Nicéphore Soglo a récemment démenti les allégations faisant état de déboires qu’il aurait subis dans la quête d’un rendez-vous avec l’actuel chef de l’Etat. Mais plutôt que de rester dans le strict registre de sa note, l’ancien président de la République a, comme à son habitude, fléché la gouvernance Patrice Talon qu’il accuse d’avoir créé des misères à ses deux fils Léhady et Ganiou, seuls noms cités dans le communiqué. Une attitude qui révèle que tout le combat que mène le patriarche n’est, en réalité, orienté que dans l’intérêt de sa progéniture.
Point besoin de sortir de Jupiter pour décrypter le message que véhicule le dernier communiqué du président Nicéphore Soglo : obtenir le retour de ses fils Léhady et Ganiou au pays et rien d’autre. La note prétendument être un simple démenti a pris l’allure d’un réquisitoire contre le régime. Comme à l’accoutumée, le président Nicéphore Soglo s’est fendu de ce communiqué pour régler ses comptes avec celui qu’il considère, à tort ou à raison, depuis quelques années, comme le bourreau de sa famille. Certains extraits du communiqué sont suffisamment illustratifs de l’aversion que nourrit le patriarche pour l’actuel chef de l’Etat, Patrice Talon dont il a pourtant soutenu la candidature et porté à la victoire à l’élection présidentielle de 2016. A la vérité, tout le combat de l’homme se résume à l’arrangement de la situation de ses deux fils. Morceaux choisis : « La situation politique dans notre pays est irrespirable. Mon fils Ganiou Soglo a échappé miraculeusement à la mort….Son frère aîné Léhady Soglo, qui m’a succédé à la mairie de Cotonou, est à présent en exil à Paris. La liste des opprimés est longue » a dégainé le premier président de l’ère du Renouveau démocratique dans sa note. Poursuivant son réquisitoire, l’ancien maire de la ville de Cotonou allègue qu’« Il est inadmissible que dans le pays de la célèbre conférence nationale souveraine de février 1990, qui a fait reculer un temps la Francafrique, soit devenu un bagne de la scène de tous les coups fourrés ». En passant ces propos au scanner de l’analyse, l’on se rend à l’évidence que le président Soglo a la dent dure contre Patrice Talon. Depuis que le chantre du Nouveau départ a décidé de taper dans la fourmilière de la mairie de Cotonou, Patrice Talon est rentré dans le collimateur de celui qu’il a toujours considéré comme son père. Le péché mignon commis par Talon est d’avoir décidé de voir clair dans la gestion de la mairie de Cotonou, à l’instar d’autres municipalités ou communes du pays. Depuis qu’il a osé s’attaquer à cette citadelle considérée comme une chasse gardée de la famille Soglo depuis le régime de Mathieu Kérékou, le froid et la mésintelligence se sont installés entre Talon et Soglo. Pour ce dernier, le chef de l’Etat est quasiment devenu une bête à abattre. Au moyen de chroniques et de déclarations publiques, Patrice Talon est fréquemment livré à la vindicte populaire, présenté parfois comme le meurtrier de l’ancienne première dame Rosine Soglo. L’on pensait que le rapprochement entre les deux hommes actés par les rencontres de février et juin 2022 permettrait d’aplanir les divergences mais c’est sans compter avec la malice du patriarche pour qui, aucune paix n’est négociable avec Talon s’il n’accède à ses desiderata : faire revenir d’exil son fils Léhady. Les appels au retour des exilés ou à la libération de Réckya Madougou et Frédéric Joël Aïvo ne sont en réalité que du maquillage pour embrouiller l’opinion. Que Léhady sorte du bourbier reste la seule motivation du combat de Soglo. Le sort des autres importe peu.
