grognes, les femmes revendiquent leurs droits à occuper des places importantes dans les instances de décision du pays. Le choix opéré par le président de la République avec l’accord des partis politiques soutenant ses actions en faisant d’une femme, sa colistière lors de l’élection présidentielle de 2021 semble aiguiser le goût des autres. Elles se voient désormais capable de mieux faire que ce que la classe politique a l’habitude de leur confier.
Leur bataille, à travers les dénonciations et les appels à mobilisation pour leur positionnement vise à avoir une majorité confortable prochainement à l’Assemblée nationale, et voir si elles peuvent quelque chose pour influencer l’élection du bureau du Parlement.
Les femmes qui sont intervenues dans le présent dossier réalisé par votre journal se sont presque toutes montré esprêtes et capables de faire le job. Tout porte à croire d’ailleurs que si la classe politique arrivait à les décevoir, elles manifesteront leur mécontentement.
Il faut écouter les femmes !
Les partis politiques béninois doivent céder à la pression. Ce ne serait pas une faiblesse pour les hommes responsables de ces partis, de prendre en compte la demande des femmes. Ce ne serait non plus une faveur de positionner beaucoup de femmes sur les listes électorales.
Il y a trois raisons fondamentales parmi tant d’autres d’accorder une place de choix aux femmes sur les prochaines listes électorales. D’abord, elles sont majoritaires dans la population béninoise (52%). Ensuite, quand on parle de processus électoral ; allant des préparatifs jusqu’à la tenue des élections, les femmes sont présentes en grande majorité, d’une manière ou d’une autre. Sur les listes électorales, elles font généralement le plus grand nombre. Dans les meetings et autres regroupements politiques, elles sont encore là, en majorité. C’est encore les femmes qui font plus de sacrifice lors des périodes électorales, à s’occuper de la famille, pendant que les hommes se donnent tout le temps d’aller aux réunions stratégiques. Enfin, dans le développement de l’économie béninoise, la main d’œuvre féminine est majoritaire. Il n’est pas nécessaire de se justifier en évoquant des chiffres. Il s’agit d’évidences dont tout le monde est conscient. A moins qu’il y ait des gens qui ne voient pas le nombre de femmes qui animent les marchés ou encore qui contribuent à l’agriculture dans les zones rurales.
Ce qu’elles revendiquent, dans le cadre des élections n’est pas forcément d’être majoritaire sur les listes électorales, ou encore moins de partager à parts égales le nombre de sièges avec les hommes. Elles veulent simplement être honorées. Elles veulent, à raison, qu’on leur donne mieux et plus que les 24 déjà acquis dans le Code électoral. Les femmes veulent conduire des listes électorales dans des circonscriptions.
La balle dans le camp des partis politique
Les politiciens ont déjà manqué d’encourager l’existence de partis politiques dirigés par des femmes au Bénin. Maître Elise Gbèdo a bataillé mais n’a pu faire hisser le drapeau féminin. Feue Rosine Vieyra Soglo a fini sans pouvoir diriger le parlement. Célestine Zanou, certainement dépassée par les évènements, s’est calmée. Claudine Prudencio a tenu longtemps, mais a dû fondre le seul parti qui donnait encore espoir aux femmes, dans un bloc. Autant de faits qui montrent à quel point les politiciens béninois détestent les femmes.
Mais, de son côté, l’actuel chef de l’Etat semble renverser la tendance. Il redonne espoir aux femmes, sur tous les plans. Patrice Talon a déjà œuvré pour obtenir 24 sièges aux femmes dans le Code électoral. Il a une femme comme vice-présidente de la République. Il travaille assez à assurer une autonomisation économique aux femmes béninoises. Et cela se voit déjà à travers les projets en cours de mise en œuvre. Talon a mis en place un dispositif législatif impressionnant qui protège davantage la femme béninoise.
S’il y a donc des partis politiques qui le soutiennent vraiment, ils n’ont qu’à le prouver à travers les positionnements sur les prochaines listes électorales. La balle est dans leur camp.
Félicien Fangnon