L’opposition béninoise peine visiblement à s’accorder les violons sur la possibilité d’une union entre les différentes formations politiques qui la composent. Le caractère hétéroclite des partis politiques et la disparité des approches, pourraient constituer de sérieux handicaps à tout projet de fusion qui reste pourtant l’une des meilleures options pour engranger le maximum de sièges au profit du bloc anti-Talon, à l’issue des Législatives du 08 janvier 2023.
Les leaders de l’opposition béninoise ont du mal à vaincre le spectre de la division. La cacophonie des ambitions et le choc des égos montrent à quel point les leaders des partis politiques qui ne tiennent pas le même discours que le régime, se fourvoient et manquent de réalisme. Depuis 2016, l’opposition a du mal à trouver ses repères. L’animation de la vie politique en son sein est caractérisée par une analyse biaisée des options du régime en place, sur fond d’analyses subjectives. Sans proposer d’alternative, l’opposition s’illustre par des débats ennuyeux dont la vacuité a tôt fait de convaincre le citoyen lambda que rien ne reste à espérer de ces hommes et femmes qui n’ont autres arguments que de revendiquer un hypothétique dialogue national, le retour des soi-disant exilés politiques, la libération des prisonniers politiques etc. Ces morceaux choisis dont l’opposition a abreuvé l’opinion, a fini par jeter une once de discrédit sur le combat qu’elle mène. Son manque d’inspiration étant patent, l’opposition a fini par démissionner de la scène politique. Le drame, c’est qu’en plus d’avoir démissionné et disparu de l’échiquier politique, elle alimente en son sein, une guerre de leadership qui ruine considérablement sa capacité organisationnelle. Du coup, tout projet de mise ensemble de ses forces est d’office voué à l’échec parce que se heurtant à l’égo personnel de ses leaders. Même le Chef de file de l’opposition qui s’est lancé dans cette aventure, s’est finalement désillusionné pour se recroqueviller sous sa bannière cauris même si à la faveur d’une session de son parti, il a semblé rassurer de la bonne cohabitation entre les forces de l’opposition. « Si hier nous ne nous parlons pas, aujourd’hui, je peux vous rassurer qu’on se parle, on se voit et on envisage des actions communes. En notre qualité de Chef de file de l’opposition, nous avons fait le pas et il faut avouer que nos camarades ont été réceptifs. Il y aura un cadre de concertation où chaque parti conservera sa légitimité et son autonomie, mais où nous prendrons ensemble des décisions communes. Nous sommes très avancés et le dialogue est devenu presqu’au quotidien », a-t-il martelé. Pourtant, personne ne voit bouger les lignes pour ce qui est de cette ambition.
La fusion, une porte de sortie
« Au Mouvement populaire de libération (Mpl), nous sommes ouverts et travaillons depuis toujours à la possibilité de nous unir. Pour les Législatives de 2023, nous nous préparons ardemment pour y aller seul s’il le faut, mais nous sommes disposés et travaillons à la possibilité de nous unir pour progresser. » Ainsi s’exprimait Expérience Tébè sur sa page Facebook à l’issue des échanges qu’il a eus, le lundi 04 avril 2022, avec le président du parti La nouvelle alliance (Lna), Théophile Yarou. Le jeune acteur politique reste convaincu que la fusion reste l’une des portes de sortie pour l’opposition au regard de l’enjeu que constituent les élections à venir. Il n’est plus un secret que les Législatives de 2023 constituent un tournant décisif pour l’opposition. Si elle rate ce virage, c’en aurait fini pour elle. Ses ambitions pour provoquer l’alternance au sommet de l’Etat en 2026, seraient définitivement mises au placard. Les Législatives sont donc un test capital, à l’aune duquel, l’opposition va jauger son ancrage national et sa popularité. Si elle rate ce tournant, l’opposition aurait signé sa mort. Dans ce cas, son projet de repositionnement sur l’échiquier politique, n’aurait donc été qu’un trompe-œil, un échec cuisant. 2023 pour l’opposition, c’est une question de vie ou de mort. L’une des pistes pour l’opposition de parvenir à relever ce défi, reste la fusion des forces politiques à l’instar des grands regroupements comme l’Union progressiste (Up) et le Bloc républicain (Br). Mais au regard des schémas qui se dessinent, on semble bien loin de cette réalité. A l’allure où vont les choses, l’opposition risque d’essuyer un énième revers à l’issue des joutes électorale du 08 janvier 2023.
Gabin Goubiyi