Grâce présidentielle et libération conditionnelle par la Justice. Peut-être une coïncidence avec l’agenda de Patrice Talon sur la décrispation politique. Toujours est-il que de plus en plus tout concourt à l’accalmie avant les prochaines Législatives. C’est de bonne guerre.
Ils sont au total 126 à avoir bénéficié d’une libération conditionnelle au titre du deuxième trimestre de l’année 2022 pour le compte de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). C’est un arrêté en date du 6 août 2022 signé par le Garde des sceaux, ministre de la Justice, Séverin Quenum, que la nouvelle a été rendue publique. Selon l’article 2 de l’arrêté, « l’exécution de cette mesure est subordonnée, pour les personnes condamnées pour crimes et délits économiques commis au préjudice de l’État, des établissements, offices et sociétés publics, ainsi que des collectivités territoriales, au remboursement et au règlement des sommes mises à leur charge ». Ce qui veut dire, en quelque sorte, que ces 126 personnes ne sont pas encore totalement sorties d’affaire. La particularité de cette libération, c’est la présence parmi les détenus libérés, de l’homme d’affaires Bernard Godonou Kikisagbé, alias « Kgb ». Pour ceux qui maîtrisent bien la chose politique au Bénin, par un passé d’avant l’avènement du régime Talon, « Kgb » était le bras financier de beaucoup d’acteurs politiques. Mais dans le cas d’espèce, c’est pour tout autre cause qu’il a été arrêté. L’homme d’affaires béninois aurait escroqué deux hommes d’affaires étrangers. Le ministère public avait requis contre lui, un emprisonnement ferme de 04 ans, pour les différentes infractions à lui reprochées. Le juge a choisi d’alourdir la sentence en le condamnant à cinq ans d’emprisonnement ferme et 5,5 milliards de francs Cfa pour les intérêts civils.
L’assainissement de la vie politique
Lorsque l’affaire a éclaté, l’homme d’affaires a réussi, dans un premier temps, à s’extirper des mailles de la Police et à se réfugier au Togo. Un mandat d’arrêt international avait été décerné à son encontre, ce qui a permis son interpellation le 31 mai 2019 à Lomé. Il a été extradé au Bénin le 16 juillet 2018. Ainsi, la décision de sa libération vient surtout mettre fin à une polémique inutile contre le régime Talon. Vu le passé sulfureux de « Kgb », et ses nombreuses accointances et amitiés avec les hommes politiques, beaucoup supputaient une arrestation ciblée. Des rumeurs renforcées par la participation de Barnabé Kikisagbé à un meeting politique important à Djeffa, à l’époque dans le giron de Sébastien Ajavon. Malheureusement, rien de tout ceci ne paraît exact, ni d’ailleurs solide au regard de l’actualité et de l’évolution des faits.
Certes, « Kgb » a peut-être manqué ces derniers temps à ses amis politiques. Mais la politique au Bénin semble avoir tourné dos aux pratiques immorales et peu orthodoxes. Le milieu politique doit être complètement assaini, et les pratiques doivent davantage être placées sous une meilleure éthique. Finis les temps ou les richissimes infectaient la politique par des financements occultes.
Les partis politiques sont désormais financés, selon la révolution constituée par la réforme du système partisan. Il faut donc s’en orgueillir et s’en prévaloir. Il en va de la responsabilité des politiques, qui se doivent désormais de travailler plus ou moins de façon autonome, sans pression de quelque nature ou forme, au profit des intérêts supérieurs de la population et du pays. Du moins, si l’on veut construire une nation responsable, durable et prospère.
L’ayant vu à l’œuvre depuis un certain temps, on devine que c’est vers cet objectif que sont orientées les réformes du président Patrice Talon. Il ne reste qu’à lui souhaiter beaucoup de succès d’ici 2026.
Jean-Paul Mahugnon