Alors que les autres partis ont opté pour la mobilisation de masse dans la perspective des prochaines élections législatives, le parti « Les démocrates » a choisi une stratégie plus fignolée en allant vers de grandes figures politiques (Yayi et Soglo) en vue d’obtenir leur soutien. La stratégie ne manque pas de pertinence mais pourrait s’avérer inopérante pour plusieurs raisons.
Après l’ancien président Boni Yayi qui a reçu à son domicile, le 30 novembre dernier, le président du parti « Les démocrates » Eric Houndété et sa suite, c’est au tour de Nicéphore Dieudonné Soglo, premier président de l’ère du renouveau démocratique, d’accueillir hier, mardi 6 décembre 2022, le premier responsable du parti « Les démocrates ». L’objet de cette visite qui est loin d’être anodine et sans intérêt, est la présentation du récépissé définitif au patriarche. L’alibi est bien choisi pour appâter « le vieux » après Boni Yayi qui a profité de l’occasion pour réitérer son soutien au parti de l’opposition. En effet, il s’agit ni plus ni moins d’une opération de charme du parti à l’endroit de l’ancien président de la République. S’il est loisible au parti présidé par Eric Houndété de trouver toutes les stratégies politiques possibles pour engranger le maximum de sièges à l’issue des prochaines joutes électorales, il ne serait cependant pas superflu d’apprécier la portée de cette démarche et d’analyser le gain substantiel que la formation politique pourrait en tirer. Quoi qu’on dise, Boni Yayi et Nicéphore Dieudonné Soglo restent deux grands cadors de la politique béninoise. Pour avoir présidé aux destinées du pays, ces deux hommes d’Etat restent encore des personnalités assez populaires auxquelles une frange de la population continue de vouer admiration et sympathie. A ce titre, les deux chefs d’Etat pourraient bousculer les lignes au profit du parti « Les démocrates » qui, dans une certaine mesure, est en phase avec quelques-uns de leurs désidérata à savoir la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés politiques et autres. Mais ce que les Démocrates semblent oublier dans leur ambition d’appâter les deux figures emblématiques de la politique béninoise, est qu’elle ne peuvent plus, pour plusieurs raisons, mouiller véritablement le maillot pour leur compte sur le terrain. En effet, le poids de l’âge et les nouvelles donnes politiques pourraient jouer contre le parti de l’opposition radicale dans cette quête désespérée de l’héritage électoral, voire politique de Yayi Boni et de Nicéphore Soglo. La plus grande erreur de Eric Houndété et des siens serait de penser, comme ils semblent le soutenir, que tout est déjà acquis avec le soutien de ces deux personnalités dont beaucoup d’autres acteurs politiques revendiquent également l’héritage politique.
Abdourhamane Touré