Marlise Todédjrapou, vice-présidente du parti Le Libéral, sur Richard Ouorou : « Sa détention nous cause énormément de dommages »

Marlise Todédjrapou, vice-présidente du parti « Le Libéral » en charge de la mobilisation et des affaires féminines, s’est prêtée à nos questions sur la détention du président Richard Ouorou. Sans commenter les faits pendants devant la justice, elle a assuré que le président a tout le soutien des membres du parti dans cette situation difficile humainement. Tout en faisant confiance à la justice pour la suite de la procédure, elle précise que sa détention cause énormément de dommages et laisse des milliers de militants en situation d’orphelins ou des troupeaux sans berger. Lire son interview.

Le Matinal : Vous avez un rôle important au sein du parti, comment se porte aujourd’hui votre parti après la tempête médiatique que l’arrestation de votre président a suscitée ?

Marlise Todédjrapou: Dans la vie de tous les jours, il y a des situations auxquelles on est confronté. En politique, les scandales aussi ne manquent pas et la vie d’un parti politique est faite de hauts et de bas. C’est la capacité de ses membres à gérer les situations délicates ou difficiles comme celle dans laquelle s’est retrouvée notre président Richard Boni Ouorou, malgré lui, qui fait grandir le mouvement et permet de tirer les enseignements nécessaires pour l’avenir. Ce que je veux vous dire est simple : la tempête actuelle de notre président ne nous détourne pas du fondement de notre parti, c’est-à-dire, œuvrer et contribuer à l’amélioration de la vie des béninois et du développement du Bénin, comme l’a véritablement amorcé le Président de la République, son Excellence Patrice Talon.  

Parlant de fondement, quelles sont alors les raisons qui ont fondé votre parti, est-ce pour libérer notre pays comme son nom l’indique ?

En réalité, nous n’avons pas la prétention de libérer le bénin, c’est une vue de l’esprit même. Si à travers les réformes structurelles qu’il a mis en œuvre, le Président Patrice Talon a amorcé la libération de notre pays aussi en assainissant l’espace politique, en amenant les béninois à croire que quelque chose de bon est possible, par notre effort et notre engagement collectifs, notre président Richard Boni Ouorou le résume si bien lorsqu’il dit que Patrice Talon est un « modèle » à suivre et à pérenniser pour le bonheur et la prospérité de notre pays, dans bien de domaines.

Pourtant il se dit que vous êtes de l’opposition ?

Je pense que sur la question, le président de notre parti a été assez clair, le terme opposition ne concerne pas notre parti pour la simple raison que cette opposition restera que de nom, parce que nous n’avons pas encore été devant les électeurs pour un scrutin à l’issue de laquelle on pourra se fixer. C’est pour cela que le parti a gardé une neutralité, même si avant la déclaration administrative définitive du parti, sous l’égide du Président Richard Boni Ouorou, nous avions engagé des discussions avec des formations politiques, qui sont pour la plupart des partis politiques de la majorité présidentielle, en vue des élections de 2026. Nous ne sommes donc pas des opposants au régime du Président Talon et plusieurs fois pour ceux qui écoutent vraiment le président Richard Boni, ce dernier a pris position pour le modèle que le Président Patrice Talon imprime et a trouvé les bons mots pour qualifier surtout dans le domaine économique les bonnes prouesses de notre pays et son admiration pour les transformations infrastructurelles que notre pays a connues. Par conséquent, le Président Richard Boni Ouorou n’est pas opposant, je ne suis pas opposante et notre parti n’est pas membre de l’opposition.

Vous dites que vous n’êtes pas membre de l’opposition et je vous crois. Mais votre président a toujours gardé une position ambiguë vis-à-vis du régime. Que pensez-vous de ce comportement ?

J’ignore ce que vous appelez position ambiguë, mais notre Président a toujours été clair : contribuer à l’efficacité des politiques publiques par une critique constructive et parfois féliciter le gouvernement quand il fait bien les choses. C’est peut-être cette honnêteté que vous appelez position ambiguë. Cependant, il n’a jamais été question lors des réunions au sein des instances du parti que nous basculions dans l’opposition, car, le faire, c’est s’opposer au bien être individuel et collectif des béninois, chose que nous défendons au quotidien à travers notre idéologie du libéralisme. Je vais vous répéter ce que notre président avait déjà dit sur le plateau d’une chaine de télévision de notre pays, et je serai d’ailleurs plus précise : L’opposition incarnée par le parti les démocrates n’aura pas le soutien de notre parti le Libéral, encore moins celui des centaines de milliers de jeunes qui se retrouvent dans le modèle politique novateur que nous incarnons.