Soglo doit être au-dessus de la mêlée
L’ancien président Nicéphore Soglo a intérêt à débiaiser son soi-disant combat pour la restauration de la démocratie. En donnant le sentiment de prêcher uniquement pour sa paroisse, Soglo projette un sentiment d’ingratitude vis-à-vis de ce peuple qui lui a pourtant tout donné. En vouant aux gémonies ou en sabotant les efforts de ses prédécesseurs, Nicéphore Soglo donne le sentiment d’être aigri des succès de ses derniers. La belle preuve en est qu’il s’est toujours opposé aux régimes qui se sont succédé depuis qu’il a perdu le pouvoir en 1996. Tenter de présenter ses successeurs comme des traitres et des dictateurs, et les livrer presque à la vindicte populaire est une manière abjecte de jouer au narcissisme et montrer qu’il est le meilleur président de l’ère du renouveau démocratique. Sa cabale contre Patrice Talon frise une certaine jalousie. Soglo ferait mieux d’œuvrer véritablement et sans fard pour l’unité et la cohésion nationales. De sa position, et vu que le pays lui a tout donné, Nicéphore Soglo doit se mettre au-dessus de la mêlée. Il doit œuvrer pour la consolidation de certains acquis plutôt que d’œuvrer à la division. Ne pas jouer franc jeu et n’œuvrer que pour son intérêt, décrédibilise et salit fortement l’image du premier président de l’ère du renouveau démocratique.
Abdourhamane Touré
Il faut que cesse la moquerie !
Nicéphore Soglo et ses enfants ne sont pas les seuls au Bénin. Lui-même a été Premier ministre puis président de la République. Sa feue épouse a été longtemps députée à l’Assemblée nationale. Léhady Soglo, son fils chéri a été, après ses fonctions aux côtés de son père à la Présidence de la République, premier adjoint au maire, puis maire de la ville de Cotonou. Ganiou Soglo, l’autre fils du président Soglo, a été longtemps, ministre de la république.
Maintenant que l’opposition agite un sujet relatif à des citoyens en conflit avec la loi, l’ancien chef d’Etat béninois pond un communiqué dont il est difficile de déceler le message clair à faire passer pour ne citer que les noms de ses deux fils.
Tout comme les responsables et partisans du parti « Les démocrates », la situation des milliers d’autres Béninois qui croupissent en prison n’intéresse visiblement pas le président Soglo. Le cas des autres citoyens qui ont fui la justice, à l’instar de Léhady Soglo pour se cacher ailleurs ne semble pas préoccuper l’ancien président. A lire son communiqué, c’est à croire que Léhady Soglo vaut à ses yeux plus que Komi Koutché, Valentin Djènontin et consorts. La vie de Ganiou Soglo est certainement plus importante que celle de Martin Assogba qui a malheureusement essuyé dans ce pays, il y a quelques années, des coups de fusils. Evidemment ! Il s’agit de ses enfants.
Et c’est là que se pose le problème de la crédibilité à accorder à ceux qui font croire qu’ils mènent des luttes politiques dans ce pays. Ils crient et font tout. Mais à la fin, on se rend compte que la lutte n’avait rien d’objectif, ni de patriotique. Il s’agit d’intérêts personnels. Les acteurs politiques de l’opposition béninoise doivent prouver la crédibilité de leurs actions.
Le faux général Faléti croupit en prison depuis quelques années, à l’instar de plusieurs autres jeunes ayant commis des actes repréhensibles lors des élections de 2021 au Bénin. Nous n’avons pas encore lu ou entendu de la bouche d’un seul leader de l’opposition citer leurs noms ou demander leur mise en liberté, tel que cela se fait pour Madougou et Aïvo depuis quelques semaines.
C’est donc clair qu’au sein de cette opposition, il y a les uns et il y a également les autres.
Et comme dans leur lutte, le parti « Les démocrates » n’a pas insisté sur les cas Léhady et Ganiou, leur géniteur, le président Soglo sort un communiqué spécial dans lequel figurent leurs noms.
Tant pis pour les autres prisonniers et exilés dont les parents ne sont pas, soit ancien président de la République, soit député à l’Assemblée nationale.
A.T