L’Armée béninoise a subi des attaques terroristes à Porga et à Banikoara. Dans une lettre ouverte adressé au chef de l’Etat, Patrice Talon, Dr Juste Codjo, professeur de sécurité internationale à New Jersey City University, fait part de son expérience et rappelle les défis sécuritaires à relever.
De son expérience de praticien et d’enseignant-chercheur en matière de gestion sécuritaire, Dr Juste Codjo, ressort cinq points qu’il juge nécessaires de garder à l’esprit lors de la conception et de la mise en œuvre des plans de prévention et de lutte anti-terroriste. Pour lui, dans sa lutte contre le terrorisme, le Bénin doit s’appuyer sur les leçons utiles des expériences d’autres pays. Du fait que l’environnement sécuritaire des Etats confrontés au terrorisme est souvent fragile, problématique, compliqué et indécis, il recommande le pragmatisme et la vigilance comme boussole stratégique qui doit guider les actions. Par ailleurs, derrière chaque attaque terroriste se cache un message. Et donc, la capacité du Bénin à décrypter ces messages est indispensable à la lutte contre le terrorisme et demande « des expertises pointues en matière d’analyses stratégiques ». Un autre aspect à ne pas négliger, c’est la veille à faire pour que les ressources allouées à la lutte atteignent les destinataires et ne soient pas détournées à d’autres fins. Le chemin qui relie le président de la République aux positions des soldats déployés dans une forêt à cheval entre trois pays souverains, ajoute-t-il, est un circuit parsemé de cavités érigées « à divers niveaux de l’administration publique aux fins d’engloutir tout ou partie des ressources avant qu’elles ne puissent atteindre leur destination ». Il est ainsi nécessaire « de veiller à ce que les troupes déployées entrent en possession, dans les délais requis et dans les proportions adéquates, des moyens qui leur sont destinés ». Pour preuve, le professeur indexe le cas actuel du Burkina Faso. Au pays des hommes intègres, de récents soulèvements sociaux dénoncent des déficits de ravitaillement des troupes déployées au front. Cela devrait inspirer les autorités béninoises à ériger des garde-fous conséquents. Dr Juste Codjo recommande d’admettre que « la menace terroriste dans notre sous-région persistera encore pour plusieurs décennies ». Il faut donc travailler à accroître la résilience du peuple. : Ce qui demande à l’Etat de se doter d’un « plan solide de communication stratégique sur la menace et les actions de l’Etat ». Donc, il n’est pas du tout bien de se muer dans un mutisme. Pour finir, le docteur trouve que l’une des priorités des actions de l’Etat béninois dans cet environnement sécuritaire doit « consister à réduire nos vulnérabilités, surtout en rapport avec la cohésion nationale et le moral des Fds (Forces de défense et sécurité) ».
Wilfrid Noubadan