Les Béninois ont connu votre président dans l’opposition avant son arrivée au bénin en 2024. Qu’est-ce qui a changé ?

Déjà notre président n’a jamais milité dans un parti dit d’opposition ces dernières années. Critiquer les actions d’un gouvernement ne fait pas de quelqu’un un opposant, encore que le Président Richard Boni Ouorou a toujours été dans la critique constructive avec à la clé des propositions à chaque fois. Cependant, les idées politiques sont certes une constante, mais une constante dynamique afin de s’adapter aux faits politiques et sociaux. Mais comme il aime le dire lui-même, quand vous êtes à l’étranger, les informations qui vous parviennent sont souvent de peu de bonne foi afin de susciter votre intérêt pour un tel ou un autre évènement selon que cela sert les intérêts de vos interlocuteurs. C’est bien heureux que le président soit rentré et qu’il se mette à jour lui-même sur les faits, et comprenne les motivations de ces anciens interlocuteurs. Dès lors, il a modéré ses propos et à ce sujet, la modération n’est pas une lâcheté mais une hauteur d’esprit et notre président sait prendre de la hauteur. Je tiens à préciser que toutes les critiques qu’il a eu à formuler étaient des contributions pour améliorer les politiques publiques. Il n’a jamais été question de critiquer pour critiquer ou de critiquer par les attaques personnelles ou les insultes. Il n’a jamais nourri d’animosité envers le Président Talon, et ce n’est d’ailleurs pas de sa nature d’homme que nous autres connaissons.

Votre président est en ce moment en détention provisoire. Que pensez-vous des faits qui lui sont reprochés ?

Je ne peux malheureusement pas commenter des faits pendants devant la justice, mais notre président a tout notre soutien dans cette situation difficile humainement et nous faisons entièrement confiance en la justice pour la suite de la procédure, même si sa détention nous cause énormément de dommages et laisse des milliers de militants comme des orphelins ou des troupeaux sans berger. Nous espérons vivement sa libération rapide, même sous condition, car c’est une situation qui doit sans doute être difficile pour sa famille et ses enfants.

Quel est votre avis sur la question de la moralité dans le milieu politique ?

Sur tout notre parcours, nous n’avons jamais cherché à enfreindre les règles de la République. Le président Ouorou n’a de cesse répéter qu’en tout temps que le citoyen doit présumer de la bonne foi des dirigeants et des autorités, rechercher la paix et la justice. Nous sommes un parti de jeunes de divers horizons et nous devons être un modèle.

Votre président est donc un modèle ?

Bien sûr que, pour nous, pour son engagement désintéressé et son volontarisme extraordinaire. Tous ceux qui l’ont approché vous diront que c’est une bonne personne. Avant de finir, parlez-nous de la position de la femme au sein de votre parti et votre vision en ce qui concerne la promotion du genre en politique.

Il y a deux façons de comprendre notre politique en faveur de la promotion de la femme au sein de notre parti, l’une est de suivre les actions de notre Président au profit des coopératives de femmes, l’autre est de voir comme le parti fait confiance aux femmes qui décident de militer, je peux vous dire que j’en suis un exemple. Je suis une femme, jeune et vice-présidente de l’un des plus grands partis en devenir dans notre pays. Que vous faut-il d’autre ?

Mais c’est le lieu aussi de féliciter une fois encore la réforme sur le genre du Président Patrice Talon, qui a permis la mise sur pied de l’institut de la femme, qui lutte avec acharnement contre les violences que subissent les femmes dans notre société. Un mécanisme qui renforce et protège la femme et qui stabilisera aussi notre pays parce qu’il n’y a pas d’avenir dans un pays où les droits de la femme sont bafoués et le Président l’a vite compris mais au-delà, c’est un message fort que le président a envoyé aux auteurs des violences mais aussi aux jeunes filles, que l’État est à leur côté, et pour cela, le Président Talon et son gouvernement sont à féliciter.

Votre mot de fin ?

Je vais simplement dire aux militants et militantes du parti Le Libéral que la vision de notre parti reste la même, l’objectif de contribuer au bien-être individuel et collectif des béninois n’a pas changé, et que notre formation politique doit poursuivre les raisons de sa naissance. Je les invite à continuer à travailler sur le terrain pour cet idéal mais aussi et surtout pour les échéances à venir. Je rappelle qu’actuellement nous menons des débats à l’interne sur notre orientation future et une tendance claire se dégage que je réserve d’abord jusqu’à la fin de nos travaux au sein du parti.  

Propos recueillis par Abdourhame Touré