Le ministre d’Etat béninois, chargé du Développement et de la coordination de l’action gouvernementale et secrétaire général national du Bloc républicain Abdoulaye Bio Tchané, a accordé un entretien à Radio France internationale (Rfi), mercredi 28 décembre 2022. Au micro de Nathalie Lagrange, le numéro 2 du gouvernement (Abdoulaye Bio Tchané) donne sa lecture sur les enjeux des Législatives de 2023, l’influence de la menace djihadiste sur ces élections, le sort de Réckya Madougou et Frédéric Joël Aïvo et la Présidentielle de 2026. Lire l’intégralité de l’entretien.
Rfi : Sept partis dont trois qui se réclament de l’opposition sont en lice pour les Législatives du 8 janvier 2023. Aux dernières élections législatives en 2019, l’opposition n’avait pas pu se présenter. Est-ce que cette fois, des élections plus ouvertes, c’est une bonne chose ?
Abdoulaye Bio Tchané : Oui bien sûr, c’est une bonne chose pour le pays dans son ensemble. Pour notre système démocratique, c’est une bonne chose aussi pour ces partis qui participent aujourd’hui.
Un match plus ouvert, c’est aussi un match plus dur. Est-ce que vous abordez cette élection différemment ?
Bien sûr, c’est une élection plus compétitive. Mais pour nous, cela ne change pas grand-chose en termes d’objectif. Notre objectif est clair, c’est de sortir de ces élections en tant que premier parti politique du Bénin et donc, pour nous, c’est un bon test.
En 2019, la participation avait été inférieure à 30% en raison justement de la non-participation de l’opposition aux élections législatives. Est-ce que cette fois, vous pensez que ce scrutin peut faire revenir les électeurs aux urnes ?
Forcément, par rapport à 2019, mais je veux rappeler qu’il y a eu des élections entre temps où la participation a été meilleure. Aujourd’hui, avec 7 partis en compétition, nous espérons que la participation sera meilleure. On verra bien.
Il y avait eu des tensions lors des derniers scrutins. Vous vous attendez à des élections plus apaisées ?
Oui forcement. Ceux qui vont pensez qu’en troublant la paix dans le pays ils pouvaient imposer leur démarche au pays, participent aujourd’hui et je pense aujourd’hui qu’ils n’ont pas de raison de s’engager dans des troubles à nouveau.
Le parti Les Démocrates participe à ces élections mais l’opposante Reckya Madougou condamnée à 20 ans de prison est toujours en détention. Le groupe de travail de l’Onu sur la détention arbitraire réclame sa libération. Joël Aïvo est en prison également. Est-ce que après ces élections, un geste envers eux est envisageable ?
Il ne m’appartient pas de juger de cela. Ils ont été jugés et condamnés. Je veux rappeler que dans des cas de ce genre, il n’y a que deux voies. La voie de l’amnistie et la voie de la grâce présidentielle. Aujourd’hui, il est prématuré de dire ce qui va être fait encore que dans leur position, on sent aussi une volonté de participer à cet apaisement.
Là, on est quand même dans un climat plus apaisé ?
Oui, il y a un climat plus apaisé. On a besoin de consolider ce climat et il faut que tout le monde y participe.
Est-ce que malgré la menace djihadiste dans certaines zones frontalières au nord du Bénin, vous pouvez faire campagne partout ?
Moi je suis au nord où je fais campagne. J’ai circulé déjà dans quelques circonscriptions électorales du nord du pays. Ce que je vois, c’est que le gouvernement a pris des mesures de sécurité très importantes qui nous rassurent que les élections auront lieu dans tous les arrondissements et dans toutes les Communes de notre pays.
On peut acheminer le matériel électoral actuellement partout sur tout le territoire béninois ?
Je pense. Je vois les gens circuler un peu partout et donc, il n’y a pas de raison que ce matériel n’y arrive pas.
L’autre préoccupation pour les Béninois, c’est le coût de la vie. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs manifestations des syndicats contre la vie chère. Que vous demandent les électeurs à ce sujet et qu’est-ce que vous pouvez faire pour ça ?
Le gouvernement du président Patrice Talon a pris des mesures d’abord en subventionnant massivement un certain nombre de produits de consommation courante. Ensuite, le gouvernement a pris des mesures d’accroissement des salaires des fonctionnaires de l’Etat. Et donc, c’est dans cette direction que nous entendons poursuivre avec le gouvernement.
Il y a eu effectivement ces mesures, mais certains entrepreneurs se plaignent du poids des impôts ?
L’impôt est d’abord une obligation, mais ensuite, c’est avec l’impôt qu’un pays comme le Bénin peut se construire. Nous ne sommes pas un pays avec des ressources minières infinies comme d’autres et donc, notre économie est assise essentiellement sur la perception des impôts. Et oui, il peut y avoir des raisons de se plaindre, mais c’est aussi vrai que dans l’ensemble, l’économie béninoise n’est pas suffisamment fiscalisée.
Il y a également des plaintes sur les restrictions du droit de grève. Qu’est-ce que vous répondez aux personnes qui disent que le Bénin recule dans ces libertés sociales ?
Nous avons besoin dans un pays comme le Bénin, que les travailleurs soient au travail. Nous avons engagé des résultats aussi bien dans le secteur de la santé que dans le secteur de l’éducation incroyables parce que justement, nous n’avons pas connu de grève depuis 3 ans. Et donc, même si certaines personnes peuvent se plaindre théoriquement de ce que le droit de grève a été restreint, le Bloc républicain est en soutien à ces mesures parce que nous voyons les résultats.
Ces Législatives vous préparent aussi pour la Présidentielle de 2026. Le président Patrice Talon ne sera pas candidat ?
Eh bien, il a dit plusieurs fois, je crois qu’il faut se référer à ce qu’il a dit. Et donc, je n’en dirai pas plus.
Et donc, il faut préparer sa succession. Vous le faites au Bloc républicain ?
Notre ambition est de prendre et d’exercer le pouvoir, mais il est un fait que c’est prématuré de parler d’élection présidentielle de 2026 alors même que nous sommes au milieu d’une élection qui est très très importante pour le parti et pour les autres partis d’ailleurs.
Source Rfi