Malgré les nombreuses mesures prises par le gouvernement contre la cherté de la vie et pour soulager les populations, les syndicats ne l’entendent pas toujours de cette oreille. Lors d’un meeting le vendredi 26 août 2022 à la Bourse du travail à Cotonou, les différents leaders syndicaux se sont illustrés dans leur exercice favori.
Dans un contexte de crise mondialisée et de vie chère due à la crise russo-ukrainienne, le gouvernement n’est pas resté sans rien faire. Au contraire, depuis la crise du Covid-19, de nombreuses mesures gouvernementales sont venues soulager les populations. Ce que les leaders syndicaux semblent avoir totalement oublié. Sous la férule de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), ils ont le vendredi 26 août 2022 à la Bourse du travail à Cotonou, pris le contre-pied de la logique gouvernementale, et exposé divers arguments qui militent pour une augmentation des salaires, et la mise en œuvre du nouveau taux de Smig. Pour eux, la croissance économique enregistrée ces dernières années est indéniable, d’où l’exigence, chiffres à l’appui, d’un meilleur partage des richesses. « De 3,3% en 2016, le taux de croissance est passé à 5,7% en 2017, 6,7% en 2018; 6,9% en 2019 et 7,2 % en 2021. La seule baisse sur la période est intervenue en 2020 où le taux était de 3,8%. Soit une croissance cumulée de 33,6% en 6 années du pouvoir de la rupture. Autrement dit, les Béninois, des plus insignifiants aux plus en vue ont produit de la richesse. Les Béninois sont en train de devenir progressivement des citoyens modèles en matière de paiement des taxes et impôts car sur la même période, les recettes internes collectées sont passées de 745,7 milliards en 2026 à 944,4 milliards en 2017, 1028,6 milliards en 2018, 1088,0 milliards en 2019.
Face à tout ce qui a été décrit plus haut, ne devons-nous pas poser légitimement certaines questions au gouvernement ? », s’interroge la déclaration qui a sanctionné la rencontre. Par ailleurs, la déclaration rappelle les satisfécits décernés par les organismes internationaux sur la solidité de l’économie béninoise, qui semble ne s’être mieux portée que jamais : « L’agence internationale de notation financière Standard & Poor’s a maintenu en 2022 la notation de B+ attribuée à la République du Bénin, avec perspective stable. Cette décision atteste de la qualité des fondamentaux économiques du pays, et de sa résilience face à la crise du Covid-19 et à la guerre russo-ukrainienne; Standard & Poor’s souligne en particulier les solides perspectives de croissance, portées par les réformes ambitieuses du gouvernement, malgré un contexte économique mondial dégradé. En effet, après avoir préservé le dynamisme de son économie en 2020, avec une croissance de 3,9% selon Standard & Poor’s, le Bénin a enregistré une reprise économique très marquée en 2021, à +7,2%, soit l’une des meilleures performances de la région. La croissance devrait se maintenir à un niveau élevé à moyen terme, et atteindre 6,3% en moyenne sur la période 2023-2025, en dépit de la guerre russo-ukrainienne dont l’exposition directe du Bénin est jugée limitée. »
Des propositions alternatives ?
Du coup, les leaders syndicaux posent des questions : « Le partage des fruits de l’effort commun ne concerne-t-il que les membres de l’appareil d’État ? Pour quelles raisons les mesures économiques et sociales annoncées en mars dernier pour une durée limitée de trois mois n’ont-elles pas été reconduites? Où se trouvent les dispositifs et les agents soi-disant déployés par le ministère du Commerce pour exercer le contrôle des prix sur les marchés?Au nom de quelle logique de marché, le prix du ciment doit-il être différencié selon les départements ? Qu’est-ce qui bloque à la date de ce jour, la prise et la publication du décret qui consacre l’augmentation du Smig ? La situation de vie chère n’appelle-t-elle pas de la part du gouvernement cet effort minimum pour accéder à la doléance des organisations syndicales en faveur des Ame ? ». Autant de questions qui résument l’état d’esprit des syndicats. Mais, si on ne peut, à juste titre d’ailleurs, leur dénier le droit de revendiquer, on peut aussi leur opposer les exigences auxquelles sont confrontés les gouvernants. A ce propos, on peut aussi leur rappeler tout ce que le gouvernement fait depuis 2016, pour changer la vie des Béninois, et leur démontrer la nécessité de garder le juste équilibre. Il s’agit, entre autres, des cantines scolaires, la construction de nombreuses infrastructures, la mise à disposition de l’électricité et de l’eau potable sur toute l’étendue du territoire national, les nouveaux stades construits, le recrutement des Ame pour réduire le taux de chômage, les recrutements à Glo-Djigbé industrial zone (Gdiz), la construction de nouveaux marchés, pour ne citer que cela. Toutes choses qui, même si elles relèvent du pouvoir régalien de l’Etat, constituent une avancée certaine, et justifient en partie les sacrifices imposés par le gouvernement. Certes, il est à souhaiter qu’au plus tôt, les « ceintures soient desserrées », pour un mieux-être des Béninois. Pour cela, on ne peut qu’attendre les propositions alternatives des syndicats, ou dans une certaine mesure, celles de l’opposition.
Jean-Paul Mahugnon