Dans un entretien exclusif qu’il a accordé à Le Matinal, Pierre Hinvi, président de la Fédération béninoise de boxe (Fébéboxe), évoque la situation de l’ancienne gloire de la discipline Nazaire Padonou qui a taxé la fédération de l’avoir rangé aux oubliettes malgré tout ce qu’il a fait pour le rayonnement de la boxe au Bénin. Lire ses propos.
Le Matinal : L’ancien boxeur Nazaire Padonou a-t-il saisi la Fédération béninoise de boxe de sa situation et comment avez-vous géré son dossier ?
Pierre Hinvi : Nous n’avons reçu aucun courrier dans ce sens et nous sommes au courant grâce aux réseaux sociaux qui veulent saboter entre griffes le nom de la fédération qui n’en est pour rien. La seule fois où j’ai eu rencontré l’intéressé (Nazaire Padonou Ndlr) c’était à la suite d’une émission radio dont j’étais l’invité où il a certainement eu écho de ma voix. Toujours en quête de Sos. Et en ce moment, il m’avait parlé de sa moto qui avait une panne. Et lorsque j’ai quitté la radio, je lui ai envoyé de l’argent par le biais de son homologue Fulbert Sodjinou, champion d’Afrique lui aussi. Depuis ce temps, je ne l’ai plus jamais rencontré. Cette action date de vers la fin de l’année précédente.
En dehors de ce geste personnel, il y a-t-il eu une action de la fédération à l’endroit de l’ancienne gloire ?
Nazaire Padonou est un boxeur professionnel qui ne dépend pas de la fédération. Et donc, il est un boxeur indépendant. S’il a été à plusieurs reprises champion d’Afrique, c’est parce qu’il a eu autour de lui des entraîneurs, des promoteurs, qui lui ont trouvé des combats. Et cela ne concerne pas du tout la fédération. Un boxeur indépendant est un boxeur qui fait du business avec son entourage. Et donc à priori, si on doit saisir quelqu’un pour demander à faire parler le cœur, on pourrait interpeller Monsieur Hinvi à faire du social pour lui. Mais dans le cas d’espèce, on ne peut jamais interpeller la fédération.
Bien qu’il soit boxeur indépendant, il reste une gloire de cette discipline au Bénin qui a honoré la fédération par les succès qu’il a eus au plan continental. Si on considère cet aspect, est-ce que la fédération n’est pas en droit de lui retourner l’ascenseur ?
Malheureusement, nous n’avons pas été saisi. Il faut que nous soyons saisi. En dehors de tout ce que chacun peut faire au niveau du comité exécutif, et parce que nous sommes béninois, même si nous n’avons pas assisté à tous ses combats, nous avons eu écho de cela et parce que ce n’est pas en mon temps qu’il y a eu tout cela c’est difficile de réagir. Et donc je crois que je ne saurais être associé à sa peine d’aujourd’hui dans la mesure où les choses n’ont pas bien été organisées comme ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui. Nous sommes en train de mettre les petits plats dans les grands dans notre système aujourd’hui. Ce qui diffère de l’ancien système. Et donc, nous sommes en pleine restructuration, en pleine réforme, au sein de la fédération. À l’image de la ligue professionnelle qui sera désormais en place. Et donc, la fédération s’occupera des boxeurs amateurs et ceux professionnels seront pris en charge par la ligue professionnelle. Nous sommes en train de travailler sur les statuts de cette ligue professionnelle pour qu’elle soit en collaboration avec la fédération. Après cela, il y aura des statuts à tous les niveaux. Notamment au niveau des boxeurs amateurs, professionnels, néo-professionnels. Au niveau du promoteur, de l’entraîneur, des matchs-maker (organisateur de match), c’est l’absence de cet état de chose qui faisait que n’importe qui s’autoproclame promoteur. Or, un promoteur c’est celui qui prend en charge le boxeur, il veille sur santé, son logement, sa nutrition, sa famille, et organise les galas avec les matchs-maker. En somme, c’est toute une équipe qui est montée dans le but de promouvoir le boxeur et la fédération n’a rien à voir avec cela. Avec les textes qu’on est en train de mettre en place, tous les boxeurs seront désormais écoutés par la ligue et un championnat professionnel de boxe sera organisé pour la première fois au Bénin. Par rapport à la situation de Padonou, tant que le boxeur n’a pas le bon comportement et paraît sur les réseaux sociaux pour vilipender la structure, on ne pourra jamais lui accorder quoique ce soit. Il n’a qu’à s’en prendre à lui-même.
Quelles sont aujourd’hui les relations qu’entretient la Fébéboxe avec les anciennes gloires de la discipline?
Nous sommes en pleine restructuration, et les anciennes gloires sont pour la plupart, des professionnels. Et la ligue professionnelle de boxe vient d’être mise en place. Nous ne pourrons rien faire si les statuts de cette ligue ne sont pas encore bien en place. De toutes les manières, nous sommes en train d’évoluer vers une réforme majeure où les promoteurs des boxeurs seront des sociétés sportives afin d’éviter d’avoir des gens qui s’autoproclament promoteurs et qui n’ont pas de moyens. Et on sera à un niveau où avant de monter sur un ring, on aura les informations sur le boxeur notamment sur la nature du contrat et le montant. Tout cela pour éviter d’avoir de faux promoteurs qui s’enrichissent sur le dos des boxeurs en organisant des combats à l’extérieur. Et bientôt, une tournée sera faite dans ce sens pour que la gabegie puisse cesser. Il s’agira d’assainir le milieu et voir comment ramener les anciennes gloires si elles nous donnent l’occasion.
Propos recueillis par Gabin Goubiyi