Gouverner, c’est choisir. Choisir, c’est exclure. En responsabilité, le dirigeant est constamment confronté à des choix. Privilégier une telle politique publique à l’autre, c’est choisir. Préférer un cadre à un autre pour occuper tel poste, c’est choisir. Décider que telle localité aura l’électricité en priorité à telle autre, c’est choisir. La conséquence de ces choix, c’est l’inclusion, mais c’est aussi l’exclusion. Les populations qui se sentent impactées diront qu’elles ont été prises en compte. Les autres diront bien évidemment qu’elles ont été exclues.
Candide Azannai a préféré Guy Mitokpè pour siéger à l’Assemblée nationale parce qu’il a certainement estimé qu’il avait les compétences pour bien le job. En le faisant, il l’a préféré aux caciques de l’époque qui étaient tout aussi diplômés et certainement plus expérimentés que le jeune homme. Choisir, c’est exclure. Yayi Boni tout bon qu’il était dans son populisme n’était pas aimé de tout le monde surtout de certains de ses frères qui ont estimé qu’il n’a rien fait pour leurs localités. Pourtant, ce président pensait si bien faire en courant dans tous les sens pour chercher du financement et mettre en œuvre ses politiques. A un moment donné, il a été confronté à des choix qui ont sûrement avantagé certaines localités au détriment d’autres. Gouverner, c’est choisir. Choisir, c’est exclure.
Quand on a 10 pains pour 100 personnes, il est évident que certains n’auront pas. Ceux-là s’en prendront au distributeur du pain qui de bonne foi, a fait son travail. Il a certainement tant voulu au nom de la fraternité, donner à tout le monde, mais il n’a pas eu le choix que de préférer certains à d’autres. Gouverner, c’est choisir. Choisir, c’est exclure.
Quand par un décret, Donald Trump a saccagé la vie de beaucoup d’employés du monde, il a sans doute fait ce qui pour lui, est méritoire pour son pays. Il vous dira qu’il a été amené à faire le bon choix, sauf que des milliers d’hommes et de femmes sont exclus. Gouverner, c’est choisir. Choisir, c’est exclure.
Quand vous avez votre société et qu’au nom de l’efficacité vous vous débarrassez des employés inefficaces, vous avez certainement pris la bonne décision pour votre structure qui a explosé en performances, mais quelque part, vous avez exclu des familles. Gouverner, c’est faire des choix. Faire des choix, c’est exclure.
Et le dirigeant en position de responsabilité est confronté constamment à ces choix. Préférer X, exclure Y. Préférer telle décision au détriment de telle autre. Peser, soupeser, écarter, exclure.
Combien de fois le dirigeant n’a pas été obligé d’orienter tel projet dans telle localité au détriment de telle autre en raison des priorités et des besoins pressants des populations ? Combien de fois il n’a pas mis en veilleuse la construction de telle infrastructure routière, aéroportuaire, sanitaire, éducative au profit de telle autre au regard d’un certain nombre de paramètres et de choix ? Gouverner, c’est choisir. Dans un contexte où les besoins s’amoncellent et les ressources sont rares, le chef de famille est constamment amené à faire des choix cornéliens complexes. C’est cela gouverner.
Géraud Djidjoho (Coll)